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Crépuscule à Cordoue

Crépuscule à Cordoue

Titel: Crépuscule à Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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judiciaires : Cordoue, Hispalis, Astigi et Gades. J’avais donc une chance sur quatre de trouver le gouverneur dans sa bonne ville de Cordoue. Comme les Parques ne m’ont pas habitué à me combler de faveurs, je ne me berçais d’aucune illusion. Or, miracle, il était bien là. Ce qui ne signifiait pas que le brave homme allait accepter de me recevoir.
    Comme j’étais tenu au secret, il convenait d’imaginer une approche subtile. Je commençai par produire une tablette décorée de l’honorable sceau de Claudius Læta. Les scribouillards de service, qui avaient dû adresser mille et une missives insipides au chef secrétaire de l’empereur, parurent très modérément impressionnés. L’un d’eux, aux cheveux coupés à ras, se sentit tout de même obligé de me dire qu’il allait voir ce qu’il pouvait faire. Croisant un ami dans le couloir, il s’arrêta pour lui parler en riant de tout le vin qu’ils avaient ingurgité ensemble la veille. Les autres commencèrent à s’intéresser au menu de leur déjeuner.
    Il ne me restait plus qu’à employer les grands moyens.
    Je m’assis sur une table basse et me mis en devoir de me curer les ongles avec la pointe de mon poignard.
    — Prenez tout votre temps, souris-je. Ça ne va pas m’être facile d’informer le proconsul que son arrière-grand-père est enfin mort, mais que le vieil abruti a changé son testament juste avant pour favoriser sa jeune manucure. Et j’espère que je n’aurai pas à lui apprendre que sa femme ne s’est pas rendue à la campagne comme prévu, parce qu’elle a préféré rester en compagnie d’un conducteur de char. Ils ont pourtant été discrets, mais c’est son médecin à elle qui a vendu la mèche…
    Je n’eus pas besoin d’improviser plus longtemps. L’un d’eux disparut en courant et revint me chercher hors d’haleine. J’étais admis en Sa Présence. Le proconsul eut l’air surpris en me voyant, parce qu’il ignorait que j’étais devenu une célébrité aux yeux de son petit personnel. J’aurais volontiers parié que ses secrétaires s’étaient agglutinés derrière la porte et collaient des coupes à vin contre les panneaux laqués pour mieux entendre notre conversation. Mais comme le grand homme trônait sur son estrade surmontée d’une espèce de dais pourpre, à l’autre extrémité d’une salle d’audience aussi vaste qu’un stade, notre conversation mondaine allait se dérouler hors de portée d’oreille des enrouleurs de parchemins. En revanche, il était entouré de quelques scribes dont je souhaitais me débarrasser.
    Le proconsul de Bétique avait tout d’un homme appointé par Vespasien : il ressemblait à un éleveur de cochons. Son visage tanné et ses horribles jambes n’avaient pas retenu l’attention de l’empereur qui s’était plutôt intéressé à sa carrière illustre avant de l’envoyer s’asseoir dans le fauteuil d’ivoire placé sous l’aigle à la dorure ternie. Cet homme avait commandé une légion, j’en étais certain ; et la perspicacité qui se lisait dans ses yeux, malgré ses paupières tombantes, n’avait pas dû échapper à Vespasien. Le temps que je mis à traverser l’immense hall lui fut amplement suffisant pour juger à qui il avait affaire.
    Le poste qu’il occupait demandait un homme à poigne. Seulement trois années s’étaient écoulées depuis que deux provinces hispaniques avaient joué leur rôle dans l’Année des Quatre Empereurs : la Tarraconnaise soutenant Galba, et la Lusitanie Othon. Galba s’était d’ailleurs proclamé empereur avec l’aide des légions de son commandement provincial. Et les mauvaises idées ayant une fâcheuse tendance à se propager plus vite que les bonnes, Vespasien utilisa plus tard la même tactique depuis la Judée. Avec davantage de succès. Il s’empressa ensuite de prendre les mesures qui s’imposaient en Hispanie. Il n’y laissa qu’une légion au lieu des quatre qui y stationnaient précédemment. Une légion bien évidemment constituée de nouveaux éléments.
    C’est pourquoi, avant même de le rencontrer, j’étais certain que le proconsul avait été choisi pour sa fidélité à Vespasien et à la dynastie flavienne. (Les habitants des provinces ont peut-être entendu dire que les gouverneurs étaient dorénavant désignés au moyen d’une loterie. Mais bizarrement, cette loterie magique semble toujours désigner les hommes que souhaite nommer l’empereur.)
    L’Hispanie

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