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Consolation pour un pécheur

Consolation pour un pécheur

Titel: Consolation pour un pécheur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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sentez toujours mal, maître Shaltiel. Je suis venu voir si je peux vous proposer quelque chose qui apaiserait votre douleur et votre gêne.
    — Rien ne le pourra.
    — J’ai avec moi des remèdes simples faits pour améliorer votre état. Je ne vous demande que de m’autoriser à vous les laisser.
    — À dire vrai, maître Isaac, cela me trouble de recevoir un traitement de votre part.
    — Pourquoi donc ? Si vous aviez une controverse philosophique avec le boulanger, refuseriez-vous de manger son pain ?
    — Isaac, vos arguments sont ceux d’un serpent, vous tordez la logique pour la rendre acceptable.
    — Vraiment ? Je pensais n’avoir fait qu’une simple analogie destinée à appuyer mon argument.
    — Eh bien, c’est une analogie qui tombe à plat. Les convictions philosophiques d’un boulanger – à condition qu’il en eût – n’affectent en rien la cuisson de son pain.
    — Je puis vous assurer, maître Shaltiel, que la logique d’un médecin ne joue aucun rôle dans la façon dont il broie ses herbes ou dans son toucher et son odorat. Par exemple, je sens dans cette pièce que vous avez encore de la fièvre et que votre corps a besoin d’eau. Ce n’est pas bien.
    Il fit signe à Yusuf de lui apporter son panier, dans lequel il prit un petit flacon entouré de liège.
    — J’ai ici un opiat très efficace. Quelques gouttes dans de l’eau apaiseront vos entrailles. Il vous permettra de boire, mais aussi de manger et de dormir.
    Il posa le flacon sur la table qui les séparait et fouilla à nouveau dans le panier, dont il sortit un petit paquet d’herbes sèches.
    — Si vous faites infuser ces simples dans de l’eau chaude et buvez le liquide, votre fièvre tombera et votre corps pourra rejeter la maladie dont il souffre. Ces remèdes ne doivent rien à la magie ou à la superstition. Ce sont des choses que j’ai apprises alors que je n’étais que simple apprenti, et je les ai mises maintes et maintes fois en pratique, de même que le boulanger a pétri maintes et maintes miches de pain.
    — Si je prends ces préparations, dit Shaltiel, abandonnerez-vous vos recherches futiles ? Cesserez-vous de perturber la ville et la communauté avec vos enquêtes ?
    — Me menacez-vous de maladie afin de me faire tenir tranquille ?
    — Maître Isaac, avec vos tâtonnements, vous ne faites que jeter le discrédit sur vous-même et la communauté à laquelle vous appartenez. Je vous en conjure, pensez à votre nom.
    — Qu’est-ce qui est plus important ? La vérité et la justice ou la réputation ?
    — Si vous étiez un ouvrier agricole, je répondrais la vérité et la justice, Isaac.
    — Pourquoi ?
    — Parce que peu de monde serait influencé par vos actions. Mais puisque vous êtes ce que vous êtes, les hommes voient ce que vous faites et entendent ce que vous dites. Ils croient que vous devez être dans le vrai. Ils sont convaincus de votre vertu et modèlent leurs actions sur les vôtres sans rien savoir de vos mobiles. Comme ils ne se demandent pas pourquoi vous faites ce que vous faites, la perception extérieure devient aussi importante que la réalité intérieure. Par exemple, si un dément s’assied sur une pierre dans la chaleur de juillet, emmitouflé dans une chaude cape, les gens penseront que seul un dément peut faire cela, et ils passeront leur chemin. Si un homme de sagesse et de vertu fait la même chose, ils en concluront qu’il y a de la sagesse et de la vertu dans un tel comportement et ne se demanderont pas pourquoi le sage agit ainsi. Certains iront même jusqu’à l’imiter.
    — Il y a de la profondeur dans vos propos, admit Isaac. Je ne vous promets pas de modifier mon approche, mais je m’en souviendrai.
    — Faites-vous cela sur ordre de votre ami l’évêque ?
    — Non, maître Shaltiel. Le peu que j’ai fait, c’est pour le bien de maître Astruch des Mestre et de personne d’autre. Son Excellence est aussi furieuse que vous que je fasse remonter la boue qu’elle souhaiterait voir demeurer au fond du marécage.
    — Je ne suis pas furieux, maître Isaac, mais attristé par vos actions.
    — L’air est lourd de votre colère, maître Shaltiel. Même votre apprenti s’en est aperçu et tremble au bruit de vos pas dans le couloir. Elle me fait l’effet d’une chape qui vous étouffe, et cela me chagrine d’en être la cause.
    — Êtes-vous exempt de toute colère, maître Isaac, pour réprimander ainsi quiconque

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