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Contes populaires de toutes les Bretagne

Contes populaires de toutes les Bretagne

Titel: Contes populaires de toutes les Bretagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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qu’elle se trouvait juste à l’endroit où la croix donnait l’ombre, de
onze heures à minuit, lorsque c’était la pleine lune. Mais le trésor était
gardé par le diable, et si l’on voulait s’en emparer, il fallait compter avec
lui.
    Trois hommes de la paroisse, forts et courageux, avaient,
comme beaucoup d’autres, entendu parler de ce trésor. Ils passaient, un soir en
chantant, auprès de la dite croix, en revenant du bourg où ils avaient goûté le
cidre dans toutes les tavernes. Comme ils étaient quelque peu fatigués , c’est-à-dire légèrement pris de boisson, ils
n’en étaient que plus hardis.
    — C’est ici, dit l’un d’eux, que se trouve une barrique
pleine d’or.
    — Oui, dit le second. J’ai entendu raconter cela, mais
ça doit être une farce.
    — On pourrait toujours essayer de la découvrir, dit le
troisième. Ainsi nous saurons si c’est une farce.
    — En effet, dit le premier, on pourrait essayer, mais
c’est dangereux, d’après ce que j’ai entendu raconter. Si vraiment c’est le
diable qui garde ce trésor, nous courons un gros risque.
    — Tant que je ne saurai pas ce qu’il y a exactement, je
ne serai pas satisfait, reprit le troisième. Si vous voulez m’accompagner tous
les deux, nous viendrons demain avec chacun notre pioche, et nous verrons ce
qu’il en sera. Mais puisque nous sommes ici ce soir, il faut regarder à quel
endroit exact la croix donne de l’ombre : c’est la pleine lune, c’est donc
le moment qu’il faut.
    À ce moment, l’horloge du bourg sonna onze heures.
    Les trois compagnons attendirent, et quand il fut près de
minuit, ils marquèrent l’emplacement parcouru par l’ombre. Puis ils s’en
allèrent.
    Tout en marchant, l’un d’eux dit :
    — Pour mener à bonne fin notre entreprise, il faudrait
que le recteur soit avec nous : c’est un homme fort instruit et un malin
qui pourrait écarter mieux qu’aucun d’entre nous les méchants tours que le
diable nous jouerait.
    Cette idée parut très bonne et elle fut acceptée par les
deux autres. Le lendemain, les trois compères se rendirent chez le recteur à
qui ils exposèrent le sujet de leur visite.
    Après les avoir écoutés, celui-ci leur dit :
    — Il paraît en effet qu’il existe un trésor au pied de
cette croix, juste à l’endroit dont vous parlez. Vous avez eu raison de venir
me trouver, car si vous étiez allés le déterrer sans moi, vous n’auriez
certainement pas réussi et il vous serait arrivé malheur. Voici ce qu’il faut
faire : deux d’entre vous se muniront d’une pioche, l’autre prendra une
pelle. Nous nous rendrons tous les quatre à l’endroit indiqué de façon à ce que
nous soyons prêts à commencer le travail à dix heures. Pendant que vous
creuserez, moi je lirai dans mon livre et j’en ferai encore plus que vous trois
ensemble. Mais quoi que vous voyiez, quoi qu’on vous dise, ne répondez jamais
rien, ne faites attention qu’à votre travail. À cette condition, tout ira bien.
    Le soir venu, les trois hommes allèrent chercher le recteur,
et tous quatre, ils se rendirent auprès de la croix. Ils y arrivèrent au moment
où l’horloge du bourg sonnait dix heures.
    — Il est temps, dit le recteur. Commencez.
    Le recteur se tenait debout, près d’eux, et lisait dans son
livre tant qu’il pouvait et aussi vite qu’il était possible.
    Il y avait une demi-heure qu’ils étaient tous au travail
quand ils virent un beau Monsieur venir vers eux. Il était tout de noir habillé
et marchait d’un bon pas, mais quand il fut arrivé dans le voisinage immédiat,
il ralentit son allure et leur dit :
    — Bonsoir, les amis.
    Aucun d’eux ne répondit. Le Monsieur reprit :
    — Hé ! on travaille dur à ce qu’il paraît.
    Les quatre hommes étaient muets.
    — Ah, ça ! s’écria le Monsieur, voici des gens qui
ne sont guère polis ! je m’en souviendrai !
    Il poursuivit sa route. Les hommes continuèrent à
travailler, toujours sans rien dire, et le recteur lisait son livre. Vers onze
heures, ils virent venir à eux trois beaux cavaliers montés sur de superbes
chevaux qui allaient bon train, aussi vite que le vent, mais ils disparurent
rapidement.
    Vers onze heures et demie, il arriva un petit bonhomme, le
dos voûté, qui était monté sur un énorme bouc avec de grandes cornes. Ce bouc
ne marchait que sur trois pattes. En arrivant, il dit aux travailleurs :
    — Bonsoir, les amis. N’avez-vous pas vu

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