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Comment vivaient nos ancêtres

Comment vivaient nos ancêtres

Titel: Comment vivaient nos ancêtres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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journées », c’est-à-dire selon que l’on est en été ou en hiver. Soit une moyenne de 20 lieues par jour ou, si vous préférez, de 90 km. M. Turgot, alors aux Finances, va s’attacher à améliorer les conditions de voyage, entre autres le perfectionnement des voitures (d’où la création de la « turgotine »). Le résultat est spectaculaire. Paris-Bordeaux peut se faire en cinq jours au lieu de dix, et plusieurs grandes villes, dont Amiens, Rouen, Orléans, Reims, sont reliées à la capitale en un jour au lieu de deux ! Évidemment, cette turgotine est chère, à 20 sols la lieue (contre 18 en diligence, 12 en cabriolet ou 6 en simple coche !), mais le prix du voyage en turgotine inclut celui des repas, ce qui, finalement, entre également en ligne de compte. M. Turgot peut se féliciter de son œuvre, même si le duc de Croy arrive à faire, en berline, du 20 km/h entre Arras et Paris, entre cinq heures et demie du matin et huit heures du soir.
    Est-il besoin de raconter que tout va changer au siècle suivant ? Les moyennes sont pulvérisées en 1848 avec 9,5 km/h pour les diligences, pendant que les villes voient leurs rues se remplir de landaus, de « victorias », de fiacres et d’omnibus. Le déplacement à cheval, qui fait tant de progrès, entame sans le savoir son agonie. Dix ans après l’invention de la draisienne, en 1818, un Beaunois arrive à joindre Dijon en deux heures et demie, en faisant du 15 km/h sur cet ancêtre de notre « vélo ». Dès 1838, les frères Schneider fabriquent au Creusot des locomotives qu’ils doivent faire tirer par des attelages de chevaux, sur les routes sinueuses de Bourgogne, pour gagner la gare la plus proche, à une cinquantaine de kilomètres. Et ce chemin de fer, qui rencontre tant d’ennemis, à commencer par le savant Arago prédisant catarrhes et fluxions de poitrine à chaque traversée de tunnel, va finalement l’emporter sur tous les autres moyens de transport et révolutionner la société tout entière.
    Bientôt, enfin, c’est au tour de l’automobile. En 1895, lors du premier Paris-Bordeaux, des « fous » roulent à tombeau ouvert à la moyenne de 24 km/h. Les 100 km/h sont atteints pour la première fois en 1899.
    L’escalade des records de vitesse commence. Avec elle, et tout aussi vite, ce qui n’a jamais changé depuis des siècles va bientôt se transformer, s’adapter, ou, beaucoup plus radicalement, disparaître.
    LE PASSAGE D’UN MONDE À L’AUTRE
    N’en déplaise à tous les organisateurs de cérémonies commémoratives du bicentenaire de la Révolution française, je persiste à penser que le grand tournant dans l’histoire de la vie au quotidien de nos ancêtres français moyens et anonymes ne fut pas 1789. Beaucoup plus que cette révolution politique et sociale, c’est la révolution industrielle qui va bouleverser en profondeur, un demi-siècle plus tard, des institutions et des rythmes qui semblaient immuables. Son outil premier est le chemin de fer. Il fait découvrir à la fois la vitesse et l’extérieur alors que la dernière étape coïncide sans doute avec la guerre de 1914-1918, cette « Grande Guerre » qui changera radicalement la face de la vieille Europe. En quelques décennies, de 1840 à 1920, avec une extraordinaire densité dans les premières années du XX e siècle, tout est irréversiblement bouleversé. On passe du porteur d’eau, qui tire son eau du puits pour la verser dans le « tub », à l’eau courante, venant du château d’eau à la baignoire ou au jacuzzi. Les tramways tirés par des chevaux font place au métro sur pneumatiques ; les enseignes et les cris de la rue, à la réclame puis à la publicité. On passe encore de la nourrice morvandelle à la bonne espagnole, de la victoire sur l’appendicite au changement de sexe par opération… !
    Des mots nouveaux apparaissent, dont nous avons déjà souvent oublié le sens – vous demandez-vous quelquefois pourquoi vous dites « allô » en répondant à l’appel reçu sur votre portable ? –, des objets nouveaux aussi comme les curieux postes à galène, premiers récepteurs de la T.S.F., les tandems, les lave-linge ; des comportements nouveaux comme la mode du ski, du bronzage, les vacances ou le camping ; des métiers et des personnages nouveaux comme les demoiselles des P.T.T., les garagistes ou les internautes.
    La « fée Électricité » porte un coup fatal aux veillées, et fait

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