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Comment vivaient nos ancêtres

Comment vivaient nos ancêtres

Titel: Comment vivaient nos ancêtres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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conseille Ambroise Paré, l’homme ne doit promptement se desjoindre afin que l’air n’entre en la matrice et ne [les] altère et qu’elles se mixtionnent mieux l’une avec l’autre ; et [dès que] l’homme sera descendu, la femme doit tenir coy et croiser et joindre cuisses et jambes les tenant doucement rehaussées, de peur que […] la semence ne s’écoule dehors. Pour les mêmes raisons, il ne faut qu’elle ne parle, ni tousse, ni éternue. »
    Compte tenu du nombre de ces aléas, on se préoccupe de diagnostiquer les grossesses. La médecine s’en tient alors à l’examen des urines, examen par transparence, aussi peu fiable qu’un tirage à pile ou face. Seuls les progrès techniques de la fin du XIX e siècle font changer l’état des choses, et encore à la condition de vaincre mille pudibonderies. On se contente donc d’observer différents signes comme les frissons, les spasmes ou les tremblements que peut ressentir la femme. La seule certitude est de voir le ventre s’arrondir.
    Mais à ce moment-là nos aïeules ont bien du mal pour calculer et prévoir la période d’accouchement. De toute façon, la nature décide de tout et aura toujours le dernier mot. La femme enceinte sait une chose : si son mariage est fécond, c’est qu’il est béni par Dieu.
    Alors les mois d’attente commencent, sans qu’à la campagne la future mère n’abandonne à aucun moment ses occupations journalières. La vie se poursuit à la ferme et elle doit continuer à travailler normalement. Il y va non seulement de la survie de la maison mais encore de son honneur. Certaines arrivent même à vaquer à leurs tâches quotidiennes jusqu’au matin de l’accouchement.
    Sa vie, cependant, change quelque peu en ce qu’elle doit être prudente et éviter les accidents. Non seulement les accidents physiques, mais encore une multitude d’incidents dont les conséquences pourraient être fâcheuses pour elle-même comme pour le nourrisson.
    L’hérédité a alors bon dos et chaque mère sait que tout peut être transmis à l’enfant. On cite telle voisine, que son mari en colère a menacé de jeter par la fenêtre pendant sa grossesse, et qui a accouché d’un enfant trembleur, telle grande dame, qui a donné le jour à un enfant aux yeux très noirs pour avoir eu un œil au beurre noir. Toute femme enceinte doit éviter de regarder une personne qui a un tic, de peur qu’il ne se transmette à l’enfant qu’elle porte. Si, apercevant un lièvre, elle porte la main à sa bouche, son bébé aura un bec-de-lièvre. De même, regarder une étoffe rouge risque de la faire avorter, et monter à cheval de faire naître l’enfant avec une difformité de la joue.
    Une autre grande peur vient des nævi, que l’on nomme populairement des « envies » et qui sont toujours soupçonnés de porter malheur. Taches de vin, de fraise, de café, de poils sont censés témoigner d’autant d’envies que la femme enceinte n’a pu assouvir pour la boisson, les fraises, le café ou le gibier à poil. Chacun considère donc que, lors des trois premiers mois de gestation, toute furieuse envie de manger tel ou tel mets manifestée par la femme grosse risque de marquer à tout jamais le bébé. Il suffit de connaître ces principes pour prévenir ces catastrophes, comme on sait aussi que marcher pieds nus est mauvais pour la transpiration de la femme enceinte, dont dépend la lactation. Un tas de plantes, combinées par ailleurs à l’alimentation, se chargeront, comme le persil, le chou ou la pervenche, de garantir à la mère un lait d’excellente qualité.
    Chacune s’efforce de respecter ces principes, tant on a peur des naissances monstrueuses. Les pages des registres de baptêmes donnent parfois les descriptions de nouveau-nés horriblement déformés. Enfants siamois, corps à deux têtes ou à quatre bras, comme en signale le curé de La Madeleine-d’Auterive (Haute-Garonne). « L’an 1784, le 28 may à six heures du matin […] Catherine Raynaud est accouchée de deux filles, unies l’une à l’autre depuis le nombril jusqu’à la lèvre inférieure. » On se hâte de baptiser deux jambes et l’on constate le décès rapide. Le corps est confié à un maître en chirurgie puis à l’Académie de chirurgie de Toulouse pour être examiné. On ignore, par contre, le sort « d’un garçon et d’une fille marqués de deux têtes, quatre pieds, quatre bras qui ne sont depuis l’estomac jusqu’au bassin

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