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Consolation pour un pécheur

Consolation pour un pécheur

Titel: Consolation pour un pécheur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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morceau de pain devant le jeune homme. Il se désintéressa alors complètement de Gualter et se mit à dévorer comme un ogre.
    « Gualter essaya un instant de l’empêcher de manger – pour éviter qu’il se fasse mal, comme il le dit lui-même – et voulut le contraindre à dire d’où il était originaire. Est-ce par générosité ou par curiosité, je l’ignore, toujours est-il que son désir d’en apprendre davantage fut une nouvelle fois frustré.
    « Le moine enfourna un autre morceau dans sa bouche, l’avala et se tourna vers son bienfaiteur. “Des montagnes”, répondit-il simplement.
    « Un autre client lui dit qu’il avait fait un rude voyage et que l’orage était peine terminé. “Je me suis fait prendre dedans, expliqua le moine qui avait juste eu le temps d’avaler une autre bouchée. Je suis resté dans les bois.” “Vous vous êtes perdu, dit un troisième, ça explique tout.” “Non, répondit le jeune homme en secouant la tête, j’ai suivi un ruisseau, mais j’ai dérapé et ai perdu mes sandales.” »
    « “Votre ordre n’exige donc pas de vous que vous alliez pieds nus par ce temps ?” lui demanda Gualter.
    « Apparemment cette remarque plongea le jeune homme dans la plus grande confusion.
    — Comme s’il ignorait de quoi l’on parlait, dit l’abbé.
    — Je pense que vous avez raison, Don Vidal. N’ayant pas découvert d’où venait ce misérable, il lui demanda son nom et proposa de l’amener ici, certain que vous prendriez soin de lui.
    — Bien entendu, murmura l’abbé.
    — Gualter conclut que ce jeune homme fébrile et blessé aux pieds n’était pas en état de continuer à marcher et il lui proposa une mule de somme. Pour le remercier de sa générosité, le moine avoua s’appeler Joaquim, sans cesser de regarder ses pieds comme s’il ne les avait jamais vus auparavant. La tenancière lui a préparé une couche bien chaude près de l’âtre en se disant, je suppose, que l’air glacial du grenier lui serait fatal.
    « Mais en fin de compte, c’est dans sa propre maison que Gualter Gutiérrez emmena le pauvre Joaquim. On l’installa dans une petite chambre peu éloignée de la cuisine, là où dormait le garçon chargé du feu. Quand la femme du marchand objecta à la présence d’un étranger dans la maison, son mari lui fit remarquer qu’il venait peut-être du monastère où l’on avait soigné leur fils, Martí. Ils appelèrent alors le médecin.
    « Dès qu’il entra dans la chambre du malade, Isaac reconnut l’odeur tristement familière de la chair en putréfaction et envoya chercher le chirurgien en expliquant que la blessure s’était infectée.
    « “Ce sont certainement ses pieds, murmura le marchand. Il a erré je ne sais combien de temps dans les bois avec de vieux haillons en guise de souliers.”
    « “Ils sont gelés, sans aucun doute. Je puis traiter sa fièvre et ses autres maux, mais le reste concerne le chirurgien.”
    « Sa fille n’eut besoin que d’un seul regard pour découvrir les orteils putrides, le quatrième et le cinquième du pied gauche. Heureusement, nulle autre chair n’était affectée.
    « La lancette du chirurgien était bien aiguisée, son œil exercé et sa main habile. Les orteils avaient disparu et la blessure avait été pansée avant même que le jeune homme eût recouvré ses esprits. Les drogues du médecin l’avaient tellement assommé qu’il n’avait même pas senti la lame.
    « Le médecin et le chirurgien firent part du résultat de leurs efforts à l’honorable marchand, lequel leur régla leurs honoraires. Dès que le médecin le jugea bon, il me contacta et je fis installer le jeune homme dans l’abbaye. Il me semble, Don Vidal, que vous vous trouviez alors à Barcelone.
    — Je crois, oui. Le jeune homme ne vous a jamais confié qu’il appartenait à l’Église ? demanda l’abbé.
    — Pas en tant de mots. S’il a effectivement tué le frère Vitalis…
    — Nous n’en avons pas la moindre preuve. Et s’il n’est pas l’un des nôtres, cela ne nous regarde pas. Cependant, si quelqu’un a besoin de notre protection, c’est bien ce jeune homme. Je lui reparlerai, plus longuement cette fois. J’ai été détourné de mes devoirs par des affaires d’État et aussi par trop de voyages. Tout comme vous, Don Berenguer. Bien, je vous laisse à présent jouir du repos et de la tranquillité, même si vous ne vous êtes accordé que peu de jours.
     
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