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Crépuscule à Cordoue

Crépuscule à Cordoue

Titel: Crépuscule à Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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poli. Il ne me restait plus qu’à partir.
    Mes ampoules ne cessaient de se rappeler à mon bon souvenir. Je regagnai néanmoins le mansio, réclamai un cheval frais et retraversai le fleuve pour gagner Italica, à cinq milles de là.

42
    Scipion y avait fondé une colonie de vétérans, et Italica se vantait d’être la plus ancienne ville romaine d’Hispanie. Mais auparavant, les Phéniciens la connaissaient, et les anciennes tribus de Tartessos, au courant des richesses du sous-sol, exploitaient déjà des mines. La cité était bâtie sur des collines et n’était pas refermée sur elle-même, elle possédait de nombreux espaces dégagés. Elle était fort poussiéreuse et il y faisait très chaud. Je pus heureusement repérer des thermes imposants. Les habitants âgés devaient savoir que leur ville avait vu naître un empereur : Trajan. Aujourd’hui, fuyant Hispalis, les riches venaient y chercher refuge.
    Elle possédait un théâtre et un amphithéâtre imposants. Elle était parsemée de fontaines bruissantes et de statues qui se dressaient fièrement sur leurs socles. Quand il y avait un espace libre sur un mur, on y trouvait une plaque. Une plaque citant des pensées élevées. Italica n’était pas le genre d’endroit où l’on pouvait découvrir une affiche de la guilde des prostituées encourageant à voter pour tel ou tel politicien.
    Près du forum, bordant des rues soigneusement balayées, j’admirai des résidences qui n’auraient pas déparé les beaux quartiers de Rome. L’une d’elles appartenait à Cyzacus. Je n’y eus pas accès, mais je pus apercevoir le somptueux hall d’entrée peint en noir, rouge et or.
    Toutefois, son majordome m’informa assez aimablement qu’il n’était pas à la maison. Il s’était fait conduire à Hispalis pour rencontrer un ami au local de la guilde des mariniers. C’était le genre d’information que tous les enquêteurs redoutent. Je tournais en rond et perdais un temps précieux.
    Je me rendis aux thermes, mais j’étais bien trop agité pour en profiter pleinement. Je fis ensuite l’impasse sur le gymnase, préférant avaler un bol de soupe. Une soupe qui contenait assez d’ail pour me garantir que personne ne m’adresserait la parole avant une bonne semaine.
    Ensuite, il ne me resta plus qu’à reprendre moi-même la route d’Hispalis.

43
    Le local de la guilde des mariniers se résumait à une vaste pièce aux murs nus, meublée de tables. Les hommes auxquels je m’étais adressé le matin même étaient toujours en train de jouer aux dés. Mais d’autres arrivaient des quais avec l’intention de déjeuner. La nourriture provenait d’un thermopolium [10] voisin et semblait appétissante. L’ambiance était calme. Les membres de la guilde qui entraient se contentaient de saluer leurs collègues d’un signe de tête. Quelques petits groupes s’étaient formés, mais davantage de bateliers préféraient manger seuls. Personne ne parut s’intéresser à ma présence tandis que j’observais attentivement ce qui se passait autour de moi.
    Je ne tardai pas à repérer Cyzacus et Norbanus, auxquels j’avais déjà été présenté à Rome. Installés à une table d’angle, ils étaient plongés dans un conciliabule – comme lors de ce fameux souper sur le Palatin. Ils avaient déjà terminé leur repas qui, à en juger par l’incroyable entassement de bols et de plats, avait été fort copieux. Ils avaient dû l’arroser de plusieurs pichets de vin. J’arrivais donc à point. En l’absence d’une danseuse hispanique, j’allais leur servir de distraction.
    Vêtu d’une légère tunique grise enfilée sur une tunique noire à manches longues, Cyzacus n’était pas épais et un peu racorni. D’apparence discrète, il possédait de bonnes manières et formait un couple mal assorti avec son partenaire. Son visage au teint pâle était marqué de rides profondes, et ses cheveux blancs coupés très court. Son vis-à-vis était plus corpulent et nettement moins soigné. Il avait du mal à loger son ventre entre son siège et la table. Ses doigts boudinés étaient maintenus écartés par d’énormes bagues. Ce n’était pas non plus un jouvenceau. Ses cheveux naguère noirs commençaient à grisonner. Ses multiples mentons étaient mal rasés. Il possédait tous les attributs physiques d’un joyeux vivant, y compris une truculence pénible.
    Sans aucune hésitation, je me laissai tomber sur le siège vacant à leur table

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