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Consolation pour un pécheur

Consolation pour un pécheur

Titel: Consolation pour un pécheur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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Sant Llorenç ?
    — Oui. L’abbé m’a écrit qu’ils avaient perdu un moine du nom de frère Vitalis, la quarantaine, une stature moyenne, des cheveux grisonnants. Des yeux bleus et un visage rond. Aucun rapport avec notre frère Joaquim, apparemment.
    — Apparemment.
    — Ils craignaient que Vitalis n’eût été assassiné par un jeune sacristain de Taüll, qui avait fui le village après avoir volé un objet en argent dans l’église. Selon eux, un être capable d’un tel sacrilège pouvait très bien tuer un moine de passage pour lui dérober son pain.
    — Joaquim.
    — Ils se sont renseignés sur les circonstances et m’ont écrit ce qu’ils savaient de Joaquim : il avait volé un vieux calice dans une armoire fermée à clef ou, tout au moins, la serrure avait été retrouvée forcée le jour de la disparition du jeune homme. Cela correspond bien à son récit.
    « Il semble que les poursuites après Joaquim aient tourné court quand le temps a changé brutalement et que la pluie battante a été bientôt suivie de neige. Les poursuivants sont rentrés chez eux mais Joaquim avait, semble-t-il, autant appris du renard et de la belette que du père Xavier. Il s’est trouvé un abri dans la roche et y a dormi. Les autres ont trouvé cette caverne, mais je ne saurais préjuger de la suite, ajouta Don Vidal.
    — Seriez-vous d’accord, Don Vidal, pour dire que notre jeune moine n’a en fait rien d’un moine ?
    — C’est bien possible, répondit l’abbé. Mais comme vous le savez, dans le diocèse de Ripoll, par exemple, il existe de petits établissements religieux dans les montagnes. La plupart accepteraient sans poser de questions la présence dans leurs rangs d’un jeune homme sain et robuste. La brièveté de son séjour expliquerait à la fois son manque de savoir et sa confusion générale.
    — C’est parfaitement exact. Il serait difficile de les interroger tous.
    — J’ai découvert autre chose, reprit l’abbé. Même si vous considérez que cela n’a rien d’une preuve, cela s’accorde assez bien avec ce que je sais désormais de son caractère. Vous vous en souvenez certainement, nous connûmes pendant cet hiver deux orages mémorables, l’un bien avant la Noël et l’autre juste avant la venue du printemps. Le père Xavier a révélé à l’abbé de Sant Llorenç que même la mère de Joaquim le considérait comme un voleur minable et stupide qui ne valait pas qu’on prie ou s’afflige pour lui. Le bon père et le boulanger étaient les seuls à soutenir le jeune Joaquim. Ils dirent des prières pour qu’il subsiste dans la neige qui recouvrait tout le pays.
    « Le boulanger a clamé haut et fort que Joaquim n’avait pas assez de cran pour dérober un tel objet. Il aurait pu subtiliser un gâteau s’il avait eu faim, mais il était aussi incapable qu’un chat de voler à l’église. Le père Xavier était de son avis, même s’il pensait que seules la terreur et l’estime l’auraient retenu.
    — Comme vous dites, cela n’a rien d’une preuve, mais c’est important.
    — Comment le frère Joaquim est-il arrivé chez vous vêtu en moine, Votre Excellence ?
    — C’est grâce à la charité de l’infortuné Gualter Gutiérrez. C’était vers la fin de l’hiver, en février, me semble-t-il. Gualter m’a raconté qu’il s’abritait de la férocité du temps dans une taverne située près de Figueres quand un jeune moine est arrivé inopinément. Ses pieds étaient enveloppés de haillons, son habit boueux et déchiré. Il était trempé jusqu’aux genoux et grelottait de froid ou de fièvre.
    « Selon Gualter, ce misérable moinillon se tenait près de la porte comme un rat qui se noie. Il lui suggéra d’entrer et de se réchauffer près de l’âtre. Ensuite, il commanda pour le malheureux frère une assiettée de soupe et un gobelet de vin. Quand le moine protesta qu’il ne pouvait payer, Gualter demanda à la tenancière de mettre cela sur sa note et de préparer un lit bien chaud pour le nouveau venu. Vous savez qu’il était fort généreux, ajouta l’évêque.
    — Je le reconnais, dit Don Vidal.
    — Gualter venait à peine de demander au jeune inconnu d’où il venait et pourquoi il se trouvait là…
    Berenguer s’arrêta pour s’humecter la gorge d’un peu de vin.
    — Gualter était aussi très curieux, dit sèchement Don Vidal.
    — Oui, mais au même instant, la maîtresse des lieux posa un bol de soupe et un gros

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