Comment vivaient nos ancêtres
êtres pointilleux et susceptibles.
Le porteur du cierge bénit passe ensuite à l’étable, où il fait quelquefois, comme en Auvergne, couler quelques gouttes de cire sur le joug des bœufs. Ensuite, il entre à la maison. Si le cierge est resté allumé, c’est signe de prospérité, sinon, son extinction est signe de mort dans l’année, pour le porteur ou un membre de la maisonnée. Puis, le cierge de la Chandeleur est rangé soigneusement dans l’armoire d’où il sera retiré éventuellement en des circonstances très précises et dramatiques, comme pendant un accouchement, pour veiller un mort, ou par temps d’orage violent.
Plus tard, à la veillée, vient le moment des crêpes, seule coutume à subsister encore de nos jours. On les fait cuire de la main droite, un louis d’or dans la main gauche en gage de richesse. Les plus habiles arrivent à les lancer au-dessus de l’armoire. On les y laisse alors toute l’année, ravis de ce présage, signe d’une abondante récolte de blé pour l’été à venir. Enfin, chacun passe à table et se régale de celles qui ont échappé à l’armoire.
Le lendemain, la fête de saint Biaise réunit à nouveau les paysans à l’église. Ce sont en général les femmes qui y vont, en emportant des seaux de grains. Le prêtre bénit les semailles de printemps et en garde une partie en rémunération de ses saints offices. Aujourd’hui, plusieurs régions ont conservé à cette date la tradition de banquets agricoles, où chacun profite encore de la morte-saison.
Mais plus les jours augmentent, plus les activités extérieures redeviennent importantes. Le 14 février, selon une croyance médiévale, les oiseaux recommencent à s’accoupler. Les pigeons donnent aux jeunes gens l’idée de les imiter et de roucouler de leur côté. Ce serait là l’origine de la Saint-Valentin qui, avant l’école obligatoire de Jules Ferry, ne donnait guère lieu à des échanges de cartes postales illustrées et pour cause. Mais en réalité la fête des amoureux est liée à une tout autre fête, celle de carême-entrant, qui est sans nul doute un des points forts du calendrier d’autrefois.
SAINT-DÉGOBILLARD ET SES SOUFFLES-À-CUL :
LA LICENCE DES JOURS GRAS
À Nice, il ne faisait autrefois pas bon, en temps de carnaval, se promener dans les rues sans protection pour le visage car les confettis d’antan étaient des boulettes de plâtre. Pis, au Moyen Âge, nos ancêtres se jetaient à la figure des œufs, gobés et remplis de sable, ou mieux encore du poivre.
Pourquoi des œufs ? Il y avait là encore toute une symbolique aujourd’hui oubliée mais pourtant directement liée au carnaval. Bien que très variable d’une province à l’autre, voire d’une ville ou d’un village à l’autre, le carnaval est d’autant plus important qu’il représente les derniers jours gras avant le carême.
Le carnaval est préparé longtemps à l’avance. Dès le dimanche de septuagésime, soit trois semaines plus tôt. Ce jour-là, à l’église, on entonne pour la dernière fois l’antienne Alléluia. Parfois même, comme en Bourgogne, les enfants de chœur procèdent à un simulacre de funérailles : l’Alléluia est enterré. Le soir, aux veillées, on parle des farces, des festins et des déguisements des grands jours. Enfin, le temps du carnaval arrive.
Pendant longtemps, il débute dès le jeudi précédant les Cendres pour se réduire finalement à trois jours : dimanche, lundi et Mardi gras, appelés à Nantes Saint-Goulard, Saint-Pansard et Saint-Dégobillard. Dans le Midi, le mardi est souvent appelé Saint-Crevaz : c’est l’apothéose, c’est Carmentran (carême-entrant), c’est carne levaris (en latin : viandes ôtées).
Avant d’entrer dans le plus long jeûne de l’année – on en prend pour quarante jours ! – on mange, on s’amuse. La foule, dans toutes les provinces de France, laisse libre cours à toutes ses fantaisies. Tout est permis en ce jour exceptionnel et tout le monde se déguise. La suie ou le cirage tiennent lieu de masque et chacun change ses vêtements. Les hommes se promènent en chemises longues et en jupons. Les femmes mettent pour la seule fois de l’année un pantalon et portent une veste d’homme retournée. On trouve même dans certaines régions des déguisements particuliers. On se déguise en animal – en ours ou en cheval (appelé cheval-jupon ou chevra-frou) –, en sauvage en se couvrant le corps
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