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Crépuscule à Cordoue

Crépuscule à Cordoue

Titel: Crépuscule à Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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les domestiques, oui. Je sais à quoi tu penses, mais il faut exclure toute possibilité de crime.
    — C’est tout de même étonnant que personne ne soit venu lui donner un coup de main. Il n’avait aucun ami près de lui ?
    — Non. Surtout pas Quinctius Attractus. Je peux en témoigner moi-même.
    Je la crus sur parole et j’étais bien trop fatigué pour lui demander de préciser son témoignage.
    Je lui tendis la main et elle s’en empara.
    — Tu t’es battu ?
    Helena Justina avait toujours eu l’œil pour repérer les dégâts matériels.
    — Quelques simples horions. Je t’ai manqué ?
    — Affreusement. C’était un voyage utile ?
    — Très.
    — Alors il n’y a rien à regretter.
    — Vraiment ? demandai-je en la tirant hors de son fauteuil. Trouve un strigile, chérie. À la réflexion, je n’arriverai jamais à me gratter le dos tout seul.
    Nous avions contourné le problème de ma culpabilité et de son repli sur elle-même. Elle se pressa un moment contre moi, appuyant sa peau douce contre ma joue mal rasée. Puis, passant son bras sous le mien, prête à se diriger vers les thermes, elle murmura :
    — Bienvenue à la maison.
    Et cette fois-ci, je savais qu’elle le pensait vraiment.

53
    Les thermes de la ferme étaient conçus pour de vieux républicains particulièrement coriaces. Je veux dire par là qu’ils étaient un peu rudimentaires. Les fenêtres se résumaient à quelques meurtrières. On se déshabillait dans la salle froide où de rares onguents étaient rangés sur une étagère. Puis on passait dans la salle chaude qui, le plus souvent, était à peine tiède. On finissait tout de même par transpirer à force de secouer une jarre d’huile congelée pour en extraire quelques gouttes de liquide.
    Un seul esclave était chargé de s’occuper du feu et d’apporter des baquets d’eau. Et nous avions besoin de lui, parce que l’eau chaude promise avait été utilisée par quelqu’un d’autre, au grand dam d’Helena. Il fallut arracher le pauvre garçon à son dîner, mais il parut assez content d’avoir l’occasion de nous montrer son savoir-faire.
    Je me déshabillai lentement et suspendis mes vêtements sales à un crochet où pendait déjà une tunique bleue oubliée par un précédent occupant des lieux. Il n’était plus là, ce qui valait mieux, et je jetai la tunique sur un banc. Helena Justina insista pour s’agenouiller afin de détacher les lanières de mes bottes, mais elle fut incapable de se relever sans mon aide.
    — Qu’est-ce qui te tourmente, ma chérie ?
    Elle respira profondément avant de me répondre :
    — À la vérité, je dois te mettre au courant de quatre choses. Et en t’attendant, je me suis efforcée de bien les classer dans mon esprit.
    — Tu es toujours parfaitement organisée, approuvai-je en souriant. Est-ce que les quatre choses tournent autour de Constans ?
    — Oh, Marcus !…
    Helena Justina ferma les yeux. La mort du jeune homme l’avait beaucoup affectée.
    — Je me trouvais justement avec Ælia Annæa quand Claudia lui a fait porter un message pour lui apprendre la nouvelle. Quel choc !
    — Mais tu penses vraiment qu’il s’agit d’un accident ? insistai-je.
    — Ça paraît évident. Sa sœur est catastrophée. La pauvre petite est encore si jeune. Et quand je pense au chagrin des grands-parents…
    Elle recommença à pleurer. Il était extrêmement rare qu’Helena se laisse aller de cette façon.
    — Raconte-moi tout depuis le début, demandai-je en lui caressant le cou.
    Munis d’une lampe, nous franchîmes une porte massive pour entrer dans la soi-disant salle chaude. Aucun bruit ne parvenait jusqu’ici grâce à l’épaisseur des murs ; nous n’entendions plus, à travers le plancher, que les bruits de pelle de l’esclave en train de ranimer le feu.
    Helena Justina s’était débarrassée de son péplum, mais avait conservé une espèce de sous-tunique qui épargnait sa modestie. Elle joignit les mains et commença d’une façon un peu formelle :
    — La première chose que je voulais te dire, Marcus, c’est que j’ai reçu une lettre de mon frère Justinus.
    — Le cher garçon va bien ?
    — Il est toujours amoureux de son actrice.
    — Ça lui passera.
    — Ça n’en prend pas le chemin ! Mais il a tout de même pris le temps d’interroger Ælianus. Il prétend qu’il s’est ruiné en vin. Et apparemment, l’aîné de mes frères se sent très coupable.

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