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Crépuscule à Cordoue

Crépuscule à Cordoue

Titel: Crépuscule à Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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reculer. L’air on ne peut plus malheureux, il débita d’un trait :
    — Un des convives de notre dîner d’hier a été retrouvé dans la rue sans connaissance après une agression.
    — Alors c’est un chirurgien que tu dois voir. Tu as prévenu les vigiles du district concerné ?
    J’évitais de regarder Helena, car je savais qu’elle commençait déjà à s’inquiéter pour moi. Si j’avais su qu’on allait parler de quelqu’un quasiment battu à mort, j’aurais entraîné Læta à l’extérieur dès son arrivée.
    — Ce n’est pas un cas pour les vigiles, assura-t-il en pinçant les lèvres avec dédain.
    — Non ? Pourtant je ne vois rien là d’extraordinaire. Il n’est pas rare que les gens qui rentrent chez eux après une réception se fassent attaquer dans la rue.
    — L’homme attaqué vit au palais. Il n’avait pas à rentrer chez lui.
    — Il vit au palais ? De qui s’agit-il ?
    J’aurais dû trouver la réponse moi-même, ne serait-ce qu’à cause de la position élevée de mon interlocuteur et de son agitation extrême et un peu malsaine. J’avoue cependant que je fus surpris quand Læta annonça avec panache :
    — Il s’agit d’Anacrites, le chef du Service de Renseignements !

7
    —  Anacrites !
    Je laissai échapper un petit rire qui n’avait rien à voir avec les malheurs de l’espion.
    — Alors tu devrais te demander en premier si ce n’était pas moi le coupable !
    — J’ai envisagé cette possibilité, rétorqua-t-il froidement.
    — L’attaque peut aussi être motivée par une affaire en cours. Une affaire qui me concerne aussi.
    — J’ai cru comprendre qu’après le sale tour qu’il t’avait joué en Orient, tu refusais de travailler avec lui.
    Il était inutile de finasser.
    — Comment a-t-il été attaqué ?
    — Il a dû sortir pour une raison ou une autre.
    — Mais il n’avait pas à rentrer chez lui : tu as bien dit qu’il était logé au palais ?
    — Surtout pour des raisons de sécurité. Il occupe un poste sensible.
    Læta avait du mal à dissimuler la jalousie qu’il éprouvait pour les avantages dont jouissait Anacrites.
    — Je crois savoir qu’il a investi dans une grande villa à Baies ; mais c’est seulement pour les vacances et il n’en prend presque jamais. Je suppose qu’il souhaite s’y retirer un jour…
    J’étais quelque peu intrigué par l’obsession que Læta paraissait éprouver pour la vie privée de son rival ; et la pensée qu’Anacrites avait eu les moyens de s’offrir une villa dans la ville à la mode de Baies était troublante.
    — Il est vraiment très amoché ? demandai-je.
    — Le message que j’ai reçu affirme qu’il ne va peut-être pas s’en sortir.
    — Le message ?
    — L’homme qui l’a recueilli a envoyé un esclave nous apporter un message ce matin.
    — Comment a-t-il réussi à identifier Anacrites ?
    — Je l’ignore complètement.
    — Quelqu’un a vérifié la condition du blessé ? Tu ne l’as pas vu toi-même ?
    — Non ! s’exclama Læta.
    Ma question avait paru le surprendre. Je m’efforçais de contrôler mon irritation. Cette histoire ne sentait pas bon.
    — Il est toujours chez l’âme charitable qui l’a recueilli ?
    Je pris son silence pour un acquiescement.
    — Donc, tu penses qu’Anacrites a été attaqué, voire assassiné, par une ou plusieurs personnes faisant l’objet d’une enquête. D’où panique officielle. Et toi, en tant que chef du Bureau de la Correspondance, tu te sens obligé d’aider à tirer cette affaire au clair.
    En réalité, j’étais certain que personne ne lui avait rien demandé.
    — Toutefois, ce qui m’apparaît clairement, c’est que le chef espion a été abandonné à son triste sort toute la journée, peut-être même sans attention médicale, à la merci d’une nouvelle attaque, ainsi que le citoyen qui l’héberge. Il est tout de même étonnant qu’aucun personnage officiel n’ait cherché à connaître la gravité de ses blessures ni à savoir s’il était en état de raconter son agression.
    Læta ne chercha pas à formuler des excuses pour expliquer ces incongruités. Il joignit le bout de ses doigts pour déclarer avec componction :
    — Tu as raison, Falco. Alors le mieux serait que nous nous rendions tous les deux là-bas immédiatement.
    Mon regard croisa celui d’Helena. Elle se contenta de hausser les épaules d’un air résigné. Elle savait à quel point je

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