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Constantin le Grand

Constantin le Grand

Titel: Constantin le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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qui contrôlait les terres à blé, les moissons nécessaires à l’alimentation de Rome et d’une grande partie de l’Empire.
    Les chrétiens de la province de Syrie m’apprenaient que le césar Maximin Daia, neveu de l’empereur Galère, s’était proclamé empereur d’Antioche, et les cohortes et la plèbe l’avaient acclamé. Devant les temples, il avait sacrifié aux dieux de Rome pour les remercier et appeler sur lui leurs bienfaits et leur protection.
     
    C’était l’automne tourmenté et pluvieux, glacé déjà, de l’an 308.
    Nous avions quitté Arles pour Trêves sous un ciel noir.
    Dioclétien, le vieil empereur, avait réuni autour de lui, dans la ville de Carnuntum, au bord du Danube, ceux qui prétendaient au titre d’empereur. Il avait suffi que trois années s’écoulent après son abdication pour qu’à l’ordre de la tétrarchie succède le chaos.
    Constantin n’avait pas voulu se rendre à Carnuntum, même si les soldats de cette ville de garnison lui étaient dévoués. Il savait qu’il n’était que trop facile de tuer un homme loin des regards.
    Lorsqu’il a appris que Dioclétien, lui qui ne disposait plus d’aucun pouvoir, avait décrété que seuls seraient empereurs Maximien, Galère et Licinius, j’ai vu son visage rosir et une moue de dégoût et de colère déformer sa bouche.
    À cet instant, Hésios, qui se tenait auprès de lui, a lancé d’une voix mal assurée :
    — Les dieux de Rome t’ont fait empereur !
    Je me suis alors avancé. J’ai défié Constantin du regard.
    J’étais l’eau souterraine qui tout à coup jaillit.
    J’ai dit :
    — Les dieux païens ont aussi choisi six autres empereurs ! Tu n’es, si tu les crois, que le septième.
    J’ai vu les doigts de Constantin se crisper, et, comme pour contenir sa fureur, il a croisé les bras, gardant les poings serrés.
    — Tu veux être l’Unique sur cette terre, comme il n’existe au-dessus d’elle qu’un Dieu unique ? ai-je poursuivi. Alors, n’oublie pas Christos, le Tout-Puissant, le Ressuscité, et tu seras ce à quoi tu aspires : Constantin le Grand, empereur du genre humain !

 
     
     
     
     
QUATRIÈME PARTIE

 
     
16
    J’avais semé dans l’âme de Constantin, mais j’ai dû attendre longtemps avant que la moisson ne lève.
    Et j’ai craint que Constantin ne refuse de choisir entre les dieux païens et Christos, qu’il ne continue de sacrifier à Jupiter et à Sol invictus , qu’il n’écoute Hésios vénérer et célébrer en lui Apollon.
    Constantin veillait même à tenir la balance égale entre Hésios et moi, invitant chacun de nous à s’asseoir à ses côtés dans la grand-salle du palais impérial, à Trêves.
    Il restait entre nous, immobile, fixant les flammes qui crépitaient, bleutées, dans la cheminée. L’écorce des énormes troncs qui se consumaient éclatait souvent, laissant jaillir des poignées d’étincelles.
    — La chaleur vient de toutes les flammes, murmurait Constantin. On ne peut choisir l’une contre l’autre.
    Il ne tournait la tête ni vers moi ni vers Hésios.
    Mais Hésios l’approuvait. Chaque dieu avait sa place et jouait son rôle dans l’Univers, disait-il, même si Jupiter et Sol invictus régnaient sur toutes les autres divinités. Mais aucune ne devait être exclue.
    — Toutes les flammes, tous les dieux, Constantin, répétait Hésios. Tu parles avec la sagesse du Pontifex Maximus que tu es, et bientôt tout l’Empire te reconnaîtra.
     
    Je me taisais. Je savais que l’heure n’était pas encore venue pour moi de proclamer une nouvelle fois que la croyance au Dieu unique, à Christos, homme et Dieu, mortel et ressuscité, excluait toutes les autres.
    Je comprenais que Constantin ne souhaitait pas choisir entre les flammes, qu’il ne distinguait pas la plus haute, la plus pure, qu’il était de ceux qui croient enrichir leur récolte en ne séparant pas le bon grain de l’ivraie païenne.
    Je ne pouvais exiger cela de lui.
    Les graines de la foi en Christos n’avaient pas encore percé la croûte terrestre. Le blé n’apparaissait pas encore différent de l’herbe râpeuse ; l’épi, de la ronce.
    Je devais donc rester auprès de lui dans ces courtes journées et ces longues nuits noires de l’hiver 309.
     
    Nous quittions souvent le palais impérial pour chevaucher le long du Rhin afin de traquer les hordes d’Alamans, de Bauctères, de Goths, de Chamaves, de Chérusques qui traversaient le

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