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Constantin le Grand

Constantin le Grand

Titel: Constantin le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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tourmente, qui s’est senti vaciller, sur le point d’être emporté et brisé.
    Et qui savait dans sa chair et son âme que l’homme est faiblesse.
     
    Je me suis agenouillé près de lui.
    Je l’ai entendu sangloter, penché sur le corps de sa mère qui avait succombé à l’épuisement en Illyrie alors qu’elle regagnait Rome, messagère du pardon de Dieu.
    Près du corps d’Hélène Augusta, j’ai prié devant les reliques.
    La dernière épreuve avait été franchie.
    La religion de Christos était désormais celle de l’empire du genre humain.
    — Je suis seul, a murmuré Constantin. Ma mère, ma sainte mère est morte !
    J’ai répondu, en lui prenant les mains :
    — Tu es face à Dieu.

 
     
     
     
     
SÉPTIÈMÉ PARTIÉ

 
     
31
    J’ai espéré que Constantin le Grand, dans les jours qui ont suivi la mort de sa mère, demanderait à recevoir le baptême.
    Je me suis agenouillé près de lui devant le corps d’Hélène Augusta que les embaumeurs avaient déposé dans un cercueil tapissé de soie blanche.
    Autour de nous, dans la nef de la basilique que Constantin avait fait construire près du palais impérial de Nicomédie, les fidèles venus de toutes les provinces d’Orient priaient pour celle qu’ils appelaient la sainte mère de l’empereur, qui avait trouvé un morceau de la Vraie Croix et obtenu de Christos qu’il pardonne à Constantin les fautes – les crimes ! – que celui-ci avait pu commettre.
    Puis j’ai marché à quelques pas derrière l’empereur et nous avons suivi, avec la foule des croyants, le cercueil d’Hélène Augusta jusqu’à ce navire qui devait transporter sa dépouille à Rome, comme elle l’avait souhaité.
    J’ai été surpris que Constantin ne voulût pas l’accompagner et quand la trirème eut disparu, engloutie par le bleu sombre du ciel d’hiver de cette trois cent vingt-huitième année après la naissance de Christos, j’ai cru qu’il allait enfin prononcer les paroles que j’attendais : « Je veux être un fidèle parmi les fidèles » – et je savais, pour l’avoir tant de fois imaginé, que je lui répondrais : « Tu vas être le plus illustre des chrétiens, celui que Dieu a choisi pour guider tout le genre humain vers la juste religion. Tu seras le treizième apôtre ! »
    Mais, tête baissée, Constantin est resté silencieux. Puis, se tournant vers moi, le visage fermé, une ride que je ne lui connaissais pas partageant son front par le milieu, il a murmuré :
    — Si Dieu me laisse encore quelques années de vie, je Le prierai au milieu des fidèles.
     
    Il s’est éloigné à grands pas comme s’il avait voulu m’empêcher de répondre, de lui crier que Dieu n’était pas son égal, non plus qu’une sorte de prince étranger, de chef barbare ou de roi perse avec qui on négocie une trêve, on signe un traité, on échange des territoires, des biens, des prisonniers.
    À Dieu, heureux de s’offrir à Lui, de Lui exprimer ainsi sa gratitude, on donnait sa joie d’être accueilli parmi Ses fidèles !
    Mais Constantin le Grand pouvait-il comprendre ou ressentir cela ?
     
    Je l’ai rejoint. Il n’a pas daigné me regarder, et je me suis tu.
    J’ai jaugé ce qu’il pouvait nous apporter, à nous chrétiens, même s’il se refusait à entrer dans la vasque sainte, à s’incliner devant le pape ou l’évêque, à marquer ainsi, par l’intermédiaire d’un homme représentant l’Église, qu’il se soumettait à Dieu.
    Mais il ne me suffisait pas de voir son visage osseux, ce menton prognathe, ce nez bosselé, ce front haut, cette tête lourde, et de me souvenir qu’il avait été l’obstiné, le têtu, le déterminé « Trachala », pour savoir qu’il ne ferait acte de soumission qu’au moment où il quitterait la vie, restant jusqu’à cet instant – ou croyant rester – maître de son destin, choisissant l’Église chrétienne comme celle de l’Empire, mais respectant les autres dieux, Jupiter, Apollon, Sol invictus , écoutant Hésios qui lui répétait que le Dieu unique avait plusieurs visages, qu’il était à la fois Christos, le Crucifié, et l’Apollon radieux.
    Je devais, nous devions, nous, chrétiens, l’accepter pour le bien de notre Église.
     
    J’ai donc marché près de Constantin dans les rues de ce village de Drepanum où sa mère était née, où il avait connu Minervina, sa première épouse, qui lui avait donné son premier fils, ce Crispus dont il avait

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