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Dans l'intimité des reines et des favorites

Dans l'intimité des reines et des favorites

Titel: Dans l'intimité des reines et des favorites Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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espéraient.
    Or, par un hasard prodigieux, M me  de Chevreuse était poursuivie depuis quelque temps par le jeune Henri de Talleyrand, marquis de Chalais et grand maître de la garde-robe du roi, qui se trouvait être l’ami intime de Gaston.
    Elle l’appela, le cajola, lui fit quelques agaceries propres à amoindrir ses facultés et lui dit d’un ton de petite fille :
    — Vous prétendez que vous m’aimez, mais vous n’avez jamais cherché à me faire plaisir.
    L’autre avait à ce moment les yeux exorbités. Il répondit en haletant qu’il n’avait pas d’autre but dans la vie.
    — Demandez-moi ce que vous voulez, bredouilla-t-il.
    Alors elle l’informa des intentions de la reine et le chargea d’exciter la colère de Monsieur contre le cardinal.
    — Si vous réussissez, promit-elle, vous aurez votre récompense.
    Chalais, très énervé, courut trouver le frère du roi, répéta tout ce que M me  de Chevreuse lui avait soufflé, et annonça que de nombreuses personnes à la cour étaient disposées à aider l’homme qui voudrait abattre Richelieu.
    Gaston, qui détestait le cardinal, fut séduit. Il consentit à rencontrer la confidente de la reine, et l’extraordinaire complot dont cette petite femme turbulente allait être l’âme fut rapidement organisé.
    On décida que le 11 mai de cette année 1626 Monsieur, accompagné de quelques gentilshommes de ses amis, irait déjeuner au château de Fleury, près de Fontainebleau, où demeurait Richelieu, et qu’au cours du repas les convives feindraient de se disputer. Tirant alors leurs épées, ils feraient mine de se battre et, dans le feu de la lutte, transperceraient le cardinal, comme par mégarde.
    Après quoi on envisageait calmement de soulever le peuple de Paris, de s’emparer de la Bastille, de déposer Louis  XIII avec l’espoir qu’il mourrait de chagrin, de le remplacer par Gaston et de marier celui-ci à la reine. Ce plan extravagant plaisait beaucoup aux conjurés. Hélas ! l’amour, une fois de plus, allait tout faire échouer…
     
    Tandis que Monsieur, auquel s’étaient joints le prince de Condé, César et Alexandre de Vendôme, prenait ses dernières dispositions, Chalais se rendit chez M me  de Chevreuse pour recevoir la savoureuse récompense qu’on lui avait promise. La confidente mit le jeune homme dans son lit et s’ingénia à lui prouver que sa réputation d’amoureuse ardente n’était pas surfaite. Mal lui en prit, car le pauvre sortit « de la chambre du péché » dans un tel état de déficience physique et intellectuelle que, ne sachant plus ce qu’il faisait, il alla raconter tout ce qui se préparait à son oncle, le commandant de Valançay.
    Celui-ci ne comprenait pas la plaisanterie.
    — Vous allez m’accompagner chez le cardinal, lui dit-il, et vous lui révélerez ce que vous savez.
    À Fleury, Chalais, effondré, avoua tout ; Richelieu remercia et courut se réfugier à Fontainebleau.
    Le soir même, les conjurés étaient informés de la trahison. Cette nouvelle provoqua chez eux un grand affolement. Monsieur, sautant sur un cheval, s’en fut à la chasse, Condé alla se jeter aux pieds du premier ministre et les Vendôme prirent la fuite.
    Restait Chalais. Il fut arrêté.
    Dans sa prison, il reçut la visite de Richelieu, qui posa sur lui ses yeux froids et lui dit :
    — Si vous avouez que la reine dirigeait le complot, vous aurez la vie sauve.
    Chalais avoua. Il le regretta d’ailleurs quelques jours plus tard, lorsqu’on vint le chercher pour le conduire à l’échafaud.
     
    Après la mort de ce faible jeune homme, Gaston, pris de peur, alla trouver Louis  XIII et rejeta la responsabilité de la conspiration sur le maréchal d’Ornano, les Vendôme, M me  de Chevreuse et Anne d’Autriche dont il était pourtant devenu l’amant.
    Ornano et les Vendôme furent arrêtés, M me  de Chevreuse chassée du royaume et la reine convoquée devant un tribunal composé du roi, de Marie de Médicis et de Richelieu.
    — Vous avez voulu me reléguer dans un couvent et peut-être m’ôter la vie, dit Louis  XIII , ensuite vous avez voulu élever mon frère sur le trône et devenir son épouse ; qu’avez-vous à répliquer ?
    — C’est faux, répondit-elle fièrement. Je n’aurais pas assez gagné au change [230] .
    Furieux, le roi quitta la pièce et Anne regagna sa chambre. La brouille entre les époux était définitive [231] .
    Le 5 août, Monsieur, qui

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