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Consolation pour un pécheur

Consolation pour un pécheur

Titel: Consolation pour un pécheur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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crains.
    — Je ne suis pas certaine que vous devriez faire ça, Daniel.
    — Oh si, répondit-il sur un ton grave.
     
    Le ciel avait fini par s’assombrir à l’horizon. Au-dessus des montagnes, la lune décroissante depuis peu s’efforçait de se manifester entre les nuages. Quand Baptista se présenta devant le portail de maître Vicens, la ville était tantôt plongée dans la pénombre, tantôt illuminée par les torches vacillantes et les lanternes sourdes des passants, tantôt vivement éclairée par l’éclat blanc verdâtre de la lune.
    Le portier le laissa entrer et l’accompagna en haut des escaliers conduisant aux appartements de la famille. Baptista pénétra dans une pièce de belles dimensions : maître Vicens était penché sur des chiffres à la lueur d’un chandelier à quatre branches tandis que sa femme et sa fille se chamaillaient à propos des couleurs de fils de soie à broder.
    Vicens découvrit le visiteur et se leva.
    — Pardonnez-moi, mes mies, dit-il avec beaucoup de sérénité, mais ce gentilhomme vient m’entretenir d’affaires importantes. J’en suis désolé.
    Vicens se dirigea vers la porte, eut un mot avec le portier et fit sortir maîtresse Alicia. Elle disparut dans un bruissement de la plus belle soie, laissant sa fille ramasser son ouvrage avant de partir à son tour.
    — Bonsoir, maître Vicens, dit Baptista, nullement gêné par les bouleversements qu’occasionnait sa visite.
    — Que faites-vous ici, messire ? Je croyais que nous étions convenus de ne pas nous rencontrer ouvertement.
    — Ça ne l’est pas tant que vous croyez. La route qui mène à votre portail était noire comme l’enfer quand je l’ai empruntée. Je vous laisse le soin d’expliquer qui je suis à votre famille et à votre portier. J’imagine que vous pouvez vous montrer très convaincant quand cela tourne à votre avantage, ajouta-t-il avec un sourire narquois.
    — Fort bien, grommela Vicens en replaçant sa masse imposante sur son siège. Mais si vous me rendez trop souvent visite, le monde entier sera bientôt au courant. Les commérages vont bon train, savez-vous. Asseyez-vous, pour l’amour du ciel. Les volets ne sont pas fermés.
    — Dans un instant, peut-être, dit-il en s’approchant d’une étagère sur laquelle avaient été placés plusieurs plats en argent. À dire vrai, maître Vicens, je suis profondément troublé par ce qui se passe en ville.
    Il prit l’un des plats et l’examina avec beaucoup d’intérêt.
    — Je crois que je vais faire mes bagages et m’en aller ailleurs. Le climat qui règne ici n’est pas très sain…
    — Mais vous… Cela signifie-t-il que vous ne voulez plus vendre…
    — Comme vous, je suis un marchand. Je vends toujours les marchandises dont je dispose mais, si je ne puis le faire rapidement, alors je préfère partir.
    Comme pour donner plus de poids à ses paroles, il reposa le plat et se tourna vers Vicens.
    — Au lieu de le voir dans une autre ville où il ne me profitera nullement, dit celui-ci, je vais le prendre sur-le-champ. Il doit rester ici, à Gérone. L’avez-vous avec vous ?
    — Certainement pas. Ce serait insensé. Je n’ai nul désir de rejoindre le corps trouvé près de la cathédrale. Je ne reviendrai pas non plus sur ce que j’ai promis aux autres en ne leur donnant pas la possibilité de l’acheter, ajouta-t-il en faisant passer une lueur d’honnêteté dans son regard. Dites-moi ce que vous comptez payer, en or, ce soir même, et si personne ne me propose une meilleure offre, nous nous rendrons ensemble là où il est en sûreté et vous pourrez en disposer. Vous pouvez emmener un garde robuste avec vous si vous vous sentez nerveux.
    — Aurai-je une chance de surenchérir sur les autres ?
    — Le temps est compté. J’ai l’intention de conduire à l’aube son nouveau propriétaire vers le lieu où il est caché et de m’en aller à l’aurore. Quelle est votre offre ?
    Vicens s’approcha de la porte, l’ouvrit brusquement et la referma. Puis il revint vers son visiteur.
    — Huit mille, chuchota-t-il. Mais il doit m’être apporté ici, dans cette maison.
     
    Le négociant se rendit ensuite dans la demeure de Sebastià. À nouveau, on le fit patienter dans une antichambre. Après qu’il eut attendu un moment en déambulant dans la pièce, le maître des lieux apparut.
    — Eh bien ? fit Sebastià. Qu’avez-vous à me proposer ?
    — Rien de neuf, répondit Baptista.

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