Comment vivaient nos ancêtres
refasse pas le coup de Fontenoy ! En football, en golf, en tennis, ce sont Messieurs les Français qui ont lancé les premiers. Messieurs les Anglais, quant à eux, n’ont fait que « prendre la balle au bond »…
LA GRANDE ANGOISSE ANNUELLE
DE LA SEMAINE PEINEUSE
Nos ancêtres ont beau se défoncer le dimanche dans des parties de foot ou de golf, pardon, de soule ou de crosse, le carême n’en est pas moins là, et tous attendent avec impatience le dimanche de l’ozanne qui en annonce la fin.
Ce « dimanche de l’ozanne » ou « dimanche ozannier » est celui des Rameaux. On l’appelle souvent ainsi en référence à l’« Hosanna », cri d’acclamation du Christ lors de son entrée à Jérusalem, que l’on chante ce matin-là à la messe. D’autres l’appellent « Pâques fleuries » ou « Pâques à buis », à cause de la bénédiction des rameaux verts. Palmes de palmiers sur les rivages de la Méditerranée, ailleurs branches de lauriers, de buis, d’oliviers… Chacun confectionne un « rameau » ou « rampan », qu’il fait bénir lors de la procession. Les enfants ont le leur, parfois décoré par les grands-parents de friandises, de papiers d’or, de gâteaux en couronne et d’une belle pomme rouge en guise de poignée. C’est la tradition dans les Alpes, le Centre et la Charente.
Au cimetière, on a décoré de verdure la grande croix, appelée de ce fait « croix hosannière » ou encore « croix buisée », comme on a également décoré les calvaires et les croix de carrefour. Après la messe, chaque famille dépose des rameaux sur la tombe de ses morts pour les associer à la vie de la communauté. Ensuite, elle s’en retourne chez elle, où elle a soin de procéder à la mise en place de ramilles bénites près des croix, des bénitiers et des images pieuses, dans chaque pièce de la maison, dans les étables et dans les poulaillers, comme sur les jougs des bœufs et sur les toits des ruchers. Sans oublier d’en garder une provision dans l’armoire pour éloigner les orages, éteindre les incendies, asperger les défunts et les accompagner parfois dans leur cercueil (pour qu’ils puissent s’en servir à l’autel du Bon Dieu). Jamais ces feuillages bénits ne sont profanés : ceux de l’année précédente ne sont ainsi jetés ni sur le fumier ni dans les rues mais doivent être brûlés. Enfin, ce jour-là, on note soigneusement les moindres indices météorologiques tant les croyances populaires attachent d’importance aux révélations de cette journée des Rameaux. Le vent dominant de l’année sera en effet, selon les régions, celui qui a soufflé pendant la lecture de l’Évangile, pendant la procession au cimetière ou pendant la bénédiction de la croix hosannière.
Le lundi commence la dernière semaine de carême : la semaine sainte. « Semaine noire » en Limousin, « semaine pénible » dans le Nord, « semaine absolue » en Anjou, « semaine peineuse » ailleurs, elle commence par trois jours de grande agitation. Dans les maisons, c’est le grand nettoyage de printemps, on balaie, on fait le ménage, sans oublier de faire des provisions pour la fin de la semaine qui, dans le rituel catholique, donne à la liturgie tout son sens.
Le jeudi, jour où le Christ fut livré, le deuil enveloppe le village comme il enveloppe les saints de l’église que M. le Curé drape de violet. Une messe est célébrée au cours de laquelle, dans beaucoup de paroisses, on pratique le lavement des pieds en souvenir du Christ qui le fit à ses apôtres selon les coutumes purificatrices des Juifs pour préparer la Pâque. Souvent, on bénit les enfants. À cette messe, lorsque l’on a chanté bien haut le Gloria, les cloches se taisent. On ne les entendra plus pendant deux jours. On se contente de les remplacer par des olifants ou plus souvent des crécelles. Les enfants de chœur, parfois, passent de maison en maison chanter la Passion du Christ, histoire de récolter quelques œufs ou quelques sous. C’est souvent, aussi, le jour où l’on représente les Mystères devant les églises et les cathédrales, alors que dans les Ardennes on dit la « messe bleue », spécialement célébrée à l’intention des femmes battues par leurs maris.
Le Vendredi saint, jour de la mort de Jésus, est évidemment le jour le plus douloureux de l’année. Cela se traduit par une foule d’interdits s’ajoutant aux interdits sexuels et alimentaires de
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