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Consolation pour un pécheur

Consolation pour un pécheur

Titel: Consolation pour un pécheur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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pupille de Sa Majesté ?
    — Effectivement, mais il aime jouir de la liberté de la cuisine, autant que des agréments de la salle commune.
    — C’est encore un enfant.
    Sur ce, maîtresse Alicia retomba dans le silence.
    — Je crains que votre maison n’ait été terriblement perturbée par ce malheureux incident, dit Raquel.
    — C’est vrai, répondit Vicens, mais de nos jours nous avons l’habitude de ce genre de chose, n’est-ce pas, ma mie ?
    — Je le crains, oui, lâcha maîtresse Alicia.
    — Mais j’ai affaire avec maître Daniel à propos d’une paire de gants et vous, me semble-t-il, êtes venue voir ma fille. Vous la trouverez en meilleure santé, je pense.
     
    Un personnage vêtu d’une longue cape et un franciscain de taille moyenne déambulaient en conversant autour du palais épiscopal. Ils empruntèrent la ruelle menant aux cuisines et franchirent une porte étroite sans se faire remarquer.
    — Son Excellence sera très heureuse de vous voir, maître Isaac, déclara le frère dès qu’ils eurent refermé la porte derrière eux.
    — Votre évêque va-t-il mieux, ce matin, père Bernat ?
    — Il est irritable et ne tient pas en place, répondit le secrétaire de Berenguer. Il va bien mieux, dirais-je. J’espère que vous aurez le temps de disputer une partie d’échecs.
    Sur ce, il l’entraîna dans le petit escalier en colimaçon qui menait à la chambre à coucher de Son Excellence.
    Pendant ce temps, dans le reste du palais, le travail n’avançait guère. Ceux qui faisaient semblant de s’affairer abandonnaient tout dès qu’ils croyaient entendre des pas venir dans leur direction : chacun voulait être le premier à apprendre la nouvelle de la disparition de Son Excellence.
     
    Raquel laissa maître Vicens dans un état de grande irritation. Au milieu de la cour, elle se rendit compte qu’elle n’avait pas appelé Leah ni fait savoir à Yusuf qu’elle s’en allait. Son odorat la conduisit jusque dans la cuisine. Ils étaient assis à table, comme elle s’en doutait, à boire, manger et cancaner. Oubliant pourquoi son père voulait qu’ils se mêlent ainsi aux serviteurs, elle leur cria qu’elle partait, et ils coururent derrière elle.
    Daniel sortit de la maison alors qu’ils traversaient la cour.
    — J’espère que vous vous êtes remise, Raquel, dit-il avec sollicitude.
    — De quoi ?
    — Il a dit sur vous des choses impardonnables. J’en ai été contrarié.
    — Oh, cela ? Il était ivre. Et bête à manger du foin. Je ne vois pas qui pourrait le prendre au sérieux.
    En l’absence du portier, la fille de cuisine ouvrit le portail et ils prirent la direction du Call.
    — Avez-vous trouvé maîtresse Laura plus mal que vous ne le pensiez ? demanda Daniel, soucieux.
    — Elle n’a absolument rien. Des problèmes féminins. Beaucoup de bruit pour pas grand-chose. Ne vous inquiétez pas, la prochaine fois que vous viendrez, elle sera tout sourires. Comme elle aurait dû l’être aujourd’hui, cracha-t-elle, si sa mère ne l’avait pas obligée à garder la chambre jusqu’à mon arrivée.
    Elle s’éloigna brusquement en marmonnant :
    — Bien, je dois rentrer. Il se fait tard. Je ne pensais pas passer un tel temps chez maître Vicens.
    Elle partit d’un si bon pas que Leah dut courir derrière elle.
    Daniel la regarda, interloqué.
    — Qu’est-ce que cela signifie ?
    — Je pense le savoir, maître Daniel, dit Yusuf, mais je n’en suis pas certain. Et puis je peux me tromper.
    — Préviens ton maître que j’aimerais l’entretenir de quelque chose.
    — De quoi ?
    — Tu es bien curieux, toi. C’est à propos de Joaquim. Le moine. Ah, ça t’étonne, hein ?
    Sur ce, il rentra tranquillement chez lui.

CHAPITRE XVIII
    Jeudi 12 juin, fête du Corpus Christi
     
    Le temps était radieux et un petit vent frais venait heureusement modérer les ardeurs du soleil. Un jour parfait pour célébrer le Corpus Christi, et une foule de citadins parés de leurs plus beaux atours se pressait vers la cathédrale.
    Tous étaient curieux de voir qui célébrerait la sainte messe, et plus curieux encore de découvrir qui prononcerait le sermon à la place de Son Excellence. S’il s’agissait du père Francesc, c’est que la prédication et les ordres émanaient toujours de l’évêque en personne. Si c’était quelqu’un d’autre – quelqu’un que l’on ne voyait pas habituellement dans l’entourage de Berenguer –,

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