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Consolation pour un pécheur

Consolation pour un pécheur

Titel: Consolation pour un pécheur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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pourquoi l’a-t-il fait ? Que voulait-il ? Et où est mon médecin ?
    — Il monte les marches, me semble-t-il, Votre Excellence. Je l’ai vu traverser la place il y a quelques instants, et il avance à une vitesse peu commune.
     
    — Je suis fatigué, Isaac, très fatigué.
    Berenguer avait regagné sa chambre et s’était allongé sur son lit. Passif, il laissait son médecin l’examiner sans faire montre de son impatience habituelle.
    — La nuit dernière, j’étais trop harassé pour dormir, et voilà aujourd’hui que la ville plonge en plein cauchemar.
    — Votre Excellence ne s’est pas bien remise de la maladie dont elle souffrait, expliqua Isaac. Je vous avais prévenu. Vous deviez garder le lit, mais au lieu de cela vous avez tenu des réunions et traité de délicats problèmes. Ce n’est pas parce que vous n’avez pas quitté le palais que vous vous êtes reposé.
    — Voilà que je viens d’apprendre que ce qui trouble cette ville est le fait de l’un de mes chanoines. Je ne puis oublier cela et me remettre au lit, Isaac.
    — Si vous ne le faites pas, Votre Excellence, vous ne guérirez jamais. Je sais que vous êtes robuste, mais les hommes les plus forts peuvent tomber malades et mourir par négligence.
    — Si Orta essaye de me tuer, il a choisi une méthode bien tordue pour y parvenir.
    — Ce n’est en aucun cas une chose qu’on pourrait lui reprocher, n’est-ce pas, Votre Excellence ?
    Berenguer réussit péniblement à se mettre en position assise.
    — Voilà une pensée qui donne à réfléchir, mon ami.
    Il ferma les yeux et retomba sur ses oreilles.
    — Alors, Isaac, que pensez-vous de ceci ? Je me reposerai jusqu’à dimanche, puisque c’est le jour où je dois parler en chaire. Me donnez-vous votre approbation ?
    — Non, Votre Excellence.
    — Non ?
    — Votre Excellence doit repousser tout effort pendant encore sept jours.
    — Sept jours, répéta Berenguer. Jusqu’à jeudi prochain. Je vais y réfléchir, dit-il après une longue pause. Ce n’est peut-être pas pratique, mais c’est envisageable.
    — Je l’espère, Votre Excellence, car si ce n’est ni pratique ni envisageable, c’est votre successeur qui risque de terminer votre œuvre.
    — Allons, Isaac, je ne me sens pas assez mal pour rester ainsi couché !
    — Cela m’importe peu. Avant de quitter le palais, je parlerai au chef cuisinier des repas que vous devrez prendre. Et vous mangerez ce qu’il vous préparera.
    — Bien, maître Isaac, dit docilement l’évêque.
    — Et je reviendrai vous voir plus tard, dans l’après-midi.

CHAPITRE XII
    Vendredi 6 juin 1354
     
    La séance régulière du conseil de la ville de Gérone avait déjà traité du grand problème du jour selon le mode consacré par l’usage qui est celui des corps constituants confrontés à une situation de crise. Pons Manet, marchand de laine placé pour un certain temps à la tête du conseil, se leva et fit un rapport sobre et concis des événements qui avaient perturbé la vie du marché, faisant remarquer sur un ton qui n’encourageait pas la discussion que les gardes s’étaient occupés des responsables et que les pertes des commerçants avaient déjà été compensées par ceux qui les avaient causées. Un soupir de soulagement parcourut la salle, et les gentilshommes ici rassemblés purent consacrer toute leur attention à des affaires correspondant davantage à leurs goûts.
    Ils venaient de se lancer dans un débat assez vif à propos des licences des colporteurs pour la foire de l’année suivante quand un événement parfaitement inédit vint bousculer leur calme habituel. Une voix suraiguë retentit soudain dans la salle de réunion, soulevant des mois de poussière – pour ne pas dire des années – et réussissant même à réveiller quelques-uns des membres les plus somnolents.
    — Je demande à être entendue !
    Les mots eux-mêmes étaient assez extraordinaires, mais qu’ils sortent de la bouche d’une jeune femme – une jolie jeune femme nommée Marta, vêtue de sa plus belle robe, certainement mise au rebut par sa jeune maîtresse – était encore plus stupéfiant. Qu’elle eût réussi à esquiver les deux gardes en faction devant la porte et à s’introduire parmi eux ne pouvait que provoquer une grande consternation parmi les graves marchands et juristes de la ville.
    — Gardes ! appela l’un d’eux.
    — Chassez-la ! s’écria un autre, puis ce fut

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