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Constantin le Grand

Constantin le Grand

Titel: Constantin le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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pour que le fils de Constance Chlore succédât à son père qui ne les avait jamais persécutées. Et il en allait de même pour tous les chrétiens de Gaule.
    Que Christos protège Constantin ! répétaient-ils.
    Je savais que dans les provinces d’Orient, de celles d’Asie à celles de Syrie ou d’Égypte, de la Phrygie à la Bithynie, l’empereur Galère et le césar Maximin Daia, de même que le césar Sévère en Illyrie, continuaient d’appliquer avec une cruauté chaque jour plus perverse les édits de Dioclétien.
    Je rêvais que Constantin rassemble autour de lui tout l’Empire, et il me semblait que le dessein de Dieu avait commencé de s’accomplir, que le triomphe de Christos était proche, et que par Constantin l’Empire en son entier serait chrétien.
    Je fermais les yeux, imaginant une voie droite sur laquelle nous avancions. J’oubliais que les hommes tâtonnent dans un labyrinthe et errent longtemps avant de trouver l’issue qu’éclaire pourtant la lumière de la foi.
    Mais je refusais de le voir, comme si mon rêve m’éblouissait.
    Comme si Constantin était déjà un fidèle serviteur de Christos.
    Un jour, mes yeux se sont ouverts et j’ai découvert que nous étions encore au cœur du labyrinthe.
     
    Nous avions regagné Trêves, la capitale. Devant la porte de Germanie à laquelle menait le pont de la Moselle, j’ai vu Hélène, la mère de Constantin. Elle avait réussi à s’enfuir de Drepanum, à échapper à la surveillance des prétoriens de Galère et de Maximin Daia. Près d’elle se tenaient Crispus et Minervina, le jeune fils et l’épouse de Constantin. Autour d’eux, la foule des Trévires, les tribuns, les centurions acclamaient l’empereur, Constantin le vainqueur.
     
    J’ai vu s’avancer un homme enveloppé d’une longue tunique blanche. Je devinai aussitôt qu’il s’agissait d’Hésios, un Grec, le grand prêtre de Sol invictus . Cet homme maigre aux yeux enfoncés dans un visage émacié était entouré de desservants qui portaient dans leurs bras, comme s’il s’était agi de nouveau-nés, des agneaux aux pattes entravées.
    Hésios s’est approché de Constantin. Il s’est mis à parler d’une voix si forte, scandant chaque mot, qu’on ne pouvait imaginer qu’elle émane de ce corps si frêle.
    Il a dit :
    — Constantin, toi que Jupiter a choisi pour gouverner le genre humain, toi, fils de Constance, empereur pieux et sage qui se trouve aujourd’hui dans l’empire de Sol invictus parmi les dieux, honore les dieux et ton père en sacrifiant à Jupiter, à Sol invictus .
    Mes yeux se sont dessillés.
     
    J’ai laissé Constantin pénétrer dans le temple d’Apollon, précédé par Hésios et suivi par les desservants. Et j’ai entendu les bêlements des animaux que l’on sacrifiait.
    La plèbe de Trêves avait elle aussi rendu grâce à Jupiter et à Sol invictus . Je me suis éloigné, ne retrouvant en moi la paix et l’espérance qu’au moment où je découvris, par-delà les fortifications de la ville, loin des temples élevés à Apollon, à Jupiter, à Isis, à Cybèle, à l’écart des lieux de sacrifices et du grand amphithéâtre fortifié où Constantin avait annoncé qu’il donnerait des jeux, quelques frères et sœurs vivant entre eux leur foi en Christos.
    Il s’agissait de marchands syriens et grecs que Constance Chlore, qu’ils appelaient aussi Constance le Pieux, avait protégés de la haine de la plèbe. À plusieurs reprises, quand avaient été connus les édits de Dioclétien, les Trévires avaient réclamé que les chrétiens fussent jetés aux bêtes. Mais Constance Chlore avait fait trancher la langue des délateurs et les mains des persécuteurs.
    Cyrille le Syrien, un homme jeune aux yeux verts prolongés de fines rides qui donnaient l’impression qu’il avait toujours le visage souriant, m’a demandé de me souvenir, chaque fois que je douterais de Constantin, des actes de son père.
    — Il n’était pas disciple de Christos, mais il nous laissait semer. Les empereurs sont ainsi : ils vont là où se trouvent les plus belles moissons, les croyants les plus nombreux. Ce sont toujours des chefs de guerre : ils veulent des alliés et des armées.
     
    J’ai regagné le palais impérial, non loin de la porte de Germanie.
    J’ai vu Hésios assis auprès de Constantin.
    J’ai appris que des messages de l’empereur Galère étaient parvenus à Trêves, porteurs des décisions de celui-ci.

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