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Dans l'intimité des reines et des favorites

Dans l'intimité des reines et des favorites

Titel: Dans l'intimité des reines et des favorites Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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n’y a pas dans le monde deux princesses plus malheureuses que moi et la reine d’Écosse, disait-elle. Il ne se trouvera donc personne pour me donner du poison [58]  ?
    Ses amies essayaient de la réconforter, lorsque, soudain, une troupe d’arquebusiers surgit de la forêt et obstrua le chemin. La voiture stoppa.
    Un officier s’approcha de la portière et demanda si la reine de Navarre était là.
    — C’est moi ! dit Marguerite.
    — Par ordre du roi, démasquez-vous, ainsi que les personnes qui vous accompagnent [59] .
    Les trois femmes obéirent.
    — Ces deux dames sont sans doute M me  de Duras et M me  de Béthune ?
    — Oui !
    — Alors, je dois leur donner cela de la part du roi.
    Et l’officier leur flanqua une magistrale paire de gifles. Avant que Margot ait pu faire un geste, un groupe d’arquebusiers intervint et tira hors du carrosse les deux confidentes qui poussaient des hurlements.
    — Attachez-les sur les chevaux, commanda l’officier.
    Puis il salua la reine de Navarre, complètement désemparée, et donna l’ordre au cocher du carrosse de continuer son chemin.
    Quelques instants plus tard, les roues crissaient de nouveau sur la route de Palaiseau, et Marguerite, penchée à la portière, pouvait voir les soldats du roi ligoter M me  de Duras et M me  de Béthune, puis tourner bride et repartir au triple galop avec leurs prisonnières.
    Que signifiait cet enlèvement ?
    Il faisait partie d’un plan établi par Henri  III qui, oubliant toute dignité, ne pensait qu’à salir la reine Marguerite.
    Les deux confidentes furent conduites à l’abbaye de Ferrière, près de Montargis, pour y subir un interrogatoire. Le roi lui-même posait les questions, demandant des détails sur les amants de sa sœur, les lieux où Marguerite les rencontrait et « mille précisions fort impudiques pour ce qu’elles touchaient au déduit, et qui firent rougir de confusion les deux dames ».
    — Vous n’êtes que vermine très pernicieuse, dit-il, je vous tiens pour complices des déportements de la reine de Navarre.
    Et il les fit mettre en prison. Après quoi, il écrivit à son beau-frère pour lui spécifier clairement qu’il avait épousé une putain.
    Le Béarnais, qui, pour lors, savourait les charmes de la délicieuse comtesse de Gramont, fut ravi. Sautant sur l’occasion qui lui était offerte, il décida de ne pas reprendre avec lui une femme dont la famille elle-même disait tant de mal. En apprenant cette nouvelle, le roi comprit sa maladresse et envoya une autre lettre à Navarre pour lui dire qu’on l’avait trompé et qu’il savait maintenant que Marguerite était un modèle de vertu.
    Le Béarnais répondit qu’il s’en tenait à sa première résolution. Alors, Henri  III , incapable de cacher sa mauvaise humeur, écrivit : Je sais comme les rois sont sujets à être trompés par faux rapports, et que les princesses les plus vertueuses ne sont bien souvent exemptes de la calomnie, même pour le regard de la feue reine, votre mère, je sais ce qu’on en a dit et combien on en a toujours mal parlé .
    En recevant cette lettre venimeuse, le roi de Navarre éclata de rire et dit aux amis qui l’entouraient :
    — Le roi me fait beaucoup d’honneur par toutes ses lettres : par les premières, il m’appelle cocu, et par ses dernières, fils de putain. Je l’en remercie [60] .
    Pendant que les deux souverains échangeaient cette curieuse correspondance, Marguerite poursuivait lentement son voyage. Informée par Catherine des sentiments peu amicaux que nourrissait le Béarnais à son égard, elle ne se pressait point d’arriver à Nérac. Lorsqu’elle fut à Agen, elle s’installa dans une luxueuse maison en compagnie d’un officier de sa suite et attendit que le ciel lui fournît une occasion de retrouver son mari sans avoir à encourir d’affront.
    C’est alors que Henri de Navarre eut une idée :
    — Je ne reprendrai ma femme, fit-il savoir à Henri  III , que si les troupes royales qui se trouvent en garnison dans les villes voisines de Nérac sont retirées.
    Le roi fut atterré. Son stupide mouvement de colère risquait de l’obliger à dégarnir ses positions militaires dans le Midi. Pensant à la joie des huguenots, il en voulut davantage encore à Marguerite et à ses amants. Pendant quelques jours, il s’entretint avec ses conseillers habituels et avec la reine mère de la décision à prendre. Il espérait gagner du temps. Mais

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