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Crépuscule à Cordoue

Crépuscule à Cordoue

Titel: Crépuscule à Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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place pour des hommes qui accepteront d’aider Titus à atteindre son but. C’est un homme pressé. Quand il donne un ordre, c’est toujours pour être exécuté avant-hier.
    Je savais ce que cela signifiait :
    — Oui, par les moyens les plus rapides. Que ce soit légal ou non ! Je trouve que c’est une mauvaise nouvelle que tu m’annonces. Qui a envie de revenir aux méthodes employées sous Tibère et Néron, quand les services secrets étaient uniquement constitués de tortionnaires au service de l’État, tout juste capables de torturer de pauvres types dans des culs de basse-fosse ?
    Decimus resta pensif un long moment. C’était un vieil ami de Vespasien, et il n’avait pas son pareil pour analyser une situation difficile.
    — Marcus, finit-il par dire, tout ça c’est ton monde. S’il y a de nouveau lutte pour le pouvoir, tu seras bien obligé de prendre parti.
    — Je préférerais m’enfuir le plus loin possible ! (Je pensais aux implications.) Des rivalités existent déjà, confirmai-je, en pensant aux escarmouches entre Anacrites et Læta, dont j’avais été le témoin privilégié au cours du souper fatidique. Je pense que le chef espion s’est mis à dos un bureaucrate habile qui a cherché à se venger en suggérant à Titus de développer un réseau parallèle. Et si Anacrites meurt, comme je le redoute, les candidats à son poste ne vont pas manquer.
    — De quel bureaucrate parles-tu ?
    — De Læta.
    En entendant ce nom, le sénateur, qui connaissait naturellement le chef secrétaire, eut un frisson de dégoût. Personnellement, j’avais eu l’impression d’être utilisé par Læta pour énerver Anacrites. C’était un des nombreux cas où le bien public se trouve ignoré – en l’occurrence, une bonne et honnête organisation du commerce de l’huile d’olive entre l’Hispanie et Rome –, au profit d’une désastreuse vendetta entre administrateurs. Ce qui créait un terrain favorable pour que Rome retombe entre les griffes des forces sinistres qui règnent au moyen de la torture et de la tyrannie.
     
    C’est à ce moment-là que Julia Justa – qui jusque-là était restée silencieuse, comme toute femme respectable se doit de l’être pendant que les hommes débattent du sort du monde – décida d’user de ses droits : elle fit signe à Helena Justina de venir nous rejoindre.
    — J’aimerais laisser Ælianus en dehors de tout ça, continua son père. Je commence à regretter de l’avoir envoyé en Hispanie. Mais il me paraissait manquer d’expérience, le gouverneur est un ami, l’occasion paraissait idéale… Je pensais qu’il serait bon pour mon fils de se forger une petite idée de l’administration d’une province… En outre, je venais juste d’acheter une propriété sur le Guadalquivir où il y avait un certain nombre de problèmes à régler.
    Helena Justina venait enfin de consentir à s’apercevoir que sa mère lui faisait signe et s’approcha du portique. Decimus poursuivit :
    — Bien sûr, il manque d’expérience, surtout dans ce domaine…
    Je commençais à voir où cela nous mènerait.
    — … Alors, tous les problèmes n’ont pas été réglés.
    Devinant que je ne voulais pas qu’elle entende la suite, Helena pressa le pas autant qu’elle le pouvait.
    — Marcus, je suis persuadé que si tu te trouvais sur place, tu pourrais découvrir en une ou deux semaines les tenants et les aboutissants de cette histoire d’huile dont parle le questeur dans sa lettre, conclut le sénateur.
    Julia Justa se concentra à se débarrasser avec élégance d’un pépin de raisin qui s’était collé à sa lèvre. Puis elle énonça sèchement :
    — Ce n’est pas comme si on avait besoin de lui ici. Mettre des bébés au monde, c’est un travail de femme !
    Je n’eus pas le courage de regarder quelle figure faisait ma compagne.
    — Pas question que je parte pour la Bétique. J’ai promis à Helena d’être auprès d’elle quand l’enfant naîtrait. Et c’est plus qu’une promesse, c’est ce que je veux.
    — Je suis surprise que tu ne proposes pas de l’emmener avec toi, persifla sa mère.
    Le sourire d’Helena était on ne peut plus paisible quand elle dit :
    — Oh ! il n’est pas question de m’emmener en Bétique !
    Ce fut l’instant où je compris que, quand je trahirais la promesse faite à Helena, je serais en Bétique.

16
    — Je l’ai gardé en vie ! aboya ma mère. Tu ne m’as jamais dit

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