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Consolation pour un pécheur

Consolation pour un pécheur

Titel: Consolation pour un pécheur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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peut-être alors ce que c’est que de souffrir !
    — Non, répondit une voix calme, je ne crois pas que je le saurai. Selon vous, je serai mort, c’est bien cela ?
    Martí se détourna de la maison et se retrouva face à face avec Raquel.
    — Ah, j’aurais dû savoir que je trouverais ici la sorcière et l’assassin, réunis sous le même toit.
    Il tendit vers elle un doigt accusateur.
    — Vous êtes aussi dans le coup, n’est-ce pas, maîtresse Raquel ? Vous et votre père, vous rampez de maison en maison à guetter les secrets des gens, à espionner et à arracher des confidences à des veuves sans défense !
    — Mon père ne rampe pas, maître Martí, dit Raquel avec beaucoup de dignité malgré la fureur qui l’animait. Et votre mère est loin d’être une veuve sans défense. En vérité, elle est bien moins misérable que vous. Vous êtes ivre, maître Martí, et il n’est même pas midi.
    — J’ai le droit de m’enivrer. Après tout ce qui m’a été fait, Dieu du ciel, j’en ai le droit. Et vous, chienne, sorcière, vous parlez comme votre ami l’évêque avec vos sermons. Où avez-vous appris à prêcher comme ça, maîtresse ? Dans son lit ?
    Un rugissement retentit derrière Raquel et Daniel, entré à temps dans la cour pour entendre le commentaire de la jeune fille et la réponse de Martí, fit brusquement irruption.
    — Vous n’êtes qu’un immonde menteur, Martí Gutiérrez ! cria-t-il.
    D’un pas rapide, il traversa la cour, saisit Raquel par les épaules pour l’écarter et frappa Martí au visage.
    — Arrêtez !
    La voix qui venait de retentir dans la salle commune était celle de maître Vicens. Il fit son apparition et saisit le bras levé de Martí.
    — Prenez-lui l’autre bras, Daniel ! Pere, rugit-il à l’adresse du portier qui apparut comme par enchantement, colle-moi ce chiot bruyant dans la fontaine jusqu’à ce qu’il dessoûle et s’en aille retrouver sa mère. Envoie chercher Enric si tu as besoin d’aide.
    — Je ne devrais pas en avoir besoin, maître.
    Pere saisit Martí qui se débattait par le col et par le haut de ses chausses, puis il le poussa dans le bassin.
    — Soyez la bienvenue, maîtresse Raquel, dit Vicens. Vous aussi, maître Daniel. Vous êtes tous les deux les bienvenus. Je vous prie de m’excuser pour cet accueil plutôt tumultueux.
     
    Il les conduisit dans un petit salon où sa femme était installée. Élégamment vêtue et fort bien coiffée, elle cousait avec sérénité. Il les invita à s’asseoir et demanda qu’on leur porte un verre de vin.
    — Je sais que nous venons d’assister aux effets déplorables que peut engendrer un excès de vin à une heure aussi matinale, et ce fut un incident navrant, dit-il. Je pense que maîtresse Raquel devrait prendre quelque chose.
    — Je ne suis pas affectée, maître Vicens, répondit Raquel bien que son voile eût légèrement glissé, révélant la pâleur de son visage. Je me rends compte que maître Martí prend très mal la mort de son père et veut trouver quelqu’un qu’il puisse blâmer.
    Elle se rappela soudain pourquoi elle était venue.
    — Après tout, la ville entière ne parle plus que de cette terrible affaire, il convient donc de pardonner…
    — Il doit tout de même apprendre à se montrer discret dans ses accusations, dit maître Vicens en lui tendant un gobelet de vin coupé d’eau. Nous avons tous conscience qu’elles sont absurdes.
    — Chacun sait qu’on ne peut prendre pour argent comptant les propos d’un ivrogne, renchérit Raquel qui pensait aux accusations de meurtre.
    — Vous faites preuve de beaucoup de sagesse, maîtresse Raquel, pour quelqu’un de si jeune.
    Elle comprit à son regard qu’il croyait qu’elle faisait allusion aux accusations lancées contre sa vertu, et ses joues s’empourprèrent.
    — Pas aussi jeune que maître Martí, toutefois. C’est sa jeunesse, je pense, qui le rend si impétueux, si irréfléchi…
    — C’est vrai. Oh, à propos de jeunesse, n’ai-je pas aperçu votre apprenti dans la cour ? Il n’a certainement pas été effrayé par cette pénible scène ?
    — Je ne le pense pas, maître Vicens. Il doit se trouver dans la cuisine. Il a la déplorable habitude d’y pénétrer et de gagner l’affection des cuisinières les plus endurcies.
    — Il est le bienvenu à la cuisine, intervint maîtresse Alicia. Même s’il n’est pas vraiment à sa place là-bas. N’est-il pas le

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