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Consolation pour un pécheur

Consolation pour un pécheur

Titel: Consolation pour un pécheur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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trop, voilà, fit-elle, irritée. C’est comme un frère pour moi. Comment pourrais-je m’éprendre de lui ?
    — Il ne vous plaît pas ? Moi, si, parce qu’il est intelligent. Et distrayant.
    — Bien sûr qu’il me plaît. Je l’aime bien. Sa compagnie est agréable, mais je n’appellerais pas cela de l’amour. Tu te souviens de dame Isabel 4  ?
    — Évidemment. Cela fait à peine un an.
    — L’amour, c’est plutôt ce que dame Isabel éprouvait pour ce pauvre chevalier.
    — Mais encore ? Si je vous demande cela, c’est uniquement parce que je pense que c’est différent pour les hommes. Et ici, à Gérone, je n’ai nulle sœur que je puisse questionner.
    — Je le suppose. Si ce qu’on dit est vrai. Isabel disait qu’elle se sentait toute drôle à l’intérieur, ce qui me paraissait très désagréable à l’époque, mais… mais ce n’est certainement pas ce que j’éprouve quand je vois Daniel.
    Elle repoussa les mèches qui tombaient sur son visage.
    — Il fait chaud aujourd’hui.
    — Mais vous avez déjà connu ce sentiment 5 , fit remarquer Yusuf.
    — Tu es un petit démon ! Eh bien, oui, mais pas ici, pas en ce moment. Et cette confidence ne doit pas être répétée à papa. Cela ne ferait que l’inquiéter, et il n’y a vraiment pas de quoi. De toute façon, je suppose que je devrai me marier avec Daniel un jour ou l’autre parce qu’il faut bien épouser quelqu’un, non ? Et il est mieux que la plupart des autres jeunes gens. Ainsi, tout le monde sera content, tu ne crois pas ?
    — Et vous, le serez-vous ?
    — Je ne sais pas.
     
    C’est seulement en milieu de matinée que Daniel put trouver un prétexte valable pour aller en ville sans éveiller la curiosité de son oncle. Au début, il voulait lui expliquer que quelqu’un devait parler à Martí Gutiérrez de ses accusations insensées et, comme il le connaissait bien, qu’il s’en chargerait personnellement. Mais, à présent, l’appréhension de Raquel le dérangeait : si elle trouvait téméraire de se confronter à lui, son oncle ne verrait que folie dans cette entreprise. Esquiver lui paraissait la meilleure solution. Il quitta l’échoppe en racontant qu’il allait se procurer quelques articles, proposant en même temps de porter des messages. Bien entendu, les articles en question auraient pu être rapportés par le premier serviteur venu, et les messages n’étaient pas bien urgents. L’oncle en conclut que le jeune homme ne tenait pas en place et il l’expédia.
    Daniel marchait lentement dans la rue encombrée et préparait son entretien avec Martí. Il rassemblait ses arguments avec soin et les mettait en place, comme des pièces sur un échiquier, prêt à toute contre-attaque, à toute justification que le jeune homme pourrait avancer pour sa défense.
    Pourtant, cette confrontation minutieusement élaborée commença mal. Martí en personne se présenta au portail, les yeux bouffis et assez pâle. Dès qu’il vit de qui il s’agissait, il sourit malgré son esprit embrumé.
    — Holà, Daniel ! s’écria-t-il. C’est bien aimable à vous de me rendre visite. Venez, entrez. J’ai la tête comme une pastèque et la bouche comme un étang putride, mais je me sens déjà mieux en vous voyant. Buvez un peu de vin avec moi.
    — Non, merci, Martí, répondit Daniel en lui lançant un regard noir. Je ne boirai pas. Je voulais seulement discuter avec vous.
    Si le ton glacial de Daniel et la dureté de ses mots n’avaient pas alerté Martí Gutiérrez, sa raideur et son visage fermé l’auraient certainement fait.
    — Qu’y a-t-il ?
    — Je viens vous parler au nom d’Astruch des Mestre, dit-il, puisque c’était ainsi qu’il avait choisi d’attaquer.
    — Il vous l’a demandé ?
    La voix de Martí était déjà plus assurée.
    — Cela n’a rien à voir.
    Daniel était mal à l’aise : cette question ne figurait pas sur sa liste d’arguments.
    — Si, cela a à voir, justement. Je pensais qu’Astruch des Mestre était capable de livrer ses propres combats, Daniel.
    — Vous avez foulé aux pieds sa réputation dans toute la ville, dit Daniel en se repliant sur ses lignes. Même un homme bien équipé pour cuirasser son corps doit avoir de bons amis pour défendre son nom.
    — Et vous vous prenez pour son chevalier et protecteur, son champion ? se moqua Martí.
    La colère fit sortir Daniel des limites qu’il s’était fixées.
    — Vous l’accusez

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