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Dans l'intimité des reines et des favorites

Dans l'intimité des reines et des favorites

Titel: Dans l'intimité des reines et des favorites Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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explique Tallemant des Réaux, qu’on ne dise Alexandre le Grand  ; car on appelait M. de Bellegarde : M. Le Grand [125] , et, apparemment, il avait passé le premier [126] … »
    Ce petit nuage étant écarté, Henri  IV montra une joie sans bornes et revint devant les murs de Laon avec une force décuplée. Le 21 juillet, la ville capitulait…
    Peu après, Poitiers, Amiens, Beauvais, Cambrai, Concarneau, Quimper, Doullens, Saint-Malo, Péronne se rendaient également.
    À l’annonce de chaque reddition, le Béarnais sautait de joie et courait voir Gabrielle qui avait regagné l’abbaye de Montmartre où César faisait la joie des petites nonnes.
    — Ce fils me porte bonheur, disait-il tendrement.
    Bientôt, la Provence fut délivrée du joug d’Épernon et le royaume presque entièrement soustrait au clan hispano-lorrain. Alors Henri  IV pensa que le moment était venu de faire son entrée officielle dans Paris. Il en fixa la date au 15 septembre pour que Gabrielle, qu’il voulait associer à la royauté et à son triomphe, fût à même d’y participer.
    Le 14, ils allèrent tous deux passer la nuit à Saint-Germain-en-Laye, et le lendemain, vers sept heures du soir, alors que la nuit commençait à estomper la couleur des choses, le roi entra dans sa capitale à la lueur des flambeaux et accompagné d’une suite magnifique…
    Tous les Parisiens étaient venus acclamer leur souverain qui portait, pour l’occasion, un chapeau gris orné de son légendaire panache blanc…
    À quelques pas devant lui roulait une somptueuse litière encadrée d’une compagnie d’archers. On y pouvait voir Gabrielle, souriante et éblouissante dans une robe de satin noir semée de broderies de jais, la jupe « toute huppée de blanc et chargée de tant de perles et de pierreries si reluisantes qu’elles offusquaient la lueur des flambeaux », raconte Pierre de L’Estoile.
    Elle était alors dans tout l’épanouissement de sa beauté. « Son visage était lisse et transparent comme une perle dont il avait la finesse et l’eau, nous dit M lle  de Guise, qui pourtant ne l’aimait guère. Le satin blanc de sa robe paraissait noir à comparaison de la neige de son beau sein. Ses lèvres étaient couleur de rubis et ses yeux d’un bleu céleste, si luisants qu’on eût pu difficilement juger s’ils empruntaient au soleil leur vive lumière ou si ce bel astre leur était redevable de sa clarté… »
    En la voyant passer, si belle, les Parisiens, émerveillés, hochaient la tête :
    — C’est la putain du roi, disaient-ils.
    Mais il y avait maintenant dans leur ton une nuance de respect.
    Au milieu de cette foule joyeuse, une femme triste regardait, elle aussi, la belle Gabrielle. C’était Corisande…
    M me  de Gramont, en effet, se trouvait à Paris depuis quelque temps avec son amie Catherine de Bourbon, sœur du roi, et le destin, toujours facétieux, la faisait assister au triomphe de sa remplaçante [127] …
    Le soir, lorsque les cérémonies furent achevées, Henri  IV rentra au Louvre et la favorite prit le chemin de l’hôtel du Bouchage qui devait être, désormais, sa demeure officielle.
     
    Le roi mena, pendant quelque temps, une vie tout à fait familiale, partageant son temps entre Gabrielle qu’il voyait la nuit, et César qu’il contemplait le jour. Or, bientôt, une idée l’obséda : ce fils qu’il adorait était légalement l’enfant de Nicolas d’Amerval… Il lui parut en conséquence urgent d’entamer la procédure nécessaire pour rendre libre sa maîtresse.
    Le divorce fut donc résolu et Gabrielle, sur la prière du roi, envoya à l’évêque d’Amiens cette curieuse supplique :
     
    Vous démontre dame Gabrielle d’Estrées qu’étant âgée seulement de dix-huit ans elle aurait par force et contrainte été mariée par son père avec M. Nicolas d’Amerval, seigneur de Liancourt. Toutefois, pendant et depuis le temps de deux ans, elle n’aurait vécu ni conversé avec son mari comme ont accoutumé de faire personnes vraiment capables en légitime mariage, encore que ledit sire d’Amerval, dissimulant son impuissance, se serait approché d’elle plusieurs fois sans aucun effet à rendre le devoir conjugal, ce que ladite suppliante aurait tu et dissimulé jusques ici sans faire aucune plainte. S’étant enfin déclarée à ses tantes et sœurs, avait été conseillée de s’adresser à vous comme juge ordinaire pour lui être pourvue de

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