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Crucifère

Crucifère

Titel: Crucifère Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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à côté de l’entrée, près d’un meuble. Il avait la tête penchée, à cause du plafond bas qui lui frôlait les cheveux. La toile de coton, percée par Dieu sait quoi, laissait filtrer un jour poisseux dans le petit espace que l’ancien roi de Jérusalem occupait avec son état-major.
    — Majesté, fit Simon.
    Le roi se retourna, lentement, comme émergeant du sommeil. Il cligna des yeux, cherchant à distinguer celui de ses hommes qui s’était adressé à lui, depuis l’ouverture de sa tente.
    Simon fit un pas en avant, ses yeux s’accoutumant à l’obscurité. Mieux, la trouant des mille langues de feu qui brûlaient désormais en lui et lui permettaient d’y voir en dépit de la nuit, mais teintaient tout en rouge.
    Il se demandait pourquoi le roi n’avait pas donné l’ordre d’allumer les torches. Il sentit, surtout, la présence d’inconnus. Son regard se porta vers la droite, en direction d’un coin plus sombre de la tente, et il reconnut un éclat, bleu, lumineux. « Crucifère ! » Il se mordit la lèvre inférieure, pour s’empêcher de parler. « Cassiopée ? » Pourquoi n’arrivait-il pas à percer les ténèbres d’où émanait la hideuse lueur bleue ?
    Son cœur se mit à battre la chamade, et des gouttes de sueur lui coulèrent dans le dos. Il se redressa, fixa son regard sur le roi, et croisa les bras derrière lui.
    — Que venez-vous faire ici ? commença le roi.
    — Mon rapport.
    Le roi eut un geste, lui signifiant de parler.
    — Les parois se sont écroulées…
    — C’est bien.
    — … sur nos hommes.
    Guy de Lusignan blêmit, tandis que Simon s’agenouillait, baissant humblement la tête pour ajouter :
    — La muraille est quasiment intacte. L’opération est un échec. Le trou que nous avons creusé l’a été trop profondément…
    — Votre intention était-elle de vous rendre aux Enfers, pour en faire jaillir les démons ? N’en sommes-nous pas suffisamment cernés à votre goût ?
    — Majesté, je… Tout est entièrement ma faute. Faites de moi ce que vous voudrez.
    Tête penchée sur la poitrine, bras ballants le long du corps, Simon s’attendait à être livré au bourreau. Mais Lusignan se figea. Il paraissait hésiter. Puis, dans un claquement de langue, il dit :
    — Bah, au moins aurons-nous essayé… Mais tout cela va changer. Car j’ai une bonne nouvelle.
    Il invita Simon à se relever.
    — Je crois que vous vous connaissez ?
    Il indiqua de la main l’endroit où Crucifère – mais était-ce vraiment elle ? – brillait.
    — Je… je ne sais pas, fit Simon.
    — Oui, nous nous connaissons, répondit Cassiopée.
    Elle fit alors un pas en avant, et Simon la vit – escortée d’Emmanuel et de Kunar Sell. Elle tenait dans ses bras la tête de Rufinus. Tous se dévisagèrent sans parler, Simon se demandant ce qu’ils faisaient là.
    — Son Excelleeence le marquis Conraaad de Montferraaat nous envoie souteniiir Sa Maaajesté, finit par dire Rufinus avec un sourire de défi pour celui qui avait essayé de l’occire.
    — Je suis ravi de voir le marquis se rallier à moi, expliqua Lusignan. Ensemble, nous vaincrons !
    — Comment as-tu fait pour survivre ? demanda Simon à Rufinus. Et vous, comment avez-vous fait pour arriver ici ? Notre camp est entièrement cerné par les troupes de Saladin.
    Effectivement, alors que Lusignan assaillait Acre depuis le 20 août, dès le 29 des renforts envoyés par le sultan étaient venus les prendre à revers. Acre était un comme un noyau de pêche – pêche dont la pulpe était les Francs, et la peau l’armée de secours envoyée par Saladin. Comment les Francs réussissaient-ils à tenir, entre ces deux adversaires ? Pour commencer, ils s’étaient ménagé un accès à la mer – par où des renforts leur parvenaient régulièrement. De quelques centaines, les hommes de Lusignan étaient devenus des milliers. Puis des dizaines de milliers. Ainsi, dès le mois de septembre 1189, cinq cents navires étaient arrivés du nord, par le détroit de Gibraltar. Danois, Frisons et Flamands – dont le vaillant chevalier Jacques d’Avesnes – s’étaient ajoutés aux Bretons qui étaient déjà là. Ensuite étaient venus les Français – les hommes du comte Henri de Bar, et ceux d’Érard II de Brienne, de Guillaume de Châlons, de Robert de Dreux et de son frère Philippe, évêque de Beauvais. Sans oublier de nombreux chevaliers champenois.
    Dans la plaine

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