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Crépuscule à Cordoue

Crépuscule à Cordoue

Titel: Crépuscule à Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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sang. Sur une petite table de chevet, elle avait disposé un nécessaire à ongles, un bol de figues et un exemplaire de la Gazette de la veille. De quoi s’occuper en attendant le retour de son seigneur et maître. Elle avait également disposé de tout le temps nécessaire pour fignoler quelques reparties cinglantes dont je m’attendais à faire les frais.
    — Comment te sens-tu ? demandai-je, rempli de sollicitude.
    — En colère.
    Helena Justina n’avait pas pour habitude de tourner autour du pot.
    — C’est mauvais pour le bébé.
    — Laisse-le en dehors de tout ça. Je tiens à lui cacher que son père est un dégénéré qui n’a pas davantage de respect pour sa vie de famille que de considération pour moi.
    — Voilà ce qui s’appelle parler, Démosthène ! Helena, mon cœur, c’est vrai que tu es en colère ?
    — Tout à fait vrai. Et tu risques d’en pâtir.
    — J’ai une explication à te fournir.
    — Je suis déjà suffisamment fatiguée, Falco.
    — Il m’est arrivé quelque chose de stupide, ma douce : j’avais trop bu, je dois l’admettre, et mes pieds m’ont bêtement conduit dans le mauvais appartement.
    — Quel appartement ? demanda-t-elle, pleine de suspicion.
    — Le nôtre, de l’autre côté de la rue, au sixième.
    Helena avait pris le parti de croire que je lui disais toujours la vérité, ce qui était le cas. Elle était bien trop fine mouche pour que j’essaye de lui raconter des histoires. Soudain soulagée, elle laissa tomber sa tête dans ses mains et éclata en sanglots. C’était involontaire, mais elle n’aurait pas pu choisir de pire punition pour moi.
    J’étais encore à moitié ivre, et mon haleine devait empester suffisamment pour le prouver. Passant une main sur mon menton, j’eus l’impression de caresser une râpe. Je n’en pris pas moins ma pauvre chérie dans mes bras, profitant de l’occasion pour m’allonger sur le lit à côté d’elle. Le moment était parfaitement choisi pour que je me retrouve dans une position horizontale. J’aurais été incapable de rester planté beaucoup plus longtemps sur mes jambes. Les excès de la veille se faisaient encore douloureusement sentir.
     
    Nous étions toujours dans la même position une bonne heure plus tard. Helena Justina se cramponnait à moi en fixant le plafond. Je ne dormais pas, je récupérais tout doucement.
    — Je t’aime, finis-je par gargouiller, pour tenter de l’arracher à ses sombres pensées.
    — Tu choisis toujours tes moments pour te montrer romantique ! railla-t-elle.
    Elle me saisit par mon menton rugueux et plongea son regard dans mes yeux vitreux. J’avais toujours su que cette fille avait du courage.
    — Falco, ta beauté n’est plus ce qu’elle était.
    — J’ai toujours été émerveillé par ton indulgence.
    — Je suis une pauvre idiote !
    Helena Justina était consciente d’avoir été entraînée à mener une vie médiocre qui la rendait insatisfaite et serait la source de futurs chagrins. Mes manières étaient devenues plus raffinées à son contact, même si je refusais de l’admettre ouvertement.
    — Maudit sois-tu, Marcus. J’ai pensé toute la nuit que tu t’étais laissé emporter par le tourbillon d’une orgie et que tu t’étais endormi la tête posée sur les cuisses d’une danseuse.
    Je ne pus m’empêcher de sourire. Si Helena tenait suffisamment à moi pour être jalouse, bien des espoirs m’étaient encore permis.
    — Il y avait bien une danseuse à cette soirée, mais je n’ai pas eu de rapports avec elle. Elle était vêtue en Diane chasseresse avec un costume qui lui couvrait à peine…
    — Tu aurais mieux fait de t’intéresser à la nourriture !
    — C’est exactement ce que j’ai fait, affirmai-je.
    Elle me serra très fort contre elle et je laissai échapper un rot accidentel.
    — J’ai aussi pensé qu’on t’avait attaqué et que tu te vidais de ton sang dans un caniveau.
    — Heureusement non. Figure-toi que je transportais un précieux ingrédient qu’on m’a offert à ce banquet. À ton intention. Pour satisfaire tes envies de femme enceinte. La sauce la plus dispendieuse qui soit.
    — Alors je crois que je vais pouvoir te pardonner, dit-elle d’un ton dubitatif.
    — Il y en a toute une amphore. J’ai eu besoin de deux esclaves pour m’aider à la porter.
    — Mon héros ! Elle vient tout droit de Bétique ?
    — L’étiquette indique Hispalis. C’est sûrement des

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