Dans l'intimité des reines et des favorites
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Certaines poussèrent l’extravagance jusqu’à se passer le bout des seins au rouge vif ; mode qui donna l’idée à d’autres femmes de se farder en un endroit plus original encore…
La mode des robes échancrées jusqu’au nombril allait être à l’origine d’un nouvel engouement royal. Un soir de mars 1607, au cours d’une fête, Henri IV remarqua une jeune personne extrêmement gracieuse « qui montrait de jolis tétins bien rebondis et ornés de deux framboises ». Elle s’appelait Charlotte des Essarts. Le roi, qui avait justement quelques loisirs (M me de Moret était enceinte [184] ), s’amouracha d’elle et lui fit une cour si pressante que le lendemain soir, nous dit un chroniqueur, « il lui lutinait le Sénégal » [185] . En dédommagement, le Trésor lui versa une importante pension…
Pendant quelques mois, M lle des Essarts eut droit à tous les égards et put croire qu’elle allait devenir troisième favorite en titre ; mais, lorsqu’elle fut enceinte à son tour, Henri IV , agacé, pria Sully de le « descharger au plus tost de cette femme ».
— Comment ? demanda le ministre, un peu embarrassé.
— Attendez la naissance de l’enfant, répondit le roi, et faites-les entrer tous deux en religion. C’est une sûre retraite.
Une fille naquit qu’on baptisa Jeanne-Baptiste de Bourbon et qu’on mit rapidement dans un couvent de Chelles [186] , tandis que Charlotte était conduite à l’abbaye de Beaumont [187] .
Alors le roi, qui avait fait de la cour un très mauvais lieu, suivant l’expression de l’ambassadeur de Florence [188] , enrichit son harem en devenant l’amant de la sémillante Charlotte de Fontlebon, demoiselle d’honneur de la reine.
Cette jeune personne était encore en fonction dans le lit royal lorsqu’en janvier 1609, Henri IV fut invité avec Marie de Médicis à une fête donnée par la reine Margot. Il suivait ce que nous appellerions maintenant les « attractions » avec un intérêt moyen, quand parut soudain au milieu d’un ballet une petite chanteuse aux cheveux dorés. Elle s’appelait la petite Paulet et avait un éclat éblouissant [189] . Voici ce que nous en dit Pierre de l’Estoile : « Cette petite chair blanche, polie et délicate, couverte d’un simple crêpe fort délié, au travers duquel paraissaient les itinéraires d’une partie secrète encore plus déliée, mettait en goût et appétit plusieurs personnes. »
L’appétit du roi fut l’un des plus vifs, on s’en doute. Et Tallemant des Réaux ajoute tout crûment « qu’il eut envie de coucher avec la belle chanteuse pour la faire chanter sous l’homme ». Ajoutant d’ailleurs : « Tout le monde tombe d’accord qu’il en passa son envie… »
Le roi eut ainsi cinq femmes à satisfaire. Il sut se montrer à la hauteur de la tâche ; mais se vit contraint de délaisser quelque peu les affaires de l’État. « Il passait son temps, nous dit-on, à courir d’un lit à un autre avec une fougue d’adolescent. Rien ne comptait plus pour lui que ce qui se tâte… »
Au milieu de ce carrousel galant, il conservait cependant un amour tendre et sincère pour la marquise de Verneuil. Lorsqu’il présidait, par hasard, son Conseil, on le voyait parfois griffonner fiévreusement un billet ; ce n’était pas une note sur les événements politiques, mais une lettre enflammée destinée à Henriette. Je meurs d’envie de vous voir… Bonsoir, mon âme, je te baise les tétons un million de fois … Et l’austère Sully maugréait contre ces mamelles qui ne valaient pas à ses yeux le Labourage et le Pâturage…
Le roi menait cette vie agitée lorsque la reine Marie de Médicis fit répéter, pour les fêtes de Carnaval, un ballet où figuraient les plus belles filles de la cour. Parmi celles-ci se trouvait la jeune Charlotte de Montmorency, délicieuse blonde de quatorze ans et demi. « On ne pouvait rien voir de plus beau ni de plus enjoué », nous dit Tallemant des Réaux. Et Dreux du Radier ajoute : « Ses yeux pleins de tendresse en inspiraient aux plus indifférents… »
Les répétitions ayant lieu dans une salle contiguë à la chambre du roi, celui-ci aperçut un jour, par la porte entrouverte, le minois de M lle de Montmorency. Émerveillé, il sortit aussitôt et alla voir répéter le ballet. « Or, nous dit l’auteur des Historiettes , les dames devaient être vêtues en nymphes ; en
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