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Crépuscule à Cordoue

Crépuscule à Cordoue

Titel: Crépuscule à Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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homme riche animé de hautes aspirations, en route pour s’amuser chez des amis, me paraissait un peu trop nerveux.
    Il était agréable à regarder, sans plus. Son nez, planté dans un visage encore mal formé, n’était que l’ombre de celui de sa sœur ; il lui ressemblait cependant dans sa façon d’affronter le monde avec timidité. Âgé d’une vingtaine d’années, il me donnait l’impression de ne pas savoir encore très bien ce qu’il voulait. Il n’avait pas l’air terminé et paraissait manquer de la densité nécessaire pour affronter la brillante carrière que son grand-père espérait pour lui. Ou peut-être me sentais-je vieux, tout simplement.
    — Alors dis-moi, demandai-je d’entrée de jeu, ça t’a plu, le théâtre à Rome ?
    — Quoi ? parut-il s’étonner.
    Il parlait d’une voix mal posée et ses yeux papillotants évitaient les miens. Soit le fait de se trouver dans une voiture genoux contre genoux avec un homme plus âgé – à la réputation sulfureuse – le mettait mal à l’aise, soit il n’avait pas la conscience tranquille.
    — Figure-toi que j’ai failli te rencontrer pendant ton séjour là-bas, poursuivis-je. J’ai soupé en compagnie de ton grand-père, qui m’a dit que Quinctius Attractus avait préféré t’emmener au théâtre.
    Était-ce mon imagination ou était-il de plus en plus mal à l’aise ?
    — Vous avez vu quelque chose de bien ?
    — À la vérité, je ne m’en souviens même pas. Je crois qu’il s’agissait d’un mime. Il faut dire que Tiberius m’a beaucoup fait boire, après, et que mes souvenirs demeurent confus.
    Il était encore trop tôt pour me montrer désagréable avec lui. Je feignis de gober le mensonge en souriant. Car j’étais convaincu qu’il s’agissait d’un mensonge.
    — Tu sais qu’il faut être très prudent à Rome. Tu pourrais te faire attaquer dans la rue. Ça arrive tout le temps. Tu n’as pas été témoin d’agressions ?
    — Oh, non !
    — Alors, tant mieux pour toi.
    — Je suis désolé de t’avoir manqué lors de ce souper, assura-t-il par politesse.
    On avait inculqué les bonnes manières à ce jeune homme.
    — Tu as également manqué beaucoup d’agitation, ajoutai-je en restant volontairement dans le vague.
    Il ne manifesta aucune curiosité, ce que je ne pus m’empêcher de trouver étonnant de la part d’un garçon de son âge.
    Je continuais d’éprouver beaucoup de rancœur en pensant à la mort de Valentinus et à la triste condition dans laquelle j’avais laissé Anacrites. Quand le cabriolet s’arrêta devant l’élégante demeure des Annæi, je m’efforçai de chasser ces pensées moroses.
     
    Lucius Annæus Maximus Primus, Lucius Annæus Ælius Maximus et Lucius Annæus Maximus Novatus – les noms officiels de l’Irresponsable, de l’Intrépide et du Fouineur – savaient recevoir. Le coût n’était pas un problème. Les esclaves n’avaient pas un instant de répit. Débarrassés de la tutelle parentale, nos hôtes pouvaient s’afficher sous leur vrai jour, et c’était un joyeux trio. J’étais ravi qu’il ne s’agisse pas de mes propres fils.
    J’eus l’impression qu’ils avaient acheté toutes les guirlandes de fleurs disponibles à Cordoue. La maison décorée de fresques embaumait. Les nez délicats risquaient d’avoir quelques problèmes à cause du pollen. Comme si la fumée des lampes, l’odeur des fleurs, les effluves émanant de jeunes corps soigneusement astiqués pour la circonstance ne suffisaient pas, nos trois gais lurons avaient choisi un thème égyptien pour cette soirée. Outre des dieux pourvus d’une tête de chien, des serpents d’osier, des éventails en plumes d’autruche – le tout fabriqué maison –, on distribuait des cônes de cire parfumée aux invités. Il fallait les placer en équilibre sur sa tête pour les laisser fondre. Afin d’obtenir une aura de myrrhe pharaonique et des cheveux affreusement poisseux. Je m’arrangeai tout de suite pour « perdre » le mien.
    La nouvelle que les trois garnements donnaient une fête s’était propagée dans les thermes et les gymnases de la ville comme une maladie honteuse. Tous les jeunes gens avaient murmuré à leurs parents qu’ils allaient passer la soirée chez un copain, en se gardant bien de mentionner un nom. Dans tout Cordoue, les parents en question se demandaient vaguement où leur progéniture insipide avait disparu et pourquoi, dans la maison,

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