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Constantin le Grand

Constantin le Grand

Titel: Constantin le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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pénombre, je devinais des fauves broyant entre leurs crocs des nuques, labourant de leurs griffes des torses et des visages.
    Tout à coup, je me heurtais à une haute silhouette dont je reconnaissais peu à peu les traits altiers, le nez busqué, la grosse tête, le cou large et court, si bien que la mâchoire du bas semblait prise entre les épaules.
    C’était Constantin le Grand auquel je tendais la main.
    Il la saisissait et je le guidais dans le labyrinthe qui, à chacun de nos pas, s’élargissait, cependant que les cris s’éloignaient, s’effaçaient.
    Enfin c’était l’issue, et, devant moi, une étendue paisible, comme une immense plaine qu’un ciel nocturne mais lumineux éclairait. Et je voyais les étoiles dessiner les deux dernières lettres grecques du nom de Christos, une croix traversée par une ligne verticale recourbée à l’une de ses extrémités.
    Je fixais ce signe.
     
    Il m’éblouissait, mais je distinguais à l’horizon la silhouette de Constantin que la croix stellaire paraissait guider et protéger.
    Je me réveillais, me précipitais pour scruter le ciel, mais les nuages dérivant le long de la vallée du Rhin occultaient les étoiles.
     
    Ce rêve quotidien occupait toutes mes pensées.
    Lorsque j’accueillais les chrétiens qui arrivaient de l’une ou l’autre des provinces d’Orient, d’Illyrie ou de Bithynie, de Phrygie ou de Syrie où ils continuaient d’être pourchassés, traqués, suppliciés, il me semblait qu’ils venaient de s’échapper de ces dédales et de ces salles que j’avais traversés au cours de la nuit.
    Je me devais de les aider.
    Je m’approchais de Constantin, tentais de lui parler, mais Hésios, son grand prêtre, retenait toute son attention. Il s’adressait à Constantin comme s’il s’était agi d’un dieu, d’Apollon ou bien d’une incarnation de Sol invictus , voire de Jupiter.
    Il lui disait :
    — Notre rempart, ce ne sont pas les tourbillons du Rhin, c’est la terreur que ton nom inspire. Les dieux t’ont choisi, Constantin le Grand !
    À peine si celui-ci m’effleurait du regard.
     
    Qu’aurais-je pu dire de différent ?
    N’étais-je qu’une voix parmi d’autres ? Mon dieu n’était-il que l’un des innombrables dieux de Rome ? et même le moins ancien ?
    Je devinais que Constantin, dans sa lutte contre les empereurs Galère et Sévère et contre le césar Maximin Daia, pensait avoir besoin de tous les dieux, des croyants de toutes les religions, de Jupiter autant que de Christos.
    Il comptait sur eux pour renforcer son pouvoir et il sollicitait les avis de tous les prêtres, Hésios étant le plus écouté parce que serviteur de Jupiter et de Sol invictus , l’empereur des dieux romains.
     
    Moi, Denys le chrétien, je devais ma force à la toute-puissance de Christos et à la fidélité des chrétiens dont les communautés, présentes dans toutes les provinces de l’Empire, renaissantes là où la persécution avait cru les extirper, m’envoyaient des messagers qui me renseignaient mieux que les espions de Constantin.
    C’est grâce aux lettres que me fit parvenir Marcel, nouvel évêque de Rome, que je pus un jour m’avancer vers Constantin après avoir écarté Hésios, et raconter ce qui était survenu à Rome et en Italie, ce dont personne encore ne lui avait fait le récit.
     
    À Rome, Maxence, fils de Maximien, avait soudoyé les prétoriens, soulevé la plèbe contre l’empereur Sévère. Depuis le règne commun de Dioclétien et de Maximien, les soldats et les citoyens de Rome étaient dévorés par la colère. Rome n’était plus dans Rome. L’empereur d’Orient – Galère, après Dioclétien – vivait dans son palais de Nicomédie. L’empereur d’Occident – Sévère, après Maximien et Constance Chlore – gouvernait ses provinces depuis Milan ou depuis Trêves, que Constantin avait transformée en capitale, y élevant des constructions immenses et jetant un pont sur le Rhin.
    Le Tibre n’était plus qu’un ruisseau, comparé au Rhin, au Danube, au Tigre et à l’Euphrate.
    Plus personne à Rome ne payait les prétoriens, ne se souciait des sénateurs ni n’offrait de pain et de jeux à la plèbe.
    Maxence avait promis à tous ces mécontents le retour de la grandeur de la ville.
    Par une nuit d’octobre 306, il avait ordonné le massacre des partisans de Sévère, l’empereur légitime.
    Il s’était fait attribuer par le Sénat le titre de princeps , et le

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