Contes populaires de toutes les Bretagne
trois cavaliers
passer par ici ?
En voyant et en entendant ce singulier personnage leur
parler ainsi, les trois hommes ne purent s’empêcher de rire, et l’un d’eux
répondit :
— Si, nous les avons vus. Mais si vous avez la
prétention de courir après, monté sur ce bouc, vous ne risquez pas de les
tenir !
L’étrange petit bonhomme répondit :
— Vous non plus, vous ne tenez pas ce que vous
cherchez !
Et il disparut avec un éclat de rire inquiétant.
À ce moment, la pioche de l’homme qui avait parlé arrivait
juste sur la barrique en faisant entendre un bruit métallique, mais tout à coup
la barrique sembla s’enfoncer davantage dans la terre. Les quatre hommes
l’entendirent résonner comme si elle venait de tomber dans un puits d’une
profondeur incroyable. En entendant le bruit de l’or, ils pensèrent que le
trésor était perdu à tout jamais.
Tout cela s’était passé en moins de temps qu’il ne le faut
pour le raconter. Le petit bonhomme avait à peine disparu que le recteur
s’écria :
— Sauvons-nous ! il n’est que temps !
Les trois hommes ne prirent même pas le temps de ramasser
leurs outils. Sans dire un mot, ils se précipitèrent loin de la croix, dans la
direction que le recteur leur indiquait. Quand ils furent à une bonne distance,
le recteur leur dit de s’arrêter et de regarder derrière eux. Ils regardèrent
et virent des gerbes de feu s’élever de l’endroit où ils étaient à creuser
quelques instants auparavant. Alors le recteur leur dit :
— Si vous aviez suivi mes conseils, ce trésor était à
vous. Mais vous n’avez pas réussi à échapper à la tentation de parler.
Désormais, personne ne pourra plus s’emparer de cet or. N’oubliez pas que
l’argent tente beaucoup mais que le diable tente encore plus.
Puis les quatre compagnons se séparèrent et s’en allèrent
chacun dans sa maison. Quant au trésor, personne n’a jamais pu le retrouver.
Auray (Morbihan).
Il
s’agit d’un conte concernant la croyance dans des trésors enfouis au pied des
croix ou des menhirs. Dans les versions chrétiennes, comme celle-ci, le trésor
est gardé par le diable. Dans les versions païennes, il est gardé par un
serpent ou un dragon. On notera aussi le fait qu’il est dangereux d’engager la
conversation avec les êtres maléfiques.
LE « MARMINET »
La « Marionnette », qu’on appelle aussi le
« Marminet », était un diable qui prenait la forme d’un gros chat
noir. Quand le diable avait jeté son dévolu sur une famille, il arrivait dans
la maison et se faisait adopter. Il dormait dans une corbeille, enveloppé de
langes, comme un petit enfant. Ces langes ne pouvaient être lavés que les
grands dimanches. Le soir, on demandait au marminet de chercher de l’argent, et
il s’en allait rôder toute la nuit. Il s’arrangeait pour trouver de l’argent
dans les endroits où on en avait caché en terre, et il rapportait à la maison,
le matin, ce qu’il avait découvert pendant la nuit. Ceux qui avaient un
marminet faisaient bientôt fortune, car le marminet sortait tous les soirs et
marchait en criant houic, houic , comme une
brouette, et ne rentrait jamais qu’avec sa charge d’argent. Seulement, pour
faire travailler le marminet, il fallait lui promettre quelqu’un, ordinairement
l’enfant que portait la maîtresse de maison.
Il arriva ainsi qu’un homme et une femme, qui avaient déjà
beaucoup d’enfants, en attendirent un autre. Ils se demandèrent comment ils
allaient pouvoir le nourrir et continuer à élever leurs autres enfants. Ils
eurent alors l’idée de se procurer un marminet. Le diable vint voir le père et
la mère et leur dit que l’argent ne leur manquerait pas, car il leur en
procurerait sous forme de marminet. Mais il leur dit qu’il viendrait chercher
l’enfant quand il aurait sept ans.
Le marminet fit son travail et apporta beaucoup d’argent.
Mais quand l’enfant naquit, le père et la mère le firent baptiser. Le marminet
fut si furieux qu’il disparut. Cependant, le père et la mère étaient très
inquiets, car ils avaient promis au diable de donner l’enfant lorsqu’il aurait
sept ans. Ils gardaient toujours l’enfant avec grand soin et ne permettaient
pas aux étrangers de s’approcher de lui. Cela n’empêchait pas la mère de
pleurer car elle savait que le diable viendrait réclamer son dû. L’enfant s’apercevait
que sa mère pleurait, et plusieurs fois il lui
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