Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Crépuscule à Cordoue

Crépuscule à Cordoue

Titel: Crépuscule à Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
Vom Netzwerk:
moi :
    — Foutaises !
    Je pensais être toujours à côté d’Optatus, mais tournant la tête, je reconnus quelqu’un à qui on ne m’avait pourtant pas présenté. Je l’avais vu venir chercher Ælia Annæa et j’avais appris ensuite qu’il s’agissait de Quinctius Quadratus.
    De près, la ressemblance avec son père était frappante. Il possédait une abondante chevelure noire, des bras musculeux et un air hautain. Il était bronzé, hirsute et doté de traits bien dessinés. Il avait revêtu une tunique blanche et pourpre et avait même enfilé ses bottes écarlates – ce que j’avais rarement vu à Rome. Élu sénateur, il tenait à ce que nul ne l’ignore [9] . Je me trouvais à côté du nouveau contrôleur financier de Bétique. Même si le proconsul n’avait pas apprécié sa nomination et ne s’était pas gêné pour le faire savoir, Quadratus lui-même n’en paraissait pas affecté le moins du monde. Ainsi, j’avais donc déjà appris une chose sur lui : il n’avait aucun amour-propre.
    Son juron lui avait échappé après la lecture d’un parchemin. Il me fut impossible d’en lire le titre discrètement ; surtout qu’après l’avoir roulé bien serré, il le fourra dans le goulot d’un flacon de vin.
    — Eh bien ! m’exclamai-je. On m’avait dit que tu étais doué et charmant, mais personne ne m’avait averti que tu étais également critique littéraire !
    — Je sais lire, lança-t-il avec nonchalance. Mais dis-moi, je ne pense pas que nous ayons été présentés ?
    Je le regardai d’un air affable.
    — Je m’appelle Falco. Et, bien évidemment, je sais qui tu es, questeur.
    — Laissons le protocole de côté, fit-il d’un ton charmant.
    — C’est aimable de ta part.
    — Est-ce que tu arrives de Rome ?
    — Tout juste, admis-je. Nous avons d’ailleurs failli nous rencontrer, assez récemment, mais ce soir-là tu avais préféré aller au théâtre. C’était à l’occasion du dernier souper de la Société des Producteurs d’Huile d’Olive de Bétique.
    — Oh, ceux-là ! fit-il.
    — Quelle pièce as-tu vue ? Elle était bonne ?
    — Oh ! une farce, je crois…
    Rufius Constans croyait avoir vu un mime.
    — Ni bonne ni mauvaise…
    Il savait exactement ce que j’étais venu faire dans cette province. Il demanda brusquement :
    — C’est un interrogatoire ?
    — Grands dieux, non ! m’exclamai-je en riant. (Je me resservis du vin.) Ce soir, je ne suis pas en service commandé.
    — Alors, c’est parfait, décréta Tiberius Quinctius Quadratus, questeur de Bétique.
    Il n’était pas de service lui non plus. Le proconsul y avait veillé.

37
    De plus en plus de jeunes gens se pressaient dans la pièce, et leurs propos imbéciles devenaient assourdissants. En outre, ils s’apprêtaient à jouer à un ancien jeu grec, le kottabos. L’Intrépide – qu’on pouvait très bien imaginer copain du réprouvé athénien Alcibiade – avait reçu le jeu pour son anniversaire. De la part de ses deux frères plus jeunes. Un cadeau tout à fait approprié. Personne ne semblait lui avoir signalé que le kottabos explique pourquoi les Grecs ne gouvernent plus le monde. Inventé par un groupe d’ivrognes impénitents, il consiste en un châssis assez haut auquel est suspendu horizontalement un disque de bronze, environ à mi-hauteur. Une petite cible métallique est fixée au sommet du châssis. Les joueurs boivent leur vin jusqu’à la dernière goutte et visent la cible avec leur coupe. S’ils parviennent à la frapper, elle heurte le disque de bronze en tombant et provoque un son de cloche. Naturellement, les murs et les participants se retrouvent éclaboussés de gouttes de vin.
    Le jeu se résume à cela. Et dire qu’il fut imaginé par ce même peuple sage et talentueux qui a inventé les proportions classiques en sculpture, et les principes de la morale philosophique.
     
    D’un commun accord, Quadratus et moi sortîmes sur le balcon sans oublier de prendre un pichet de vin. Nous faisions maintenant partie des gens raisonnables. Nous avions acquis de l’expérience – ou plutôt, lui était un officiel romain, et moi j’avais acquis de l’expérience. Optatus, en train de discuter avec le jeune Constans, m’adressa un signe amical alors que je suivais mon nouvel et élégant ami un peu plus loin. Car il était évident que nous allions devenir amis, puisque Quadratus se liait soi-disant d’amitié avec tout le monde. Ou

Weitere Kostenlose Bücher