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Crépuscule à Cordoue

Crépuscule à Cordoue

Titel: Crépuscule à Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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savait s’adapter immédiatement aux circonstances. Si je voulais me mesurer à une telle collègue, j’allais devoir faire de sérieux progrès.
    Nous nous installâmes côte à côte comme deux amoureux s’apprêtant à partager un pique-nique. Les moucherons commencèrent immédiatement à s’intéresser à nous.
    — Dommage qu’on n’ait pas un flacon de vin et du pain ! m’exclamai-je. On se serait crus en vacances.
    Je vis du coin de l’œil que Perella n’appréciait pas mon genre d’humour. Je m’empressai donc de poursuivre :
    — La dernière fois que je t’ai vue, je t’ai prise pour une danseuse professionnelle qui venait de perdre un engagement à cause d’une méchante combine. Et qui en était furieuse. Tu ne m’as jamais avoué que tu étais au service du chef espion ?
    — Bien sûr que je ne t’ai rien dit. Pour qui tu me prends ? Je suis une professionnelle.
    — Mais éliminer la belle Selia simplement parce qu’elle a dansé à ta place à ce souper, c’est peut-être donner trop d’importance à votre rivalité ?
    Elle me fixa de ses yeux indéchiffrables couleur de vase.
    — Qu’est-ce qui te fait croire que c’est moi qui l’ai tuée ?
    — C’était justement un travail très professionnel.
    Je me laissai aller en arrière, les deux mains sous la tête, le regard perdu dans les branches du chêne qui nous abritait. Une feuille se détacha et me visa méchamment un œil. En outre, mes articulations commençaient déjà à se plaindre de l’humidité de la forêt. L’idée de rentrer à Rome, où je pourrais tenir mes conversations dans des bars à vin, commença à me paraître agréable.
    Elle changea de position sur son châle pour pouvoir continuer à me regarder. Qui aurait pu l’en blâmer ?
    — Elle était trop voyante, cette Selia. Tellement maquillée qu’on ne remarquait qu’elle partout où elle passait.
    — Tandis que les vrais professionnels savent se fondre dans la masse, c’est ça ? Alors tu as remédié au problème ?
    Perella ne répondit pas franchement.
    — Elle avait fait son temps. Je suis persuadée que ce jeune imbécile de questeur l’avait envoyé chercher pour qu’elle te règle ton compte, Falco.
    — Alors je dois me montrer reconnaissant qu’on ne lui en ait pas laissé le temps ?
    Elle avait l’air de se moquer de ma gratitude.
    — Je pense que Selia ne se fiait plus à Quadratus et qu’elle avait décidé de le supprimer à son tour. Parce que s’il parlait, elle était fichue.
    — La laisser supprimer Quadratus aurait simplifié la situation.
    — C’est ton point de vue, Falco.
    — Soyons réalistes. Il n’est pas évident de trouver un magistrat à Rome qui va accepter de le juger. Et s’il s’en trouve un, il se laissera probablement acheter par Attractus, qui ne va pas lésiner. Sans compter qu’il faut d’abord mettre la main sur ce salopard. Tu fais toi aussi le tour des mines. Alors, soit tu cours aussi après Quadratus… soit après moi.
    Elle se tourna encore plus franchement vers moi et m’adressa un large sourire.
     
    — Tu joues à quoi ? demandai-je d’une voix tranchante. Tu as tourné autour de tous mes suspects. Je veux parler d’Annæus, de Licinius et de Cyzacus. Et si je ne me trompe pas, tu as même eu le culot de passer chez moi.
    — Oui, je les ai tous vus avant toi. Qu’est-ce qui t’a retardé à ce point ?
    — Mon romantisme. J’aime admirer les paysages. En tout cas, même si tu les as vus la première, c’est à moi qu’ils ont parlé le plus longtemps.
    — Peut-être, mais ils t’ont parlé pour ne rien dire, se moqua-t-elle.
    Je laissai glisser.
    — Tu savais que j’effectuais une mission officielle, alors pourquoi ne pas m’avoir contacté franchement ? On aurait pu se partager le travail.
    — Prendre contact avec toi n’était pas le plus urgent ! s’exclama-t-elle d’un ton méprisant. De toute façon, je devais d’abord m’assurer que je pouvais me fier à toi avant de te révéler qui j’étais, ce que je savais et pour qui je travaillais. J’ai failli t’aborder, le soir du festival…
    — C’est toi qui m’as jeté cette pierre ?
    — Oh ! un simple gravier, ricana-t-elle.
    — Et pourquoi ne m’as-tu pas abordé ? m’étonnai-je.
    — Parce que Quadratus rôdait aussi par là. Je sais que tu ne t’en es pas aperçu.
    — Il était parti en calèche avec deux autres personnes…
    — Il s’est arrêté

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