Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Crépuscule à Cordoue

Crépuscule à Cordoue

Titel: Crépuscule à Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
Vom Netzwerk:
l’air était aussi fortement imprégné de parfum. D’innombrables adolescents boutonneux attendaient ce moment-là depuis des semaines, espérant en secret que cette soirée ferait d’eux des hommes. Pourtant, ils ne pouvaient être certains que d’une seule chose : ils allaient pouvoir se soûler à bon compte.
    Il y avait aussi des filles. Certaines paraissaient respectables, mais leur bonne réputation risquait de ne pas survivre jusqu’au lendemain. D’autres étaient visiblement des professionnelles.
    — C’est pire que ce que je m’imaginais, commenta Optatus.
    — Ça doit signifier que tu vieillis, raillai-je. Il faut te mettre à l’unisson.
    — C’est ce que tu comptes faire ? persifla-t-il.
    — Moi, je suis venu pour travailler, soulignai-je.
    Et je me demandai soudain quelle était la motivation d’Optatus… Car il se trouvait ici pour une raison précise, c’était l’évidence même.
    Lui et moi étions les deux hommes les plus âgés de cette bruyante assemblée. Une dizaine d’années séparaient l’aîné des fils Annæus du benjamin, à qui je donnais moins de vingt ans. Et c’était lui qui avait le plus de copains de son âge. Ils étaient fort occupés à boire et souhaitaient trouver des filles légères. L’ennui pour eux, c’est qu’ils semblaient incapables de les distinguer. Quand ils nous virent, ils parurent inquiets et évitèrent tout contact avec nous. Ils devaient nous prendre pour des mouchards envoyés par certains parents.
    Une deuxième fête se tenait dans le cellier. Présidée par l’Irresponsable, le fils numéro deux, elle avait attiré de nombreux jeunes gens qui préféraient les nourritures liquides et ne tarderaient pas à ne plus savoir comment ils s’appelaient. Ils avaient dédaigné les filles de mauvaise vie, sans doute parce qu’ils étaient tous fiancés à de jeunes vierges timides. De jeunes vierges timides probablement en train de s’ébattre derrière des buissons avec des jeunes gens plus entreprenants. Le pressentiment qu’on était en train de les berner, et que la vie leur réservait beaucoup d’autres trahisons, en faisait un groupe à la fois soucieux et cynique. Optatus et moi échangeâmes quelques plaisanteries avec eux avant d’aller voir plus loin.
    L’Intrépide, que le Censeur et la postérité connaîtraient sous le nom de l’honorable Lucius Annæus Maximus Primus, se prenait pour un adulte. Il s’était éloigné du bruit et de la débauche, et avait trouvé refuge dans la bibliothèque de son père. C’était une salle tranquille du premier étage, agrémentée d’un splendide balcon donnant sur un jardin magnifique. Imité par quelques compagnons, il tirait des parchemins de leurs alvéoles, les commentait ironiquement, puis les lançait sur le tas qui s’amoncelait par terre. Une amphore de vin avait laissé une auréole probablement indélébile sur une console de marbre. Une autre avait été renversée une fois ouverte, si bien que quelqu’un de bien intentionné avait arraché un rideau pour éponger le sol. C’était bon de penser que certains parmi eux savaient faire preuve de considération.
    Optatus m’apprit que cet Annæus, à la différence de ses deux frères, était marié. Toutefois, il avait épousé une fille si jeune qu’elle demeurait encore avec ses parents. Dégagé de toute responsabilité, il profitait pleinement de sa dot. C’était un jeune Bétique solidement bâti au visage joufflu. Il accueillit Optatus comme un agneau égaré, et ce dernier lui témoigna également de l’amitié.
    Bien que trop jeune pour ce groupe, Rufius Constans s’était pourtant joint à lui. Je le vis s’empourprer légèrement en m’apercevant, et il chercha à se tenir aussi loin de moi que possible. Des esclaves, qui me parurent extrêmement nerveux, servaient du vin. Je m’étais déjà trouvé en semblable compagnie et savais à quoi m’attendre. De tels personnages ne m’avaient jamais amusé. Ils allaient traîner ici jusqu’à ce qu’ils soient tous ivres à ne plus tenir debout. Ils allaient commencer par déblatérer sur les politiciens, puis sur les femmes, pour finir par se vanter de la taille de leur bite. Leurs cerveaux étaient gros comme des pois chiches. Je me refusais à spéculer sur le reste.
    Plusieurs jeunes gens me furent présentés sans que je voie l’utilité de retenir leur nom. Dans le charivari ambiant, j’entendis une voix murmurer près de

Weitere Kostenlose Bücher