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Comment vivaient nos ancêtres

Comment vivaient nos ancêtres

Titel: Comment vivaient nos ancêtres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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qu’un seul corps » baptisés à Beaulieu-sur-Dordogne, le 3 juillet 1733.
    Heureusement, la future mère peut se protéger efficacement en se procurant nombre de talismans et d’amulettes par l’intermédiaire du sorcier ou du curé. Mieux vaut évidemment les seconds qui ont le mérite d’être bénits, comme ces ceintures que saint François de Sales recommande aux femmes d’Annecy. Beaucoup portent des pierres plus ou moins précieuses, cachées dans quelque sachet. D’autres enfin font des pèlerinages à l’une de ces nombreuses fontaines miraculeuses dédiées un peu partout en France à la Vierge ou à sainte Anne, sa mère. Elles promettent « Bon secours », « Grâce », « Délivrance ». Il suffit de boire leurs eaux ou d’y faire quelques ablutions pour se sentir protégée durant les mois à venir.
    Pour bien maintenir l’enfant dans le ventre de sa mère, nos aïeules ont également des recettes. Dans ses registres, le curé de Saint-Nizier-sous-Charmoy (Saône-et-Loire) pense utile d’en compiler une, en 1711. « Prendre sept onses de térébentine de Venise, deux dragmes de bol d’Arménie, deux dragmes de mastiques en larmes et en pouldre, deux dragmes de poudre de mirthe et pour deux sols de sang de dragon (8) bien pilé. Il faut avoir des estouppes et en faire deux emplastres de la grandeur d’une feuille de papier », et notre curé d’expliquer ensuite comment placer les deux emplâtres et de préciser que ce « remède est infaillible et esprouvé plusieurs fois en 1710 ».
    Pour connaître le sexe de son enfant, faute d’échographie, non seulement la mère s’en remet à la lune et au soleil, mais encore à la couleur de son teint pendant la grossesse, mat pour un garçon, coloré ou basané pour une fille. Divers procédés de divination sont également employés. « Quand une femme porte un enfant et que l’on veut savoir si elle porte fils ou fille, disent les évangiles des Quenouilles, on doit mettre en son sommeil du sel sur sa tête sans qu’elle s’en aperçoive, et ensuite, devisant avec elle, faire attention au premier nom qu’elle prononcera. Si elle nomme un homme, elle aura un fils ; si elle nomme une femme, elle aura une fille. » La question est d’importance. Partout, les enfants mâles sont souvent plus estimés que les filles. Les garçons n’aideront-ils pas mieux leurs parents dans les travaux journaliers ?
    Enfin, les mois passent, la grossesse approche de son terme. La future mère ressent les premiers signes de la délivrance prochaine. Les dernières heures s’annoncent, angoissantes. « L’attente d’un enfant a toujours un goût de mort », remarque l’historien Guy Cabourdin, car la femme sait qu’elle va risquer sa vie. Longtemps, en effet, 10 pour 100 des mères meurent en couches ou à la suite des couches ! Pour le bébé aussi, rien n’est gagné, le nombre d’enfants mort-nés étant très élevé. Mais encore une fois, on ne peut que l’accepter.
    Déjà les parentes s’affairent autour du lit, prodiguant des paroles rassurantes pendant que l’une d’elles s’en va quérir l’assistance des voisines. On allume le cierge de la Chandeleur que l’on a sorti de l’armoire, celui-là même que l’on met au chevet des mourants, celui-là même qui est symbole de purification. Il règne dans la maison une ambiance de fête, mais de « fête inquiète », dit Martine Segalen. Parfois, c’est même carrément la panique, surtout lorsque arrive un personnage à la fois respecté et redouté : la sage-femme.
    UNE FEMME QUI NE RASSURE NI LES MÈRES
NI LES POULES : LA MATRONE
    L’accouchement solitaire, survenant par exemple aux champs au moment du ramassage de l’herbe, est rare. Dans le passé, il est au contraire largement public. Il se déroule chez l’accouchée, quelquefois chez ses parents (en milieu plus bourgeois, au XIX e siècle, et seulement pour le premier enfant).
    Cet accouchement est l’affaire des femmes. Le mari n’y assiste pas, mais reste à proximité. C’est lui qui va chercher le prêtre au presbytère si les choses prennent un mauvais tour. Pas d’autre homme, même compétent, ne saurait y être admis. D’ailleurs, seules les femmes mariées ou veuves peuvent être dans la pièce où repose l’accouchée. Les jeunes filles en sont formellement exclues. Bien souvent une sage-femme, ou du moins une matrone, est à la tête de cette escouade de femmes.
    La matrone, ou encore la

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