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Contes populaires de toutes les Bretagne

Contes populaires de toutes les Bretagne

Titel: Contes populaires de toutes les Bretagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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avec ses belles armoires, et elle envoya encore son mari au bord de
la rivière. Quand il fut arrivé, il dit :
    — Petite sardine, où es-tu ?
    — Dans mon trou. Que veux-tu ?
    — Ma femme voudrait avoir du beau linge pour remplir
ses armoires.
    — Retourne chez toi, dit la petite sardine en
plongeant. Ta femme a ce qu’elle demande.
    Quand le bonhomme arriva chez lui, il trouva sa femme en
admiration devant ses armoires bourrées de fine toile.
    Le bonheur dura quelques jours, puis la femme dit à
l’homme :
    — Mon pauvre bonhomme, nous commençons à être bien
vieux et nous ne pourrons bientôt plus marcher. Il nous faut une voiture.
    Le bonhomme s’en alla donc une nouvelle fois à la rivière.
Il dit :
    — Petite sardine, où es-tu ?
    — Dans mon trou. Que veux-tu ?
    — Ah ! ma pauvre petite sardine ! ma femme
est lasse de marcher à pied. Elle voudrait une voiture.
    — Retourne chez toi, dit la petite sardine. Il y aura
un équipage à ta porte.
    Et elle plongea.
    Le bonhomme repartit. En arrivant chez lui, il vit, devant
sa porte, une belle voiture toute dorée, avec deux chevaux, un cocher et deux
laquais.
    À partir de ce jour, le bonhomme et la bonne femme vécurent
heureux, comme des rois. Ils passaient leur temps à se promener dans la
campagne, grâce à leur belle voiture. Tous ceux du voisinage se mirent à les
envier et on se demandait bien d’où cette richesse pouvait venir.
    Un jour qu’ils étaient en promenade, ils rencontrèrent une
mendiante très vieille, appuyée sur un bâton. Elle leur demanda s’ils voulaient
la faire monter en voiture avec eux, parce qu’elle était bien fatiguée et
qu’elle ne pouvait plus marcher.
    Mais la bonne femme, qui était toute fière de sa belle
voiture, tordit le nez en voyant les guenilles de la mendiante. Elle refusa de
la laisser monter.
    La mendiante s’adressa alors au bonhomme et lui fit la même
prière, mais le bonhomme, qui ne voulait pas d’histoires avec sa femme, dit au
cocher de fouetter ses chevaux.
    Alors, la vieille mendiante se redressa comme si elle
n’avait jamais eu le dos voûté. Elle donna un coup de son bâton sur la voiture
qui devint, à l’instant, une grosse citrouille, tandis que les chevaux
devenaient, l’un, un gros pou, l’autre une grosse puce.
    La vieille mendiante, c’était la petite sardine. Et c’était
une fée. Elle écrasa les deux vilaines bêtes. Quant au bonhomme et à la bonne
femme, en punition de leur mauvais cœur, ils moururent dans la misère.
    Nantes (Loire-Atlantique).
     
    Ce conte
est construit sur le thème du poisson ou de l’animal qu’on épargne et qui se
révèle être un personnage féerique. Il faut noter, d’une part, que le poisson
est ici curieusement une sardine, pêchée dans une rivière, et d’autre part,
qu’il y a une intention évidente d’édification. Ce conte a été recueilli en
1897 en plein milieu urbain.
LA TETE DE MORT
    Il y avait une fois deux jeunes gens qui voulaient aller au
Carnaval. Pour cela, l’un d’eux avait acheté un masque, mais l’autre n’avait
pas pu parce qu’il n’avait pas assez d’argent. Cependant, il dit à son
camarade :
    — Je vais me débrouiller. J’en trouverai un qui ne
coûtera pas cher.
    Comme ils passaient devant le cimetière, il y entra, il prit
une tête de mort et la mit sur sa tête.
    — Voilà mon masque, dit-il.
    — Tu ne devrais pas, dit l’autre. Cela te portera
sûrement malheur.
    Le jeune homme rit beaucoup des remontrances de son
camarade. Toute la journée, il courut avec la tête de mort, et il s’amusait
follement en voyant la frayeur qu’il causait à tout le monde.
    Le soir, il eut une idée : il alluma deux chandelles
qu’il plaça dans les trous des yeux. Il continua à s’amuser toute la nuit, en
effrayant les passants.
    Au matin, avant de rentrer chez lui, fatigué de son
Carnaval, il passa près du cimetière. Il y entra et jeta la tête sur un tas
d’ossements en disant :
    — Puisque tu m’as permis de bien m’amuser, je t’invite
à venir souper chez moi ce soir.
    Alors il partit et rentra se coucher. Il passa la journée au
lit, tellement il était fatigué de la fête. Il ne se releva que vers le soir.
L’esprit quelque peu embrumé, il allait se mettre à table, quand il entendit
quelqu’un frapper à la porte.
    Il alla ouvrir. Alors il vit un squelette effrayant qui lui
dit :
    — Tu m’as invité à souper, me voilà.
    Il voulut

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