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Comment vivaient nos ancêtres

Comment vivaient nos ancêtres

Titel: Comment vivaient nos ancêtres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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(d’où l’origine du mot « mercier » qui n’est autre que le marchand ambulant). Il vend aussi des sachets d’allumettes, des mouvements d’horloge, des lunettes, des draps, et surtout des images pieuses et des livres, almanachs et petits volumes de la Bibliothèque bleue. Au XVIII e siècle, il lui est interdit, sous peine de mort, de vendre des écrits hostiles à la religion. Certains, comme ceux venus du massif de l’Oisans, vendent aussi des bijoux achetés à leur passage à Lyon. Le travail est pénible et les routes sont longues mais les affaires marchent bien, même si l’on se méfie d’eux et que l’on répugne toujours à les faire entrer chez soi.
    À leur côté voyagent, souvent en groupes organisés et solidaires, des légions de travailleurs saisonniers et spécialisés ; les Auvergnats partent frotter les parquets et porter les seaux d’eau à Paris ; les petits Savoyards, âgés parfois d’une douzaine d’années à peine, vont ramoner les cheminées avec leur légendaire marmotte ; les montreurs d’ours pyrénéens des environs de Foix, les maçons creusois, les fendeurs de bois de l’Est, les scieurs de bois souvent d’origine auvergnate, constituent tout ce monde ambulant. Les régions montagnardes sont les premières à alimenter régulièrement ces contingents de petits paysans qui conservent leur lopin de terre au pays et se retrouvent sur les routes à la fois humbles et bavards, en butte à la xénophobie locale où ils font toujours figure d’étrangers. « À l’oie ! à l’oie ! », crie-t-on ironiquement sur le passage des Limousins. Chaque automne, les Vosges, les Alpes, le Massif central et les Pyrénées relancent leurs contingents d’hommes par les chemins. Plus de vingt mille par an, a-t-on pu estimer pour le simple arrondissement de Saint-Gaudens ! De retour au pays, ils reversent leurs économies au châtelain, au régisseur ou à l’usurier de village qui leur a avancé de l’argent sans oublier bien souvent un confortable taux d’intérêt !
    Sur ces routes, on trouve aussi les Compagnons du Devoir, sorte de chevalerie errante des ouvriers, effectuant leur tour de France d’apprentissage et d’initiation. À pied puis par le train, ils vont de ville en ville où les attend une « Mère » dans une sorte d’auberge. Canne en main, « chaussettes russes » constituées de bandes de toile au pied, et parfois, selon les métiers, anneaux d’or aux oreilles, ils sont environ deux cent mille dans les années 1825-1830.
    Les militaires en permission, plus ou moins appelés à se marginaliser, sillonnent les routes, ainsi que les mendiants et les vagabonds. Accueillis volontiers à la table de nos ancêtres où les attend la « part du pauvre », ils sont de plus en plus redoutés et suspectés. À la fin du Moyen Âge, de « faux pèlerins » escroquent les villageois en leur vendant de fausses coquilles de Saint-Jacques-de-Compostelle, d’où leur nom de « coquins ». La recrudescence de la délinquance leur fait peu à peu perdre leur crédit. Si on continue de leur offrir une botte de paille dans la grange pour y passer la nuit (où ils meurent souvent de froid comme en témoignent les cahiers paroissiaux), ils perdent de plus en plus leur place dans la société rurale pour aller grossir les rangs des clochards dans les grandes villes. Mais ont-ils d’autres solutions depuis qu’à la campagne gardes champêtres et gendarmes les traquent sans répit ?
    Toujours sur nos routes de France se croisent les voyageurs en patache, coche ou diligence, sans oublier tous ceux qui quittent leur région pauvre, montagneuse ou surpeuplée comme les Flandres, pour aller tenter leur vie ailleurs. En quelque sorte, l’exode rural existe bien avant les années 1830-1840 où il se généralise. Avec le train disparaît le colporteur tandis que l’enraciné d’hier se met à voyager. Son frère ou son cousin est établi à Paris. Qu’il sache écrire ou qu’il doive passer par l’écrivain public, il peut le faire venir près de lui où un métier et un modeste logement l’attendent. L’exode se fait souvent en famille. Avec le changement de décor vont alors disparaître peu à peu ces rites et ces rythmes séculaires qui, au long d’une vie comme au long d’une année ou d’une journée, règlent et rythment la vie de nos ancêtres.

2.

LE ROMAN VRAI D’UNE VIE

« DU BERCEAU À LA TOMBE »
    Du berceau à la tombe, nos ancêtres

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