Consolation pour un pécheur
servante et lui tendit un petit paquet enserré dans du lin.
— Mettez ça dans une tasse et versez dessus de l’eau très chaude. Vous reviendrez ensuite.
Dès que la servante fut partie, Raquel versa un peu d’eau dans un verre, ajouta quelques gouttes de liquide prises dans un flacon et le lui tendit.
— Cela mettra un terme à la douleur. Buvez.
— Je vais avoir la nausée, dit la jeune fille.
— C’est absurde. Buvez, vous dis-je.
Elle se mit en position assise et but en grimaçant.
— Maintenant allongez-vous et couchez-vous sur le ventre.
Laura s’en étonna mais obéit. De ses doigts habiles, Raquel lui massa le bas du dos. La servante revint ; Raquel lui fit signe de poser la tasse et reprit son travail.
— Je me sens mieux, dit Laura dont la voix s’élevait et s’abaissait au rythme des mains de Raquel. Comment savez-vous ce qu’il faut faire ? Vous devez être remarquablement intelligente. Maman dit que le seul remède est de se marier et d’avoir un bébé. Je me réjouis de constater qu’il y a d’autres solutions.
— Quel âge avez-vous ? demanda Raquel en poursuivant son massage.
— Quatorze ans. Papa dit que je suis trop jeune pour me marier.
— Il a peut-être raison. C’est excellent pour certaines jeunes filles, mais la plupart font bien d’attendre quelques années.
Elle s’arrêta.
— Vous pouvez vous retourner. Votre servante peut aussi vous le faire, vous savez. Si vous préférez, elle peut également utiliser des huiles odorantes.
Laura s’assit. Raquel transvasa le liquide et le lui donna à boire.
— Elle est à maman, dit Laura. Elle ne le fera pas. Elle ne me coiffe ni ne me vêt, d’ailleurs. Elle est trop occupée par maman. Maman veut toujours être parfaite, ajouta-t-elle avec un léger ressentiment.
— Dans ce cas, demandez à la fille de cuisine. Elle est très jeune, mais elle a l’air d’avoir de solides mains, et c’est ce qui compte. Donnez-lui un sou et elle sera heureuse d’apprendre et de vous aider.
— Je savais que vous étiez celle dont j’avais besoin, dit Laura, l’air satisfait.
— Moi ?
— Oui. Je suis allée l’autre jour avec maman chez Ephraïm le gantier pour voir ce qu’ils avaient, et j’y ai vu le plus beau jeune homme qui soit – grand, avec une voix et un sourire charmants. J’y suis retournée ce matin parce que je n’avais pu me décider. Papa disait que je ne pouvais avoir qu’une seule paire de gants, pas trois. C’est là que je me suis sentie mal, et il m’a dit à quel point vous étiez habile et intelligente ; il m’a aussi conseillé de demander à maman de vous faire venir. Votre servante nous a appris que vous seriez chez maître Sebastià.
Elle eut un regard de triomphe.
— Il s’appelle Daniel.
— Oui, je sais, fit Raquel sans desserrer les dents. Il est tout à fait charmant, n’est-ce pas ?
— Je ne me sens plus mal du tout, dit gaiement Laura.
Sa pâleur avait effectivement disparu, et elle semblait prête à sortir du lit.
— Les gouttes que je vous ai données vont vous faire dormir, la prévint Raquel. Il vaut mieux que vous restiez allongée. Ensuite tout ira pour le mieux.
Raquel lui laissa trois autres paquets d’herbes antispasmodiques et descendit afin de s’entretenir avec maîtresse Alicia.
Elle fut arrêtée dans l’escalier par une voix familière. C’était Daniel, qui demandait après maîtresse Laura et lui apportait un dessin de gants qui devrait combler ses exigences.
Elle ne fut pas la seule à entendre sa voix. À l’étage, ce furent des préparatifs en toute hâte et, en moins de temps qu’on ne l’eût cru possible, maîtresse Laura, requinquée par une dose infime du remède le plus puissant de maître Isaac, passa devant elle et flotta littéralement au-dessus des marches dans une robe de soie bleue. Blonde, adorable, elle souriait à Daniel qui relevait la tête vers elle.
— Holà, Daniel, fit Raquel. Je ne m’attendais pas à vous trouver ici.
— Raquel, dit-il en s’inclinant, je ne suis pas surpris de vous voir. J’ai incité maîtresse Laura à vous envoyer chercher. Et vous l’avez admirablement soignée, comme chacun peut le voir, ajouta-t-il galamment.
— Merci, répondit-elle avec froideur. Maîtresse Alicia, puis-je avoir un mot avec vous ?
Elle prit à part la maîtresse des lieux afin de lui expliquer ce qu’elle avait fait.
— J’ai laissé un peu de cette préparation. Si
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