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Crépuscule à Cordoue

Crépuscule à Cordoue

Titel: Crépuscule à Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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pas moi qui pourrais te le dire.
    — Il cherche à discréditer Anacrites pour prendre sa place ?
    — C’est dans le domaine du possible.
    — Et pour ça, il a besoin de nous deux ?
    — Un n’était pas suffisant.
    — Je comprends ! Ça signifie que Læta m’a utilisé pour détourner l’attention de toi.
    — Tu t’es laissé prendre facilement, Falco.
    — Je reste persuadé que tu mens. Læta n’ignore pas qu’Anacrites est un pauvre type qu’on peut mettre hors jeu sans aucune difficulté. Sans avoir besoin de défoncer le crâne de personne. Le chef secrétaire n’a rien d’un barbare. Et il est assez habile pour mettre au point une intrigue qui lui permettrait de ridiculiser Anacrites. Il en retirerait d’ailleurs beaucoup plus de plaisir que de le savoir mort.
    — Il est en train de nous faire perdre notre temps, trancha Selia. Emmenez-le !
    Je me contentai de hausser les épaules, et ne tentai pas de résister. Les musiciens m’obligèrent à sortir sur l’espèce de terrasse. Une fois dehors, je tournai légèrement la tête pour dire au plus âgé des deux :
    — Tu n’entends pas ? Elle t’appelle.
    Il se retourna machinalement, me fournissant l’occasion de donner un violent coup d’épaule à l’autre, qui plongea par-dessus la rambarde. Je me retournai immédiatement pour affronter son acolyte qui poussa un hurlement de rage. Je parvins à lui décocher un violent coup de genou très mal placé. Pour lui. Il se plia obligeamment en deux pour me permettre de lui frapper le cou du tranchant de la main. Il tomba par terre où je continuai de lui donner des coups de pied dans les côtes jusqu’à ce qu’il s’immobilise complètement.
    L’autre s’était écrasé dans la cour en poussant un grand cri. En touchant le sol, son corps avait produit un bruit significatif. Mais il n’était tombé que du premier étage, il pouvait fort bien être encore opérationnel. Et Selia l’était également ! Elle venait de se précipiter hors de sa chambre, et me visa avec un tambourin qu’elle jeta de toutes ses forces. Je parai le coup en levant le bras, mais l’instrument m’entailla le poignet. J’eus le temps de relever l’homme qui gisait à mes pieds, afin de m’en servir comme bouclier, avant qu’elle ne lance mon propre poignard. Il fit un brusque écart, m’entraînant avec lui, et la lame se planta dans le bois de la balustrade où elle vibra quelques instants avant de s’en détacher.
    Sans hésiter, la danseuse fonça vers nous. Je projetai son musicien vers elle. Elle laissa échapper une autre arme qu’elle tenait, et après avoir murmuré quelque chose, elle courut vers l’escalier. Son garde du corps avait suffisamment récupéré pour se saisir de l’arme. Il s’agissait d’un énorme hachoir. Du genre utilisé par les filles pour couper les tiges des fleurs, fendre une carcasse de porc, ou décourager leurs amants de les abandonner trop vite. J’aurais eu peur d’en avoir un chez moi.
    Il s’interposa entre moi et Selia, conscient que c’était elle qui m’intéressait. J’évitai sa première tentative de me fendre en deux, et m’empressai de lui balancer un coup de pied dans la poitrine qui le força à reculer. J’en profitai pour m’esquiver, en empruntant le même chemin qu’à l’aller. C’était plus long, mais je n’avais pas le choix. Bien qu’âgé, le musicien était solide. Il se lança à ma poursuite sans l’ombre d’une hésitation. Au moment de franchir le petit pont branlant, je ralentis prudemment, et il gagna du terrain sur moi. Après l’avoir traversé, je me retournai juste à temps pour voir le pont céder sous lui. Le musicien passa à travers et resta suspendu, avec d’énormes échardes enfoncées un peu partout. Du sang coulait de ses blessures, et il poussait d’affreux gémissements à chaque fois qu’il essayait de bouger.
    Pour gagner du temps, j’enjambai le parapet et, me suspendant par les mains, je me laissai glisser dans la cour. Je manquai de peu l’ouverture du puits, que j’avais complètement oublié. Bravo, Falco !
    Dans la cour, à ma grande surprise, je trouvai Placidus en train de se battre avec le deuxième garde du corps qui, heureusement pour le procurateur, s’était cassé un bras dans sa chute et boitait bas. Il parvenait à le maîtriser, mais tout juste. Je vis qu’il portait une longue estafilade au côté. Ma dague, qui avait fini par retomber dans la cour, gisait

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