Dans l'intimité des reines et des favorites
avale (rabat) ses bas de chausses, disant :
— Voyez la belle jambe.
M lle de Ventelet lui hausse le bas et l’attachait d’un ruban bleu à son cotillon ; il voit que le ruban tournait un peu sur le derrière ; il se prend à dire en souriant :
— Oh ! ho ! je pense vous voulez fai mon cu chevalier.
8 juin. Labarge lui dit qu’il est M. le dauphin, il lui répond :
— Vous êtes dauphin de mede…
21 juin. À six heures soupé ; sa nourrice lui demande s’il veut téter et lui présente le téton ; il lui tourne le dos, lui disant froidement :
— Faites téter mon cu…
Ce qui prouve qu’il avait adopté très tôt le langage assez vif des gens de la cour !
On pourrait même croire, en lisant certaines pages de Héroard, que le dauphin, malgré son jeune âge, était déjà tourmenté par ce qui préoccupait tant son père.
Voici quelques-unes des notations ébouriffantes du médecin royal :
15 septembre 1602. À huit heures, le page de M. de Longueville arrive pour savoir de ses nouvelles. Ayant parlé de Mme de Montglat et s’en retournant, le dauphin l’appelle d’un « Hé ! » et se retrousse, lui montrant sa guillery [202] .
16 septembre. Il montre sa guillery à M. d’Elbenne.
23 septembre. Fort gai, émerilloné, il fait baiser à chacun sa guillery.
27 septembre. Il se joue à sa guillery, repousse son ventre en dedans, qui l’empêchait de la voir.
30 septembre. À douze heures un quart, le sieur de Bonières et sa fille, jeune. Il lui a fort ri, se retrousse, lui montre sa guillery, mais surtout à sa fille ; car alors la tenant et riant son petit rire, il s’ébranlait tout le corps. On eût dit qu’il y entendait finesse. À douze heures et demie, le baron de Prunay ; il y avait en sa compagnie une petite demoiselle ; il a retroussé sa cotte, lui a montré sa guillery avec tant d’ardeur qu’il en était hors de soi. Il se couchait à la renverse pour la lui montrer.
8 juin 1604. Levé, il ne veut point prendre sa chemise et dit :
— Point ma chemise ; je veux donner premièrement du lait de ma guillery.
L’on tend la main, il fait comme s’il en tirait ; et de sa bouche fait « fsss, fsss », en donne à tous, puis se laisse donner sa chemise.
16 août. Éveillé à huit heures, il appelle M lle Bethouzay et lui dit :
— Zezai, ma guillery fait le pont-levis, le vela levé, le vela baissé.
C’est qu’il la levait et la baissait…
Petit jeu innocent qui devait bientôt tourner à la manie, ainsi qu’on va le voir :
25 octobre. Il va chez Madame, où il s’amuse à un petit lit de velours que, le jour précédent, on avait donné à Madame, où il y avait un Holopherne sans tête et la tête à part, et une Judith.
Il demande :
— Où est la femme ?
On lui dit :
— La voilà.
Il répond :
— Eh ! ne faut-il pas que la femme soit sous l’homme.
… Il avait trois ans !
À ce moment, on envisageait déjà de le marier à l’infante d’Espagne, seul moyen à la disposition des diplomates pour faire la paix entre les deux pays.
Voici à quelles plaisanteries ce projet donnait lieu :
4 avril 1605. M. Ventelet lui demande :
— Monsieur, n’aimez-vous pas les Espagnols ?
Il répond :
— Non.
— Pourquoi, Monsieur ?
— Pour ce qu’ils sont ennemis de papa.
— Monsieur, aimez-vous bien l’infante ?
— Non.
— Monsieur, pourquoi ?
— Pour l’amour qu’elle est d’Espagne, je n’en veux point.
Je lui dis :
— Monsieur, elle vous fera roi d’Espagne, et vous la ferez reine de France.
Il répond en souriant, comme de chose où il eût pris plaisir :
— Elle couchera donc avec moi et je lui ferai un petit enfant.
— Monsieur, comment le ferez-vous ?
— Avec ma guillery, dit-il bas et avec honte.
— Monsieur, la baiserez-vous bien ?
— Oui, comme cela, dit-il en se jetant à corps perdu la face contre le traversin.
Un autre jour, comme on lui demandait de boire à la santé de l’infante, il répondit :
— Je m’en vas boire à ma maîtresse !…
Deux mois plus tard, le roi s’en mêla :
11 juin. Dîné avec la reine. Dépouillé et Madame aussi, ils sont mis nus dans le lit avec le roi, où ils se baisent, gazouillent et donnent beaucoup de plaisir au roi.
Le roi lui demande :
— Mon fils, où est le paquet de l’infante ?
Il le montre, disant :
— Il n’y
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