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Contes populaires de toutes les Bretagne

Contes populaires de toutes les Bretagne

Titel: Contes populaires de toutes les Bretagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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à coup, il se trouva en présence d’une vieille femme. Il n’y
avait pas la place pour passer. Le seigneur s’arrêta et demanda à la vieille
femme de lui céder le passage.
    — Non, répondit-elle. C’est à toi de me laisser le
passage. Je suis vieille et pauvre. Tu es riche, puissant et jeune, c’est à toi
de faire le geste.
    Et elle resta droite au milieu du chemin.
    Le seigneur, qui était très fier, se mit en colère :
    — Comment ? dit-il. Le pays m’appartient, j’en
suis le maître, ce n’est donc pas à moi de te laisser passer.
    La vieille femme persista dans son attitude.
    — Je ne bougerai pas d’ici, dit-elle.
    Alors le seigneur leva la main sur elle :
    — Attends un peu, vieille sorcière ! cria-t-il. Je
saurai bien t’apprendre l’obéissance et le respect.
    Il n’eut pas le temps d’achever son geste. Quelque chose
retint son bras. Il entendit la vieille femme lui dire :
    — Puisque c’est ainsi, tant pis pour toi. Les eaux de
la Fontaine de Margatte vont se mettre à couler de telle sorte que personne ne
pourra jamais les arrêter. L’étang va déborder, ton château et tout le pays
seront engloutis. Ce sera ta punition pour m’avoir insultée.
    Et la vieille femme disparut sans que le seigneur pût voir
où elle était allée.
    Il continua son chemin, mais lorsqu’il arriva en vue du
château, sa surprise fut grande. L’étang débordait et les eaux roulaient
furieusement dans la vallée. Elles avaient atteint le village et montaient à
l’assaut des murailles du château. Le seigneur comprit alors que la vieille
femme était une fée, mais il se rappela aussi ce que lui avait dit le petit
homme qu’il avait tiré du fourré.
    Il fallait absolument trouver la pierre blanche qui
empêcherait la Fontaine de Margatte de déborder.
    Il se précipita vers le fourré. En s’égratignant et en se
déchirant horriblement dans les épines, il chercha si bien qu’au pied du
buisson il trouva enfin la pierre blanche. Il alla immédiatement la déposer
dans la Fontaine de Margatte, espérant que le nain avait dit vrai et que les
eaux allaient arrêter de se déverser.
    Or, dès que la pierre blanche eut atteint le fond de la
fontaine, celle-ci cessa de couler. Peu à peu, les eaux baissèrent et l’étang
reprit son allure normale. Quant à la fontaine, elle coulait doucement, comme
elle le faisait depuis des siècles : un mince filet d’eau s’en échappait,
suivait un petit ruisseau et atteignait l’étang dans lequel il disparaissait.
    Depuis ce temps-là, la Fontaine de Margatte n’a jamais
débordé et l’étang de Combourg est toujours aussi calme. Mais c’est parce qu’il
y a une pierre blanche dans le fond de la Fontaine de Margatte. Et, sait-on
jamais, si quelque imprudent retirait la pierre blanche, il provoquerait
sûrement une catastrophe, car la Fontaine se mettrait immédiatement à déborder
et tout le pays serait englouti.
    Combourg (Ille-et-Vilaine).
     
    Cette
légende est une des versions de la Ville d’Is, mais au lieu d’être menacé par
l’invasion de la mer, le pays risque d’être inondé par le débordement d’une
fontaine ou d’un puits : c’est le thème qu’on rencontre le plus
fréquemment dans les Îles Britanniques (voir en particulier l’Inondation du
Lough Neagh dans J. Markale, l’Épopée celtique
d’Irlande ,
p. 39-43) et c’est probablement un souvenir historique très ancien,
remontant à la fin de l’Âge du Bronze. En effet, il y a eu à cette période un
changement de climat qui a provoqué l’élévation générale du niveau des eaux et
par conséquent de nombreux engloutissements d’habitations et de villages situés
au bord des anciens lacs.
LA MER DE MURIN
    Dans la vallée de la Vilaine, à l’endroit où le fleuve
s’étale dans une grande plaine où il reçoit les eaux du Don, on peut voir une
sorte de lac envahi par les roseaux, peuplé d’oiseaux de passage qui vont et
viennent à travers le monde et qui apportent en cette région un peu du grand
souffle du large. C’est la Mer de Murin.
    Mais ce ne fut pas toujours cette mélancolique étendue
d’eaux mortes. Autrefois, à ce qu’on dit, à cet emplacement, s’élevait une
épaisse forêt qui couvrait tout le fond de la vallée. Chaque jour, on y
entendait le bruit des haches des bûcherons, et tout le pays alentour venait
faire des provisions de bois.
    Or, il y a bien longtemps de cela, mais le souvenir en est
resté très vivace

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