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Comment vivaient nos ancêtres

Comment vivaient nos ancêtres

Titel: Comment vivaient nos ancêtres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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rigueur. Toute activité est sacrilège, le Seigneur gisant dans son tombeau. On ne saurait donc travailler. Pas question de labourer ou de creuser la terre, ce serait creuser son propre tombeau. Les interdits sont infinis : ne pas rire, ne pas couper les cheveux, ne pas tuer une bête, ne pas mettre les poules à couver, ne pas grimper aux arbres, ne pas conclure de marché ni entreprendre de voyage, ne pas chanter, ne pas travailler le fer en souvenir de la Crucifixion – le forgeron ne travaille donc pas ce jour-là –, ne pas se servir d’un marteau, etc. Curieusement cependant, il existe de bons présages. Ainsi les œufs pondus ce jour-là contiennent des serpents : les conserver préservera des chutes lors des cueillettes de fruits à l’automne ; placés dans l’étable ils écarteront les maléfices contre les bêtes ; jetés dans un incendie, ils l’éteindront. Autre bonne nouvelle : mourir ce jour-là est une aubaine. On se voit non seulement dispensé du purgatoire mais encore préservé de l’enfer : les portes en sont fermées pendant vingt-quatre heures ! Par contre, il y a partage pour le pain. Dans certaines régions, on dit que le pain cuit ce jour-là pourrira. Ailleurs, on prétend au contraire qu’il se conservera durant un an. Les folklores ne sont pas à une contradiction près !
    Le samedi, enfin, le prêtre fait souvent une tournée des maisons pour les bénir. Il en asperge le seuil, le four, l’âtre. Puis la maîtresse du lieu s’en va à l’église faire le plein d’eau bénite. Demain, c’est le grand jour. Les cloches seront de retour.
    LES « DAMES DE BRONZE » EN VOYAGE :
HISTOIRES D’ŒUFS ET DE POISSONS
    La balade annuelle des cloches en temps pascal est une belle histoire racontée aux enfants. Aucun de nos aïeux ne croit qu’elles puissent voler à tire-d’aile. Ils sont souvent naïfs, mais pas à ce point. Par contre, il semble bien que, de façon abstraite et figurée, ils croient au pèlerinage de Rome.
    Car les « dames de bronze », ainsi nomme-t-on de façon révélatrice les cloches, sont dotées d’une vie et d’une personnalité. Acheminées sur des chariots tirés par plusieurs bœufs ou chevaux, quand elles n’ont pas été fondues sur place par un maître fondeur, expert en la matière, les cloches ont été baptisées. Et qui dit baptême dit évidemment parrain et marraine, qui ont été choisis parmi les notables de la paroisse : châtelain, notaire, marchand…, dont les noms sont alors gravés dans le métal. On raconte même parfois que certaines cloches, sans doute les plus sentimentales, se mettent à sonner toutes seules lors de la mort de leur parrain ou marraine.
    Fleuries, enrubannées devant le village tout entier, elles ont ensuite été hissées dans le clocher à grand renfort de poulies et de biceps. Et là, durant des siècles elles rythment la vie de toute la communauté.
    Tous les jours, elles donnent au pays la mesure du temps. Les horloges et les montres qui apparaissent au XVII e siècle sont lentes à se répandre dans les terroirs. La seule façon de connaître l’heure est de suivre le soleil. Les cloches font le reste avec les trois angélus quotidiens. Peu importe l’heure exacte, au quart d’heure ou à la demi-heure près, nos ancêtres n’ont ni train à prendre ni programme de télévision à suivre. Leurs journées ne sont pas jalonnées de rendez-vous. Personne ne cherche à planifier, décomposer ou sectionner le temps. On prévoit que tel travail sera fait l’après-midi et durera le temps d’un Ave ou d’un Pater, comme on prévoit un voyage pour le dimanche avant la Saint-Michel ou le lundi après carnaval. Que ferait-on d’heures ou de dates précises dans un monde où tout est linéaire ?
    De l’œuf ou de la poule…
    Un certain Censorinus, grammairien et penseur latin du III e siècle, rédigea vers 240 un traité intitulé De die natali, dans lequel il rassembla mille détails et réflexions sur la chronologie et l’histoire du calendrier. Il y évoqua la vie divisée en périodes ou années climatériques, et sa durée, limitée à quatre-vingts ou à cent ans au plus, en même temps qu’il y posa la grande question de savoir qui, de l’œuf ou de la poule, serait arrivé le premier.
    Une question alors d’autant plus importante que l’œuf avait, depuis la nuit des temps, été associé à la genèse du monde. Pour les anciens Égyptiens, c’était d’un œuf (mot qui

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