Comment vivaient nos ancêtres
suivant, « juin », est consacré aux juniores, c’est-à-dire aux jeunes gens. Sur ce point, les latinistes se partagent, certains tenant que mai doit son nom à la déesse Maia et juin à Junon. Ensuite, c’est le trou… Le père du calendrier manque d’inspiration, il numérote les mois de cinq à dix. Au onzième, la muse revient le visiter et lui propose d’honorer Janus, le dieu des portes, des ponts et des passages, d’où l’étymologie de « janvier » (Januarius). Avec Februarius, il rend hommage à Februa, vieux dieu sabin de la purification, assimilable à Pluton, le dieu des Enfers. Ainsi bouclé, le calendrier de Numa semble avoir tenu quelque sept siècles, jusqu’à l’arrivée de César.
Réformateur et organisateur, celui-ci décide de le remodeler. Il supprime le treizième mois et fait commencer l’année en janvier, mais omet curieusement de débaptiser les anciens mois numérotés qui ont pourtant changé de rang, et voilà pourquoi septembre, octobre, novembre et décembre continuent à porter en leur nom les numéros sept, huit, neuf et dix. À sa mort, on lui fera l’hommage du septième mois, appelé juillet d’après « Julius » Caesar, comme on dédiera plus tard le suivant à la mémoire de l’empereur Auguste, mois que les Anglais continuent à nommer « August » alors que nous l’avons réduit à « aoust » puis à « août ».
Mais l’histoire du calendrier ne s’arrête pas là. Il connaît encore bien des avatars. Au Moyen Âge, seuls les clercs et les milieux lettrés, c’est-à-dire essentiellement les religieux, l’utilisent. Nos ancêtres, illettrés, n’en ont que faire et se règlent sur la lune et le soleil. L’almanach des postes ne pénètre dans les chaumières qu’en 1855. Le début de l’année varie donc beaucoup, selon les religions, les lieux et les époques. Il oscille entre le 1 er mars, comme avant Jules César, et le 25 mars, jour de l’Annonciation, neuf mois avant la naissance de Jésus pour Noël. Ce n’est qu’en 1564 qu’un édit de Charles IX le fixe définitivement au 1 er janvier.
En 1582, survient une autre réforme, à l’initiative du Vatican cette fois-ci, suite au décalage de l’année civile de dix jours par rapport à l’année solaire. Le pape Grégoire XIII décide de les récupérer, décrétant que, pour une fois, le 4 octobre s’appellera le 15 octobre. Les Anglais, hors de l’Église de Rome, attendront 1752 pour ce réajustement, et les Russes 1918, d’où les doubles dates que donnent toujours les historiens aux journées de la révolution d’Octobre.
Quand l’année était un anneau
L’année, à tous les niveaux, est une très proche parente de l’anneau. Symbolisée par le cercle et le cycle, comme celui du Zodiaque ou du serpent qui se mord la queue, elle représentait pour nos ancêtres un processus cyclique parfait, et donc tout à fait représentable par un anneau.
L’anneau était d’étymologie très proche, sinon identique – le mot « annel » signifiait à la fois « anneau » et « annuel ». Toutefois, il ajoutait d’abord à ce symbolisme un sens de lien et d’attachement. Il n’est qu’à songer à l’anneau nuptial, à l’anneau pastoral, ou encore à l’ anneau du Pêcheur, qui sert de sceau pontifical, et que l’on brise à la mort du Pape.
Mais le symbolisme de l’anneau ne s’arrêtait pas là : cet objet avait notamment la réputation de protéger : ne rappelait-il pas la ceinture de murailles construite autrefois autour des villes antiques et médiévales ? Il était également signe de vœu et de fidélité, mais surtout et encore plus de savoir et de puissance, comme en témoigne, dans la mythologie Scandinave, le fameux anneau des Nibelungen, qui sut inspirer les opéras de Wagner.
Puissance, attachement, temps, cycle des saisons, tout cela ne parle-t-il pas d’éternité ?
Il reste encore un soupçon de décalage que l’on a gommé en créant les années bissextiles, sous réserve que les années séculaires ne le seront que si leurs deux premiers chiffres sont divisibles par 4. Ainsi 1600 et 2000 ont compté 366 jours, alors que 1700, 1800 et 1900 se sont contentées de 365. Il paraît, pourtant, que l’on prendrait encore, malgré toutes ces institutions, un jour de décalage par rapport au soleil tous les 4 442 ans… Affaire à suivre.
Le calendrier devra sa dernière aventure à un Carcassonnais, un certain Fabre, qui,
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