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Comment vivaient nos ancêtres

Comment vivaient nos ancêtres

Titel: Comment vivaient nos ancêtres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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compte rendu fait par un témoin : «… À ce moment, le spectateur ne voit qu’une masse confuse d’individus qui semblent avoir pris à tâche de s’écraser mutuellement ; ceux qui sont hors du cercle tâchent de s’emparer par la force de ceux qui sont au centre… Ces efforts individuels, sans cesse renouvelés, impriment à la masse un mouvement des plus singuliers : tantôt elle se dirige vers la droite ; tantôt elle marche vers la gauche ; on dirait un animal fantastique à mille pattes. De temps en temps une de ces têtes s’affaisse et disparaît : c’est un combattant qui est tombé ; la lutte continue sur son corps, il se relève tout pâle, quelquefois meurtri et ensanglanté. »
    S’agit-il d’une partie de football ou d’une mêlée de rugby ? Des deux, car la soule est l’ancêtre de ces deux sports. Ils sont pratiqués en France dès le Moyen Âge alors que l’on aurait parié qu’ils nous arrivaient d’Angleterre.
    Quand nos ancêtres « charmaient les puces »
    « Deux verres, ça va ; trois verres, bonjour les dégâts ! », disait voilà quelques années un slogan de la Prévention routière… Un slogan évidemment déjà valable pour nos ancêtres, qui buvaient volontiers, notamment le soir, avant d’aller au lit. Ils parlaient alors de « charmer les puces », employant cette pittoresque expression, datant de la Renaissance, en allusion au fait que sous l’effet de la boisson, ils n’avaient guère à craindre de sentir les puces les mordre pendant la nuit.
    Nos ancêtres buvaient donc volontiers. Au point d’être parfois complètement « gris », ou « noirs », selon les expressions alors en vigueur. On disait aussi « être rond », sans doute pour perdre l’équilibre et rouler à terre, ce qui les faisait alors appeler « paroissiens de Saint Jean-le-Rond ». Plus tard, on les dira « pleins », tantôt « comme un œuf », « comme un sac » ou encore « comme un boudin ». Ce n’est que plus tard que l’on verra arriver le mot « soûl », conséquence directe d’un trop grand remplissage. « Être soûl » signifiait en effet à l’origine être repus, avec le même sens qu’a conservé le mot dans l’expression « avoir mangé tout son saoul » (à satiété). Le terme venait du latin « satullus », signifiant rassasié et c’est en référence à son orthographe que l’on trouve la fréquente habitude d’écrire parfois aujourd’hui encore le mot avec un « a » (saoul).
    Nos ancêtres, sans le savoir, jouent donc au football pendant le carême. Le ballon, c’est justement cette « soule », « choule » ou « cholle », boule en bois ou en cuir bourrée de foin, de son ou de mousse. Le but, c’est une mare, un mur, ou encore, comme à Vulguessin, la porte de l’abbaye. Les équipes, ce sont deux paroisses rivales ou encore les célibataires et les hommes mariés. Les spectateurs sont nombreux, hurlent et rient, surtout lorsque la soule atterrit dans une mare avec de grandes éclaboussures ! Tout le monde, enfin, s’adonne à ce jeu, jusqu’aux chanoines et aux curés qui, comme à Auxerre, arrivent à mêler les prières aux coups d’envoi, jusqu’aux nobles comme le sire de Gouberville qui se passionne au point de faire un jour éclater ses chausses « depuis le genou jusqu’au milieu de la cuisse ». En 1555, celui-ci raconte même qu’un joueur du nom de Cantepye le pousse si fort et lui donne un coup de poing si violent sur le « téton droit » qu’il lui fait « faillir la parole ». « Je me cuidai évanoui, se souvient-il, et perdis la vue près de demi-heure, par quoi je fus contraint de prendre le lit. » Il y resta trois jours entiers.
    Autre surprise, nos ancêtres français moyens, c’est-à-dire paysans et artisans de nos terroirs, jouent régulièrement au golf. Dans les rues des villes, sur les routes de campagne, ils se disputent une petite balle appelée souvent un « gouret » (un goret), autrement dit un cochonnet. À l’aide d’un bâton crochu, ils la poussent vers un but. Ce bâton, la « crosse », donnera son nom au jeu. Là encore la violence est de règle et il n’est pas rare qu’un joueur quitte sa partie avec quelques bleus, de là l’expression « crosser » quelqu’un, c’est-à-dire le traiter rudement. Ce jeu restera longtemps très en faveur en Bretagne et dans le Nord, avant de nous revenir lui aussi d’Angleterre.
    Au XVI e siècle,

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