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Crépuscule à Cordoue

Crépuscule à Cordoue

Titel: Crépuscule à Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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d’énergie et de cruauté. Le second plus jeune, trapu et musclé, avait de petits yeux méchants. J’étais en fort mauvaise posture. Ces deux hommes avaient défoncé le crâne de Valentinus et laissé Anacrites pour mort. J’allais devoir défendre chèrement ma peau.
    — Réglez-lui son compte ! les encouragea la danseuse.
    Elle avait sans doute suffisamment payé ces deux crapules pour qu’ils n’aient aucun scrupule à commettre des crimes pour elle. Et de toute façon, ils paraissaient du genre à tuer pour le plaisir. Dire que certains pensent que la musique adoucit les mœurs ! À en juger par ces deux-là, Apollon devait être la pire des crapules.
    La chambre était trop petite pour nous contenir tous les quatre. Nous étions assez proches les uns des autres pour deviner ce que nous avions mangé. Tout d’un coup, Selia elle-même se jeta impétueusement sur mon bras armé du poignard et n’hésita pas à me mordre. Les deux autres plongèrent sur moi à leur tour, et grâce à l’espace confiné, ils arrivèrent à me maîtriser. La danseuse avait réussi à s’emparer de ma dague. Ses deux sbires m’avaient empoigné et s’apprêtaient à me projeter la tête la première contre la paroi la plus éloignée, quand Selia s’écria :
    — Non ! Surtout pas ici !
    La danseuse était suffisamment délicate pour ne pas souhaiter voir ma cervelle éclabousser les murs de sa chambre.
    Tandis que les deux brutes me traînaient vers la porte, je lui criai :
    — Enfin, par Jupiter, Selia ! Si on travaille tous les deux pour Læta, pourquoi veut-il se débarrasser de moi ?
    — Tu n’arrêtes pas de te mettre en travers de mon chemin, daigna-t-elle m’expliquer.
    — Uniquement parce que j’ignore ce qui se passe !
    J’essayais de gagner du temps. J’étais bien placé pour savoir que ce petit groupe tuait sans aucun état d’âme. Ils ne pouvaient en aucun cas être du même côté de la barrière que moi.
    — Tu prends beaucoup trop de risques, lançai-je.
    — Ça, c’est un avis qui n’engage que toi.
    — Pendant le festival, par exemple. Pourquoi t’exhiber alors que tu avais tout intérêt à te faire oublier ?
    — C’est toi qui le dis.
    — Et quand j’ai assisté à la fête débridée des trois fils d’Annæus Maximus, tout le monde savait que tu étais rentrée à Hispalis. Tu laisses vraiment trop de traces. C’est comme ça que je t’ai retrouvée – et que d’autres pourront te retrouver aussi.
    Les deux costauds continuaient de m’entraîner, mais Selia les arrêta en levant une main :
    — Qui d’autre me cherche ? demanda-t-elle.
    J’étouffai un soupir de soulagement. Il fallait que je gagne du temps afin de récupérer mes forces, si je voulais avoir une chance de me débarrasser de mes dangereux adversaires. Je ne répondis pas à sa question, préférant la questionner :
    — Comment Læta t’a-t-il découverte ?
    — Je suis danseuse. Et quelqu’un d’autre m’avait invitée à Rome pour danser.
    — Ce n’est donc pas Læta qui t’a demandé de participer à ce dîner dans ton petit costume de Diane ?
    — Si tu crois que je vais te le dire, Falco !
    — C’est le chef secrétaire qui t’a demandé d’attaquer Anacrites et son agent ?
    — Læta me laisse libre de prendre des initiatives.
    Ce n’était pas vraiment une réponse.
    — Tu cours au-devant de graves ennuis, affirmai-je. Si tu comptes sur lui pour prendre ta défense quand les problèmes d’huile vont tourner au vinaigre, tu te trompes !
    Elle s’était mise à se maquiller tranquillement et répliqua sans s’interrompre :
    — Dis-toi bien que je ne me fie à personne, Falco.
    Elle se barbouillait avec une spatule, et était en train de se transformer sous mes yeux en danseuse hispanique typique. Celle qui se promène dans les rêves de beaucoup d’hommes. Bien peignée, la perruque aux cheveux tellement noirs qu’ils avaient des reflets bleus était posée en équilibre sur un vase. Quand elle s’en coiffa finalement, l’effet fut saisissant. Elle était redevenue exactement la fille que j’avais vue sur le Palatin.
    — J’espère que Læta t’a déjà payée, sinon tu ne verras pas un sesterce, maintenant que tu es de retour à Hispalis.
    — J’ai été payée, affirma-t-elle en regardant les deux prétendus musiciens, comme pour les rassurer sur ce point.
    — Par Jupiter, qu’est-ce que Læta essaye de faire ?
    — C’est

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