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Dans l'intimité des reines et des favorites

Dans l'intimité des reines et des favorites

Titel: Dans l'intimité des reines et des favorites Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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dos en apprenant cette histoire et se montra plus pressée que jamais d’entrer dans Paris avec son amant. Hélas ! de nouveaux obstacles empêchaient constamment la réalisation du plan projeté par le roi et l’entreprise était, jour après jour, reportée. Cinq mois d’attente énervante passèrent ainsi.
    — Laissez venir l’hiver, disait-on. À ce moment, l’action sera facile.
    L’hiver apporta une catastrophe. À la fin janvier 1594, alors qu’on préparait l’attaque, Mayenne, pour des raisons mystérieuses, remplaça Belin par le comte de Brissac.
    Tout était à recommencer…
    Poussé par sa maîtresse, Henri  IV se mit immédiatement en rapport avec le nouveau gouverneur de Paris et lui offrit, s’il acceptait de trahir ses chefs, le titre de maréchal de France.
    Brissac promit son concours.
    Il reprit le projet mis au point par son prédécesseur et, pour que les Ligueurs ne se méfiassent pas de lui, imagina de jouer les niais. Tous les amis de Mayenne furent dupes de cette manœuvre et le duc de Féria écrivit au légat : Mesmes, pour vous monstrer quel grand homme d’affaire c’est, une fois que nous tenions le Conseil céans, au lieu de songer à ce qu’on disoit, il s’amusoit à prendre des mouches contre la muraille.
    Pendant que Brissac endormait ainsi la méfiance de la Ligue, le roi se faisait sacrer à Chartres. Cette nouvelle atterra les Ligueurs. Le duc de Mayenne, craignant pour sa sécurité, allégua la nécessité d’aller en Picardie rejoindre l’armée espagnole et quitta précipitamment Paris le 6 mars, après avoir donné la garde de la ville à M. de Brissac. Le 21, le gouverneur envoya sous un vague prétexte les meilleures compagnies de la garnison à Pontoise afin d’être tranquille, et Henri  IV , aussitôt prévenu, vint masser ses troupes dans le faubourg Saint-Honoré. Enfin, le 22, à quatre heures du matin, M. de Brissac, trahissant ainsi qu’il l’avait promis, ouvrit lui-même la Porte Neuve, et l’armée royale entra dans la capitale…
    Contrairement à la légende popularisée par le célèbre tableau de Gérard, les Parisiens ne montrèrent qu’un enthousiasme modéré en voyant Henri  IV dans leurs murs. Des coups de feu furent même tirés sur lui, et une trentaine de gêneurs qui ne semblaient pas suffisamment contents (ils criaient : « Nous sommes vendus ! »), furent jetés à l’eau par les gardes du roi.
    Sans se soucier de ces trublions, Henri  IV alla entendre la messe à Notre-Dame, chanta un Te Deum et se rendit au Louvre où, deux heures plus tard, descendue à la hâte des hauteurs de Montmartre, Gabrielle d’Estrées venait le retrouver, ivre de joie…
     
    Vers la fin du mois de mars, le bruit courut dans Paris que la favorite était enceinte. Tout le monde devina que le rein du bon roi Henri n’était pas étranger à l’affaire et les esprits chagrins se scandalisèrent.
    Les gens de bon sens, au contraire, se réjouirent, disant que depuis vingt-deux ans aucun roi de France n’avait donné une telle preuve de virilité [124] et que c’était un heureux événement qui faisait bien augurer de l’avenir ; mais ceux-là constituaient, comme d’habitude, le petit nombre.
    Finalement, devant l’hostilité des Parisiens, la favorite dut quitter le roi et se réfugier, de nouveau, à l’abbaye de Montmartre.
     
    Maître de Paris, mais fortement critiqué pour sa liaison avec Gabrielle, Henri  IV avait encore beaucoup à faire pour asseoir son autorité. D’ailleurs de nombreuses villes refusaient de le reconnaître, et il en souffrait.
    Au mois d’avril, résolu à montrer sa force, il alla mettre le siège devant la place de Laon, tenue par la Ligue. Les opérations furent longues, car les Laonnais avaient des armes en quantité et des caves pleines de provisions. Au bout d’un mois, Gabrielle vint, malgré un état de grossesse avancé, rejoindre son amant. Elle eût voulu partager son destin et coucher sous la tente avec lui, mais le roi le lui interdit, disant que « la vie de camp n’étoit point bonne pour une femme qui avoit un enfant au ventre ».
    Elle alla donc s’installer au château de Coucy. C’est là qu’elle accoucha le 7 juin d’un gros garçon qu’on nomma César. Le choix du prénom causa, dit-on, quelques soucis au roi. Il aurait voulu l’appeler Alexandre ; mais l’ombre de son ex-rival, le premier amour de Gabrielle, le fit hésiter. « Il eut peur, nous

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