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Dans l'intimité des reines et des favorites

Dans l'intimité des reines et des favorites

Titel: Dans l'intimité des reines et des favorites Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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un endroit elles levaient leur javelot, comme si elles eussent voulu le lancer. M lle  de Montmorency se trouva vis-à-vis du roi quand elle leva son dard, et il semblait qu’elle l’en voulait percer. Le roi a dit, depuis, qu’elle fit cette action de si bonne grâce qu’effectivement il en fut blessé au cœur et pensa s’évanouir. »
    Immédiatement il voulut entraîner Charlotte dans sa chambre, mais elle refusa, disant qu’elle était bien jeune et que, d’ailleurs, on l’avait promise à François de Bassompierre. Henri  IV n’avait pas de goût pour les demi-mesures : il fit rompre les fiançailles et maria la petite Montmorency au prince de Condé que l’on disait inverti « dans l’espoir d’avoir affaire ainsi à un mari complaisant ».
    De fait, pendant quelques semaines, Condé considéra avec indifférence le manège du roi qui, pourtant, montrait tous les signes d’une inquiétante passion. Il devenait coquet, changeait d’habits, se lavait, se parfumait, taillait sa barbe, bref, se préparait comme un beau coq à la danse de séduction. Sa passion le poussait même parfois à des extravagances inattendues : un soir, il voulut que Charlotte se montrât tout échevelée sur un balcon, avec deux flambeaux à ses côtés. En la voyant ainsi, il faillit s’évanouir :
    — Jésus, qu’il est fou ! dit-elle, fort émue…
    Toute la cour suivait avec amusement ces excentricités et M me  de Verneuil essayait d’ironiser :
    — N’êtes-vous pas bien méchant, disait-elle au roi, de vouloir coucher avec la femme de votre fils, car vous savez bien que vous m’avez dit qu’il l’était.
    Mais ce détail aurait plutôt excité Henri  IV [190] .
    Indifférent aux sourires et aux critiques, « il se montra de plus en plus échauffé à la chasse de cette belle proie », nous dit L’Estoile, au point qu’il oublia une fois de plus les affaires de l’État et que le duc de Mantoue put écrire : C’est une telle folie, qui tient tous les sens du roi si embarrassés que quasi il n’est capable d’autres affaires que de celles qui concernent cette affection.
    Peut-être alors Charlotte, qui encourageait les galantes audaces du Béarnais, se serait-elle abandonnée comme les autres, si, brusquement, et contre toute attente, son mari n’était tombé amoureux d’elle. Jaloux soudain, il demanda au roi la permission de se retirer en province. Henri  IV refusa et une violente dispute éclata entre les deux hommes.
    — Vous n’êtes qu’un tyran, dit Condé.
    Henri  IV avait la réplique cruelle :
    — Je n’ai fait acte de tyran qu’une fois dans ma vie, dit-il. C’est lorsque je vous ai fait reconnaître pour ce que vous n’étiez pas. Et quand vous voudrez je vous montrerai votre père à Paris.
    Le prince baissa la tête et ne dit plus rien. Mais quelques jours après il prenait sa femme en croupe et l’emmenait au triple galop loin de la cour et de ses dangers, au château de Valéry, près de Sens.
    En apprenant ce départ, Henri  IV fut inconsolable. On le voyait pleurer dans les couloirs pour le plus grand agacement de la reine et des quatre favorites qui s’étaient provisoirement coalisées contre Charlotte.
    Pendant plusieurs soirs, il essaya d’exprimer sa douleur en vers.
    Mais les mots venaient malaisément et découragé, il finit par jeter au feu ses pénibles essais.
    Alors Malherbe vint.
    Et l’aida.
    Pour faire entendre les plaintes du souverain amoureux, le poète composa des Stances ampoulées et fort ennuyeuses qui commençaient ainsi :
     
    Donc, cette merveille des cieux
    Pour ce qu’elle est chère à mes yeux
    En sera toujours éloignée ;
    Et mon impatiente amour
    Par tant de larmes témoignée
    N’obtiendra jamais son retour.
     
    Les poètes ne sont pas toujours bons prophètes…
    Au mois de juillet 1609, Condé et sa femme furent obligés de revenir à Paris pour assister au mariage du duc de Vendôme, fils naturel du roi.
    En revoyant « la merveille des cieux », Henri  IV sembla renaître et convoqua immédiatement Malherbe qui reprit sa plume pour conter, en vers toujours aussi mauvais, la joie de son maître…
     
    Revenez, mes plaisirs, ma dame est revenue ;
    Et les vœux que j’ai faits pour revoir ses beaux yeux,
    Rendant par mes soupirs ma douleur reconnue,
    Ont eu grâce des cieux.
     
    Mais, dès que les fêtes furent terminées, Condé repartit avec Charlotte pour son château de Muret, près de

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