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Dans l'intimité des reines et des favorites

Dans l'intimité des reines et des favorites

Titel: Dans l'intimité des reines et des favorites Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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instants, les gens de l’escorte se poussèrent du coude en considérant le visage décomposé de Marguerite [172] . Puis un enfant s’approcha respectueusement et fit une révérence.
    — Qui est ce gracieux seigneur ? demanda la reine, ravie de cette diversion.
    On lui apprit que c’était le jeune duc de Vendôme, fils que le roi avait eu de Gabrielle d’Estrées…
    Jugeant prudent de ne plus poser de question, elle entra dans sa nouvelle demeure.
     
    Le 26 juillet, Henri  IV vint la visiter. Sans doute eut-il quelque peine à la reconnaître, car l’adorable Margot au corps svelte et flexible était devenue une énorme dame. Tallemant des Réaux nous la décrit ainsi : « Elle était horriblement grosse. Il y avait des portes où elle ne pouvait passer. Elle était coiffée de cheveux blonds, d’un blond de filasse blanchie sur l’herbe ; elle avait été chauve de bonne heure. Pour cela, elle avait de grands valets de pieds blonds que l’on tondait de temps en temps. » Et il ajoute : « Elle avait toujours de ces cheveux-là dans sa poche, de peur d’en manquer… »
    Le roi lui baisa les mains, l’appela « ma sœur », et demeura trois heures près d’elle.
    Le lendemain, Marguerite alla saluer Marie de Médicis. En traversant Paris, elle fut acclamée par le peuple qui était bien content de la revoir. Pourtant son nouvel aspect surprit. Les vieux la trouvaient changée et hochaient la tête ; quant aux jeunes, qui avaient entendu sur Margot tant d’histoires galantes, ils considéraient avec étonnement cette énorme quinquagénaire « dont les gros seins parfois s’échappaient du décolleté » à la faveur d’un cahot…
    Au Louvre, le roi la reçut avec cérémonie et gourmanda Marie de Médicis qui ne s’était pas avancée au-delà du grand escalier.
    — Ma sœur, dit-il à Marguerite, mon affection n’a jamais été séparée de vous. Vous êtes maintenant dans cette maison où vous avez toute puissance comme en toutes les autres où la mienne s’étend.
    Elle demeura au palais pendant plusieurs jours et chacun lui fit fête, sauf, bien entendu, la marquise de Verneuil qui, toujours venimeuse, dit en souriant à Henri  IV  :
    — Dieu fit un aussi grand miracle en vous, quand il vous tira du ventre de la reine Marguerite, que lorsqu’il retira Jonas du ventre de la baleine !
    Ce qui était drôle, sans doute, mais d’un assez mauvais goût.
    Enfin on présenta le dauphin à la bonne reine Margot.
    — Soyez la bienvenue, maman-fille [173] , lui dit-il, et il l’embrassa.
    La reine, qui avait jadis abandonné les enfants qu’elle s’était fait faire par Champvallon et par le jeune Aubiac, pensa qu’elle avait été privée de bien des joies et versa une larme.
    Le lendemain elle apporta un jouet au dauphin, un jouet singulier d’ailleurs pour un enfant de quatre ans, puisqu’il s’agissait d’un petit Cupidon qui, nous dit un chroniqueur, « pouvait, au moyen de fils, agiter ses ailes et sa virilité »…
     
    À la fin du mois d’août, Marguerite quitta le château de Madrid et vint s’installer à l’hôtel de Sens, rue du Figuier, au coin de la rue de la Mortellerie [174] .
    Cette maison appartenait à l’archevêque Renaud de Beaune ; ce qui inspira à un passant le quatrain suivant, que la reine eut la désagréable surprise de trouver un matin, écrit sur sa porte :
     
    Comme reine tu devrais être
    Dedans ta royale maison :
    Comme putain c’est bien raison
    Que tu loges au logis d’un prêtre [175] .
     
    Poème qui n’était gentil pour personne.
    Au bout de quelques jours, le bruit courut Paris qu’un jeune homme vivait avec la reine Margot. C’était vrai. Après s’être contrainte pendant six semaines à une dure chasteté pour ne point effaroucher la cour, elle avait fait venir d’Usson un petit valet de vingt ans, nommé Déat de Saint-Julien.
    « À son arrivée, nous dit l’auteur du Divorce satyrique , pour lui faire payer la chôme, ils demeuraient souvent ensemble, enfermés dans un cabinet, des sept et huit jours entiers, avec leurs habits de nuit, sans se laisser voir qu’à M me  de Châtillon, qui cependant rongeait son frein à leur porte et aidait seule à tenir secret ce que tout le monde savait assez. »
    Margot adorait ce jouvenceau qui, peu regardant comme bien des jeunes gens, « saoulait de caresses sa chair vieillissante » et y prenait plaisir.
    Hélas ! un autre page, Vermont,

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