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Conspirata

Conspirata

Titel: Conspirata Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Harris
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son vestibule. Ses esclaves
paraissaient parfaitement habitués à recevoir leur maître dans cet état et,
tandis que nous prenions congé, l’un d’eux lui renversa un broc d’eau sur la
tête.
    Quintus et Atticus nous attendaient à la maison, et Cicéron
leur raconta brièvement ce qu’il avait appris d’Hybrida. Quintus aurait voulu
que l’affaire soit aussitôt rendue publique, mais Cicéron n’était pas
convaincu.
    — Et ensuite ? questionna-t-il.
    — La loi suivra son cours. Les coupables seront accusés
publiquement, poursuivis, déshonorés et exilés.
    — Non, dit Cicéron. Une plainte n’a aucune chance d’aboutir ;
et puis, qui serait assez fou pour lancer des poursuites ? Et si, par
miracle, une âme courageuse, voire téméraire, cherchait à s’en prendre à
Catilina, où trouverait-elle des preuves pour l’accuser ? Hybrida refusera
de témoigner, même avec une promesse d’impunité… tu peux en être certain. Il
niera tout simplement que quoi que ce soit ait eu lieu et rompra son alliance
avec moi. Et puis souviens-toi que le cadavre n’existe plus. En fait, j’ai déjà
prononcé une petite allocution pour assurer à la foule qu’il n’y avait pas eu
de meurtre rituel.
    — Alors, on ne fait rien ?
    — Non, on observe, répondit Cicéron, et on attend. Il
faut que nous trouvions un espion dans les rangs de Catilina. Il ne fera plus
confiance à Hybrida.
    — Nous devrons aussi prendre des précautions
particulières, intervint Atticus. Combien de temps les licteurs resteront-ils
avec toi ?
    — Jusqu’à la fin janvier, quand ce sera au tour d’Hybrida
de prendre la présidence du sénat. Ils reviendront avec moi en mars.
    — Je suggère que nous demandions à l’ordre équestre des
volontaires pour assurer ta protection en public pendant l’absence des
licteurs.
    Cicéron tiqua.
    — Une garde personnelle ? Les gens vont dire que
je me donne de grands airs. Il faudrait que ce soit fait discrètement.
    — Ce sera discret, ne t’inquiète pas. Je m’en charge.
    Ce fut donc décidé et, en attendant, Cicéron entreprit de
chercher un agent susceptible de gagner la confiance de Catilina pour rapporter
ensuite secrètement ce qu’il préparait. Il aborda le sujet quelques jours plus
tard avec le jeune Rufus. Il invita celui-ci chez lui et commença par s’excuser
pour la grossièreté dont il avait fait preuve après leur dernier dîner
ensemble.
    — Tu dois comprendre, mon cher Rufus, expliqua-t-il en
le tenant par les épaules tout en marchant autour de l’ atrium , que les
vieux ont fâcheusement tendance à continuer de voir les jeunes tels qu’ils
étaient plutôt que tels qu’ils sont devenus. Je t’ai traité comme le gamin
écervelé qui est arrivé chez moi il y a trois ans alors que je me rends compte
à présent que tu es un homme de presque vingt ans qui fait son chemin dans le
monde et mérite davantage de respect. Je suis sincèrement désolé de t’avoir
offensé et j’espère que tu ne m’en tiendras pas rigueur.
    — La faute était la mienne, rétorqua Rufus. Je ne
prétendrai pas que je suis d’accord avec ta politique. Mais l’amour et le
respect que je te porte demeurent intacts, et je ne me laisserai plus aller à
penser du mal de toi.
    — C’est un brave garçon, commenta Cicéron en lui
pinçant la joue. Tu as entendu ça, Tiron ? Il m’aime ! Alors, tu n’aurais
pas envie de me tuer ?
    — Te tuer ? Mais bien sûr que non ! Où as-tu
trouvé une idée pareille ?
    — Certains de ceux qui partagent tes idées parlent de
me tuer – Catilina, pour ne nommer que celui-ci.
    — Tu en es certain ? Je ne l’ai jamais entendu
mentionner quoi que ce soit de ce genre.
    — Eh bien, il a pourtant bel et bien parlé de son
intention de me tuer, et si jamais il recommençait, je te serais gré de m’en
avertir.
    — Oh, je vois, dit Rufus en regardant la main de
Cicéron sur son épaule. C’est pour ça que tu m’as fait venir : pour me demander
d’être ton espion.
    — Pas un espion, corrigea Cicéron, un citoyen loyal. À
moins que notre république ne soit tombée si bas que le meurtre d’un consul
compte moins que l’amitié ?
    — Jamais je n’assassinerais un consul ni ne trahirais
un ami, répliqua Rufus d’une voix suave en s’écartant de l’étreinte de Cicéron,
et c’est pourquoi je suis si content que le voile soit levé sur notre amitié.
    — Excellente réponse de juriste,

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