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Comment vivaient nos ancêtres

Comment vivaient nos ancêtres

Titel: Comment vivaient nos ancêtres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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d’huile pour se rouler ensuite dans la plume, ou en fantôme (c’est « Bidoche ») –, déguisement qui fut interdit en 1860 par un maire breton pour avoir fait risquer la crise cardiaque à une institutrice. Ainsi masqué ou déguisé, chacun passe dans les maisons quêter des œufs ou de l’argent pour mieux ripailler le soir.
    Partout, le chahut règne. À Paris, la populace se fait des farces, l’ivresse populaire est générale. C’est dans cette atmosphère que, l’après-midi, le mannequin pansu de carnaval est promené dans les rues. Selon les lieux, on le bat, on le juge, on le lapide, on le pend, ou le plus souvent, on le brûle et on le noie dans quelque mare des environs. Bûcher et brandons s’allument, appelés aussi « bordes », « fagots », ou bures. Le feu, selon la coutume, est allumé soit par les conscrits soit par les derniers mariés de l’année. Un repas pantagruélique clôt enfin la journée avec force crêpes, beignets, roussettes ou pois frits.
    Parfois, la fête continue le lendemain, à Saint-Claude ou à Rethel, après la cérémonie religieuse des Cendres. On assiste ce jour-là à la course des souffles-à-cul : les hommes déambulent dans les rues en pan de chemise trempé dans de la moutarde et des femmes, boudins en main, courent après le « moutardier » ambulant.
    Pendant ces jours gras, jours de licence et de débordement, ont également lieu des charivaris réservés aux maris trompés ou battus par leur femme. Partout on s’empiffre à en crever. C’est d’ailleurs à carnaval qu’ont lieu bien souvent dans les Pyrénées le « pèle-porc », c’est-à-dire la fête du cochon.
    L’explication de ce remue-ménage généralisé se trouve tant dans la liturgie (la préparation au carême) que dans les lois de la nature. Le carnaval, c’est à la fois la fin de l’hiver, de l’année écoulée avec tous ses méfaits qu’incarne le mannequin grotesque qui est battu et brûlé, et la renaissance du printemps, le réveil de la nature. Voilà une cérémonie de purification et de fécondation. Ce n’est pas un hasard si, ce jour-là, la jeunesse mène la danse et organise les festivités à la place des adultes, si les derniers mariés embrasent le bûcher et si, la nuit tombée et le bûcher consumé, les jeunes sautent au-dessus des braises encore rouges pour se marier et être féconds.
    Mais toute fécondation est lente. Toute attente est pénible. Et ici, il faut encore attendre quarante jours, quarante longs jours de privations, pour pouvoir en goûter les fruits. Le carême a commencé.
    MANGER DES STOCKFISCHES
ET « TRAVAILLER SA SOUPE » !
QUAND NOS ANCÊTRES FONT PÉNITENCE
    Les famines ont beau se raréfier dès le XVII e siècle, la disette guette chaque année les gens des campagnes. Récoltes et météorologie remplissent ou vident le garde-manger selon leurs caprices, et cela jusqu’au début du XIX e siècle. Nos ancêtres sont-ils mieux préparés aux temps de jeûne ? Il est bien difficile de le dire. D’ailleurs, les jours de pénitence sont si nombreux qu’ils sont habitués à ne pas manger à leur faim.
    La semaine a en effet compté jusqu’à trois jours de jeûne : le vendredi, jour funeste de la mort du Christ, le samedi, jour où il gît dans son tombeau, à quoi l’on avait ajouté le mercredi, jour où il a été vendu par Judas. Est également jour de pénitence chaque vigile, c’est-à-dire chaque veille de fête d’obligation, les jours des Quatre-temps, correspondant aux trois premiers jours de début de saison, les trois jours des rogations, et enfin les deux grands temps de l’Avent (quatre semaines avant Noël) et du carême. Nos ancêtres doivent donc se serrer la ceinture, non seulement lors des mauvaises années, mais encore, durant les bonnes, environ deux cents jours par an, soit plus d’un jour sur deux !
    Non seulement le jeûne est ces jours-là obligatoire mais l’Église leur interdit également tout commerce sexuel, voire tout divertissement quel qu’il soit. Et avec cela, pas question de plaisanter. Longtemps, le pouvoir royal a prêté main-forte à l’Église pour punir les contrevenants. On trouve ainsi un pauvre greffier lorrain emprisonné pendant trois jours et condamné à fournir un cierge d’une demi-livre et quelque « aumône » à son curé pour avoir mangé « chair […] un jour de samedy ». Certes la peine est là légère car il s’agit d’une première fois.

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