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Dans l'intimité des reines et des favorites

Dans l'intimité des reines et des favorites

Titel: Dans l'intimité des reines et des favorites Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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remèdes convenables.
     
    Convoqué par l’évêque, Nicolas d’Amerval répondit qu’il avait eu quatre enfants de sa première femme et que son impuissance, le soir de ses noces, était due à une chute de cheval.
    — Par la suite, avoua-t-il, j’ai plusieurs fois voulu hanter mon épouse ; mais malgré mes efforts je n’ai pu avoir sa compagnie charnelle.
    Entendue à son tour, Gabrielle se prétendit lésée « pour n’avoir point reçu son dû conjugal »…
    Naturellement, ce procès qui dura trois mois amusa beaucoup le gentil peuple, ravi de voir étaler au grand jour toute la sordide intimité des grands. Et l’on riait d’autant plus que la plupart des gens ne voyaient dans l’impuissance du sieur de Liancourt qu’un bon prétexte trouvé par le roi pour faire rompre le mariage de Gabrielle.
    Fin novembre, le bruit courut que Nicolas, rendu momentanément défaillant par sa chute de cheval, avait retrouvé toute sa vigueur et tout son entrain. Cette nouvelle réjouit les amateurs d’histoires lestes.
    — Le sieur de Liancourt demandera sans doute l’épreuve du Congrès, disaient-ils en se pourléchant à l’avance.
    Qu’était-ce donc que le Congrès ? Un bien curieux procédé d’expertise qui était utilisé depuis le XIV e  siècle dans les procès de divorce pour impuissance…
    Le mari, accusé de n’avoir pu se montrer galant compagnon, demandait à être convoqué par une assemblée de médecins. On le faisait se mettre au lit avec son épouse et, au signal donné, il devait tirer les rideaux et s’efforcer d’être agréable à la dame.
    Deux heures étaient accordées pour l’épreuve à laquelle assistaient, outre les médecins, quelques matrones. À tout moment, le mari dont l’honneur était en jeu pouvait appeler les témoins « pour leur montrer sa belle tenue ou leur faire constater sa victoire. »
    La plupart du temps, le pauvre, impressionné par la présence des médecins chargés de juger son « œuvre », demeurait dans un affligeant marasme…
    Au bout de deux heures, les experts venaient écarter les rideaux, relevaient les draps et faisaient toutes les constatations utiles. Après quoi, ils rédigeaient leur rapport et le portaient au juge qui attendait dans une pièce voisine.
    Cette épreuve eût pu être demandée par le sieur de Liancourt qui avait alors retrouvé sa virilité ; mais le mari de Gabrielle eut peur du roi (et peut-être aussi du ridicule). Il se contenta de rédiger son testament et d’écrire pour la postérité : « … Et parce que pour obéyr au roy et de crainte de perdre la vie, je suis sur le point de consentir à la dissolution du mariage de moy et de ladite d’Estrées, suivant la poursuite qui s’en fait devant l’Official d’Amiens, je déclare et proteste devant Dieu et devant les hommes, je jure et affirme que si la dissolution se fait et ordonne, c’est contre ma volonté et par force, pour le respect du roy, n’estant véritable l’affirmation, confession et déclaration que je pourrai faire estre impuissant et inhabile pour la copulation charnelle et génération… »
    Et, le 24 décembre 1594, le mariage de Gabrielle et de Nicolas fut déclaré nul par l’Official d’Amiens…
     
    Trois jours plus tard, le 27 décembre, vers cinq heures du soir, le roi rentrait à Paris entouré par un groupe de cavaliers qui tenaient des torches et des flambeaux.
    Le vent glacé qui sifflait dans la rue Saint-Honoré pliait les flammes, et Henri  IV , emmitouflé dans une cape, avait du givre sur la barbe. Malgré le froid, le menu peuple se pressait sur la chaussée, jobard et gouailleur, comme à l’ordinaire.
    Au coin de la rue de l’Autruche, un jeune homme « vestu de noir honnestement » demanda à l’un de ses voisins « lequel estoit le roi ; sur quoi l’autre lui en montra un qui avoit des gants fourrés, lequel lui dit estre le roi ». L’inconnu se mêla alors au cortège et suivit Henri  IV jusqu’à l’hôtel du Bouchage où habitait Gabrielle d’Estrées. Là, comme tout le monde – cavaliers, gentilshommes, gardes, et même « infinies personnes inconnues » – entrait sur les pas du souverain, il pénétra à son tour sans difficulté et parvint avec la foule jusqu’à la chambre de la favorite.
    Sans se faire remarquer, ce qui était facile parmi ces gens qui ne se connaissaient pas pour la plupart, il réussit à se glisser auprès du roi. À ce moment toute

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